Anouar Kbibech est président du Rassemblement des musulmans de France (RMF) et secrétaire général du CFCM.
Au cours des derniers mois, l’islam et les musulmans de France se sont retrouvés de plus en plus dans l’« œil du cyclone » !
Tout d’abord, il y a eu le débat sur le « voile intégral » lancé en mai 2009. L’emballement médiatique qui s’est ensuivi et la tournure prise par le débat ont donné lieu à des amalgames qui ont stigmatisé toute une religion.
Puis est venu le débat sur l’« identité nationale » lancé en novembre 2009. Ce débat se voulait digne, noble et serein sur les valeurs qui unissaient les Français et qui forgeaient leur destin commun. Malheureusement, il s’est peu à peu focalisé sur la question de l’immigration dans la société française pour se cristalliser sur celle de l’islam et des musulmans dans l’identité française.
Enfin, pour couronner le tout, il y a eu cette polémique sur les « Quick halal » ainsi que l’affaire de la « candidate voilée » aux dernières élections régionales.
Il est incontestable que certains « dérapages » ont pu être commis ici ou là dans le cadre de ces différents débats. Cependant, personne ne peut ignorer l'élan de solidarité fraternelle qui s'est manifesté à l'égard des musulmans de France par de nombreux concitoyens, au-delà de leur appartenance politique ou de leur conviction religieuse.
Ces péripéties ont toutefois été « le révélateur » d’un malaise plus profond, le « thermomètre » qui mesure une certaine poussée de fièvre… et ce n’est pas en cassant le thermomètre que nous ferons baisser la température !
Le Rassemblement des musulmans de France formule le vœu que cette année 2010, malgré ses débuts houleux, marque enfin le retour à la sérénité et à la lucidité quant à la place de l’islam et des musulmans dans les sociétés européennes en général... et dans la société française en particulier.
Tout d’abord, il y a eu le débat sur le « voile intégral » lancé en mai 2009. L’emballement médiatique qui s’est ensuivi et la tournure prise par le débat ont donné lieu à des amalgames qui ont stigmatisé toute une religion.
Puis est venu le débat sur l’« identité nationale » lancé en novembre 2009. Ce débat se voulait digne, noble et serein sur les valeurs qui unissaient les Français et qui forgeaient leur destin commun. Malheureusement, il s’est peu à peu focalisé sur la question de l’immigration dans la société française pour se cristalliser sur celle de l’islam et des musulmans dans l’identité française.
Enfin, pour couronner le tout, il y a eu cette polémique sur les « Quick halal » ainsi que l’affaire de la « candidate voilée » aux dernières élections régionales.
Il est incontestable que certains « dérapages » ont pu être commis ici ou là dans le cadre de ces différents débats. Cependant, personne ne peut ignorer l'élan de solidarité fraternelle qui s'est manifesté à l'égard des musulmans de France par de nombreux concitoyens, au-delà de leur appartenance politique ou de leur conviction religieuse.
Ces péripéties ont toutefois été « le révélateur » d’un malaise plus profond, le « thermomètre » qui mesure une certaine poussée de fièvre… et ce n’est pas en cassant le thermomètre que nous ferons baisser la température !
Le Rassemblement des musulmans de France formule le vœu que cette année 2010, malgré ses débuts houleux, marque enfin le retour à la sérénité et à la lucidité quant à la place de l’islam et des musulmans dans les sociétés européennes en général... et dans la société française en particulier.
Vers un regard positif, serein et lucide sur la place de l’islam
Tout le monde s’accorde sur la prédominance de la tradition judéo-chrétienne en France. Mais tout le monde reconnaît également que le principe de la laïcité fait de la France une République totalement neutre envers les religions et entièrement indépendante de toute conception théologique. La France assure donc à tous les citoyens la liberté de croire ou de ne pas croire, de pratiquer ou de ne pas pratiquer une religion.
