Sur le vif

Inde : la politique du « bulldozer » appliquée contre des activistes musulmans

Rédigé par Lionel Lemonier | Vendredi 17 Juin 2022 à 11:50



Yogi Adityanath, ministre en chef de l’Uttar Pradesh, gouverné par le parti Bharatiya Janata (BJP) au pouvoir, a ordonné le week-end des 11 et 12 juin, que soient démolis un certain nombre de maisons appartenant à des personnes accusées d’être impliqués dans les émeutes des derniers jours. Selon Reuters, la maison d’un « organisateur reconnu des émeutes » dont la fille est une militante des droits des musulmans a été démolie dimanche 12 juin au moyen d'un bulldozer et de marteaux piqueurs, en présence de nombreuses forces de police. Les maisons de deux autres personnes accusées d’avoir lancé des cailloux après la prière du vendredi ont également été démolies.

Fin mai, des propos jugés offensants envers le Prophète Muhammad ont été tenus par Nupur Sharma, la porte-parole du gouvernement indien. Les protestations officielles des pays musulmans et la condamnation de l’Organisation de coopération islamique (OCI) qui ont suivi n’ont pas été les seules conséquences. En Inde, les excuses de Nupur Sharma et sa suspension de ses fonctions officielles n’ont pas suffit à éteindre l’incendie.

Des appels à manifester ont été lancés par plusieurs organisations musulmanes et les manifestations qui ont suivi se sont, pour certaines, terminés par des émeutes et des violences. Dans le Kashmir, la police a arrêté un jeune qui avait menacé dans une vidéo de couper la tête à l’ancienne porte-parole du parti au pouvoir. La vidéo qui circulait sur YouTube a été supprimée par les autorités.

De nombreux musulmans ont battu le pavé à travers toute l’Inde ces dernières semaines pour protester contre les commentaires désobligeants envers l’islam, proférés par deux membres du parti Bharatiya Janata (BJP), la formation ultranationaliste de Narendra Modi. Après avoir suspendu sa porte-parole Nupur Shama, le BJP a également écarté Naveen Kumar, un autre de ses dirigeants, pour des propos antimusulmans. Une décision sans doute suscitée par la réaction virulente de plusieurs pays musulmans. La police a même ouvert un dossier sur les deux personnes et le gouvernement a déclaré que leurs commentaires n’étaient pas conformes à sa position. Du moins officiellement.

Des organisations musulmanes ont demandé leur arrestation tandis que des groupes radicaux hindouistes les ont qualifiés de politiciens courageux. Des heurts entre musulmans et hindouistes sont survenus et, à plusieurs occasions, entre des manifestants et la police. La police de l’Uttar Pradesh a arrêté plus de 300 personnes liées aux troubles.

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