Sur le vif

Incendies de mosquées : de neuf à cinq ans de prison requis

| Vendredi 8 Décembre 2006 à 09:29



Jeudi, l'avocat général a demandé à la cour d'assises de Haute-Savoie d'envoyer « un signal fort à tous les îlots d'intolérance » en condamnant à des peines allant jusqu'à neuf ans de prison les incendiaires des lieux de culte musulmans d'Annecy et Seynod en mars 2004.

« Ne laissez pas les petits ruisseaux de haine devenir des coulées de lave qui emporteraient les valeurs de la démocratie », a lancé Hervé Lhomme aux jurés.

M. Lhomme s'est montré le plus sévère à l'encontre de Michel Guégan, 25 ans, devenu SDF après avoir été militaire au 27e bataillon des chasseurs alpins (BCA), et qu'il a qualifié d'« idéologue du groupe ».

Outre les neuf ans de prison, il a requis contre lui dix ans d'interdiction de droits civiques, civils et familiaux et dix ans d'interdiction de droit de séjour en Haute-Savoie.

Michel Guégan, qui répondait au « doux surnom de SS », est « une bombe à retardement », a estimé M. Lhomme, après avoir rappelé qu'il possédait des croix gammées, des CD de chants nazis et des affiches de l'armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale.

A l'audience, M. Guégan a nié être fasciste ou nazi, se disant juste « fasciné par la puissance militaire allemande ». Pour l'avocat général, il s'agit d'« un opportunisme basé sur la proximité de la sentence ».

M. Lhomme a ensuite demandé sept ans d'emprisonnement contre Nicolas Paz, 29 ans, ancien hooligan dans les tribunes du Paris-Saint-Germain, qui « porte cette violence en lui depuis tout jeune, puisqu'à huit ans, il a essayé d'étrangler sa mère ».

Pour l'avocat général, M. Paz est « un opportuniste (...) raciste devant ses copains, victime devant ses juges ». Il a requis cinq ans de prison contre A. S., 24 ans, alors caporal au 27e BCA, qui a, selon lui, « joué un rôle de maître d'œuvre déterminant », même s'il « refuse d'assumer ses actes ». Mercredi, celui-ci avait assuré avoir été « intoxiqué » par un « bourrage de crâne patriotique à l'armée » et avoir été influencé par les médias et leur couverture de l'Irak ou des attentats terroristes dans le monde.

Au sujet de Damien Gallaud, 25 ans, proche ami de M. Paz, l'avocat général a reconnu que sa personnalité différait des trois autres, qu'il s'agissait d'un « immature béat ». Toutefois, il l'a considéré comme un « suiveur consentant » et a demandé un an de prison, temps déjà passé en détention provisoire.

M. Lhomme a enfin demandé des peines de huit mois de prison avec sursis et 5.000 euros d'amendes à l'encontre des trois personnes accusées de ne pas avoir dénoncé les faits. « Par leur silence, ils ont sous-entendu leur accord tacite à cet acte raciste », a-t-il estimé.

Le procès se poursuivait jeudi après-midi avec les plaidoiries de la défense. Verdict attendu vendredi.