Par ailleurs, l’apport de nos concitoyens de confession musulmane se confirme de jour en jour. Cette contribution positive s'illustre à plusieurs niveaux et dans plusieurs domaines : économique, politique, scientifique, culturel, sportif, artistique…
Ne faudrait-il pas reconnaître enfin l’apport positif de l’islam et des musulmans à la France ? Malgré les turbulences, la France des droits de l’homme ne peut se renier ! Plus que jamais, la devise de la République doit rester « Liberté, Egalité, Fraternité » :
− liberté de croyance pour tous les citoyens ;
− égalité entre tous les citoyens, au-delà de leur origine ou de leur religion ;
− fraternité entre les différentes composantes de la communauté nationale, y compris pour sa composante musulmane.
Les musulmans de France n’aspirent qu’à vivre sereinement et paisiblement leur spiritualité, en évitant toute provocation et en refusant toute stigmatisation.
Les musulmans sont en droit d'exiger la reconnaissance et le respect de la mémoire de leurs coreligionnaires tombés sur le champ d’honneur pour que la France soit libre et le demeure.
Ils sont en droit d’exiger la reconnaissance de leur contribution citoyenne, par leur travail et leurs sacrifices, comme tous les autres citoyens, à la construction et à la prospérité de leur pays.
Ils sont en droit de revendiquer que leur citoyenneté ne puisse être assimilée à une citoyenneté de second plan ni faire l'objet d'une quelconque remise en cause.
Par ailleurs, l’apport de nos concitoyens de confession musulmane se confirme de jour en jour. Cette contribution positive s'illustre à plusieurs niveaux et dans plusieurs domaines : économique, politique, scientifique, culturel, sportif, artistique…
Ne faudrait-il pas reconnaître enfin l’apport positif de l’islam et des musulmans à la France ? Malgré les turbulences, la France des droits de l’homme ne peut se renier ! Plus que jamais, la devise de la République doit rester « Liberté, Egalité, Fraternité » :
− liberté de croyance pour tous les citoyens ;
− égalité entre tous les citoyens, au-delà de leur origine ou de leur religion ;
− fraternité entre les différentes composantes de la communauté nationale, y compris pour sa composante musulmane.
Les musulmans de France n’aspirent qu’à vivre sereinement et paisiblement leur spiritualité, en évitant toute provocation et en refusant toute stigmatisation.
Les musulmans sont en droit d'exiger la reconnaissance et le respect de la mémoire de leurs coreligionnaires tombés sur le champ d’honneur pour que la France soit libre et le demeure.
Ils sont en droit d’exiger la reconnaissance de leur contribution citoyenne, par leur travail et leurs sacrifices, comme tous les autres citoyens, à la construction et à la prospérité de leur pays.
Ils sont en droit de revendiquer que leur citoyenneté ne puisse être assimilée à une citoyenneté de second plan ni faire l'objet d'une quelconque remise en cause.
De la victimisation à l’autocritique constructive
Concernant les musulmans eux-mêmes, et à travers les péripéties des débats actuels, il y a tout de même une question qui devrait nous interpeller en tant que musulmans ! Comme l’a souligné le président de la République dans une tribune publiée dans Le Monde : « Pourquoi en Suisse, pays qui a une longue tradition d’ouverture, d’hospitalité, de tolérance, un tel rejet peut-il s’exprimer avec tant de force ? »
La même question pourrait être transposée pour la France : « Pourquoi en France, pays qui a une longue tradition d’intégration, d’hospitalité, de tolérance, de telles peurs peuvent-elles s’exprimer avec tant d’inquiétude ?» La réponse doit peut-être venir également des musulmans eux-mêmes !
En effet, ceux-ci assurent-ils une cohérence entre leurs actes et leurs paroles ? Sont-ils à la hauteur des valeurs et de l’éthique qu’ils portent et qu’ils défendent ?
Au-delà des clichés et des préjugés que certains médias malintentionnés peuvent colporter, au-delà des attaques et des campagnes que certains milieux islamophobes peuvent développer, les musulmans ne peuvent rester insensibles aux peurs et aux inquiétudes exprimés dans les débats actuels par certains de leurs concitoyens. Les musulmans doivent s’interroger sur l’image qu’ils projettent dans la société !
En définitive, les musulmans ne peuvent se dédouaner de leur propre part de responsabilité dans l'existence et le développement de ces sentiments, même si ceux-ci sont souvent irrationnels. Les musulmans ont besoin d’une revivification de leur religion et de la réforme de leur pratique !
Certes, ce renouveau ne peut concerner les principes immuables de l'islam. En revanche, il peut concerner les aspects qui se prêtent à l'effort intellectuel (ijtihad) pour répondre aux variations et au changement de l'environnement. Cet effort correspond à une action de contextualisation dans le temps et dans l'espace, pour le respect de l’esprit de la religion et l'ajustement de son application dans une société et une réalité en perpétuel développement et transformation.
Les musulmans ont également besoin d’ouverture ! Ils ont besoin de s'ouvrir à la société dans laquelle ils vivent ainsi qu'à toutes ses composantes religieuses, culturelles, syndicales, politiques, etc. Ils doivent également s’ouvrir à leurs collègues de travail et à leurs voisins dans leur quartier, dans leur entreprise, dans leur école, etc.
Une telle ouverture à l’autre ne peut avoir que des retombées positives pour tout le monde.
La même question pourrait être transposée pour la France : « Pourquoi en France, pays qui a une longue tradition d’intégration, d’hospitalité, de tolérance, de telles peurs peuvent-elles s’exprimer avec tant d’inquiétude ?» La réponse doit peut-être venir également des musulmans eux-mêmes !
En effet, ceux-ci assurent-ils une cohérence entre leurs actes et leurs paroles ? Sont-ils à la hauteur des valeurs et de l’éthique qu’ils portent et qu’ils défendent ?
Au-delà des clichés et des préjugés que certains médias malintentionnés peuvent colporter, au-delà des attaques et des campagnes que certains milieux islamophobes peuvent développer, les musulmans ne peuvent rester insensibles aux peurs et aux inquiétudes exprimés dans les débats actuels par certains de leurs concitoyens. Les musulmans doivent s’interroger sur l’image qu’ils projettent dans la société !
En définitive, les musulmans ne peuvent se dédouaner de leur propre part de responsabilité dans l'existence et le développement de ces sentiments, même si ceux-ci sont souvent irrationnels. Les musulmans ont besoin d’une revivification de leur religion et de la réforme de leur pratique !
Certes, ce renouveau ne peut concerner les principes immuables de l'islam. En revanche, il peut concerner les aspects qui se prêtent à l'effort intellectuel (ijtihad) pour répondre aux variations et au changement de l'environnement. Cet effort correspond à une action de contextualisation dans le temps et dans l'espace, pour le respect de l’esprit de la religion et l'ajustement de son application dans une société et une réalité en perpétuel développement et transformation.
Les musulmans ont également besoin d’ouverture ! Ils ont besoin de s'ouvrir à la société dans laquelle ils vivent ainsi qu'à toutes ses composantes religieuses, culturelles, syndicales, politiques, etc. Ils doivent également s’ouvrir à leurs collègues de travail et à leurs voisins dans leur quartier, dans leur entreprise, dans leur école, etc.
Une telle ouverture à l’autre ne peut avoir que des retombées positives pour tout le monde.
Epilogue
Prenons conscience de part et d’autre ! Que chacun contribue à faire tomber les murs et les barrières, à apaiser les peurs et les angoisses. Que chacun donne tous leurs sens aux valeurs de respect et de fraternité.
Il y va du maintien de la cohésion nationale et de la concrétisation du « vivre-ensemble » auxquels tout le monde aspire dans ce beau pays qu’est la France.
* Anouar Kbibech est président du Rassemblement des musulmans de France (RMF) et secrétaire général du Conseil français du culte musulman (CFCM).
Il y va du maintien de la cohésion nationale et de la concrétisation du « vivre-ensemble » auxquels tout le monde aspire dans ce beau pays qu’est la France.
* Anouar Kbibech est président du Rassemblement des musulmans de France (RMF) et secrétaire général du Conseil français du culte musulman (CFCM).