La recrudescence d’actes et de paroles racistes, les discriminations et attaques contre les musulmans créent – comme chacun sait – une diversion pour éviter d’affronter les vraies causes d’un profond malaise qui traverse la société. Nous, les musulmans, refusons d’être l’objet de cette diversion ; nous le dénonçons fermement, quand bien même nous utilisons le même stratagème !
En effet, plus nous dénonçons la discrimination commise à notre encontre, moins nous discutons de la discrimination qui se perpétue au sein de la communauté. Plus nous mettons toutes nos énergies à faire tolérer l’islam dans la société globale, moins nous évoquons les problèmes qui minent les communautés musulmanes.
Cela fait trop longtemps que nous taisons l’existence d’un profond racisme au sein de la communauté. Nous le nions en agitant la « carte Bilal », en référence à l’ancien esclave Noir, premier muezzin au temps du Prophète, dès que le sujet est susurré.
En effet, plus nous dénonçons la discrimination commise à notre encontre, moins nous discutons de la discrimination qui se perpétue au sein de la communauté. Plus nous mettons toutes nos énergies à faire tolérer l’islam dans la société globale, moins nous évoquons les problèmes qui minent les communautés musulmanes.
Cela fait trop longtemps que nous taisons l’existence d’un profond racisme au sein de la communauté. Nous le nions en agitant la « carte Bilal », en référence à l’ancien esclave Noir, premier muezzin au temps du Prophète, dès que le sujet est susurré.
Nul besoin d’être musulman-e pour être « quelqu’un de bien »
Bien sûr, le racisme est à l’opposé de la conception islamique qui prône l’égalité des êtres humains. Néanmoins, cette tare est sans doute l’une des causes de la crise que connaissent pratiquement toutes les communautés musulmanes d’Occident : la crise du mariage. Des jeunes hommes et des jeunes femmes trentenaire ou plus sont célibataires.
Un grand nombre de femmes, surtout, peine à trouver un époux. Beaucoup ont passé la quarantaine. Quelle place pour une femme non mariée dans la communauté musulmane ? N’y a-t-elle pas sa place ?
Les plus jeunes l’ont compris : pas question de passer à côté d’une vie de couple, d’une éventuelle vie de famille, de ne pas combler cette autre moitié de la foi dont on nous répète qu’elle serait incomplète si l’on n’est pas marié-e, selon un hadith.
Nous sommes tous d’accord : nul besoin d’être musulman-e pour être « quelqu’un de bien ». Alors des jeunes femmes ont choisi cette voie : épouser un non-musulman. Elles n’entendent pas renoncer à leur foi ni à la pratique de leur religion, l’islam. Cela ne va pas sans difficultés avec les célébrations religieuses, les imams n’acceptant pas d’officialiser ces unions à moins d’une conversion du fiancé. Ces unions ne sont plus isolées, elles suscitent des controverses et, par conséquent, engendrent beaucoup de souffrances.
Un grand nombre de femmes, surtout, peine à trouver un époux. Beaucoup ont passé la quarantaine. Quelle place pour une femme non mariée dans la communauté musulmane ? N’y a-t-elle pas sa place ?
Les plus jeunes l’ont compris : pas question de passer à côté d’une vie de couple, d’une éventuelle vie de famille, de ne pas combler cette autre moitié de la foi dont on nous répète qu’elle serait incomplète si l’on n’est pas marié-e, selon un hadith.
Nous sommes tous d’accord : nul besoin d’être musulman-e pour être « quelqu’un de bien ». Alors des jeunes femmes ont choisi cette voie : épouser un non-musulman. Elles n’entendent pas renoncer à leur foi ni à la pratique de leur religion, l’islam. Cela ne va pas sans difficultés avec les célébrations religieuses, les imams n’acceptant pas d’officialiser ces unions à moins d’une conversion du fiancé. Ces unions ne sont plus isolées, elles suscitent des controverses et, par conséquent, engendrent beaucoup de souffrances.
Débattre sur la place publique des sujets qui font mal
Ces mariages interreligieux nous poussent à la réflexion et nous renvoient donc à l’étude de nos sources, aux recherches entreprises sur le sujet. Cependant, ces réflexions ne devraient pas se limiter seulement à des discussions sur des forums Internet, elles devraient avoir lieu sur la place publique pour une plus grande exposition des avis divers et pluriels.
L’autre solution qui s’offre aux femmes afin de « compléter » leur foi, c’est de devenir coépouse. La polygamie, illégale en France, est toutefois pratiquée. Des sites musulmans en font pratiquement l’apologie, y mêlant témoignages de femmes épanouies avec cette arrangement et rappel de la vie du Prophète avec ses coépouses. Ces récits de « parfaite harmonie » omettent une réalité : la précarité dans laquelle se trouve la ou les coépouses sur le plan légal. En effet, en cas d’accident, de veuvage, de divorce, de maladie, légalement elle(s) n’existe(nt) pas. C’est une position encore plus fragile qu’une femme uniquement mariée religieusement se trouvant confrontée, par exemple, au divorce ou au droit de garde des enfants.
L’incertitude de cette position de coépouse n’est pas le seul problème à avancer : cette prétendue solution au grand nombre de femmes célibataires engendre finalement une autre complication puisque la situation problématique n’est pas un manque d’hommes. Qu’adviendra-t- il de ces jeunes hommes musulmans célibataires souhaitant épouser une femme musulmane ? Qu’adviennent aujourd’hui ceux dont la situation économique et sociale est précaire et qui ne font que repousser le mariage ? Comment vivent-ils la situation ?
L’autre solution qui s’offre aux femmes afin de « compléter » leur foi, c’est de devenir coépouse. La polygamie, illégale en France, est toutefois pratiquée. Des sites musulmans en font pratiquement l’apologie, y mêlant témoignages de femmes épanouies avec cette arrangement et rappel de la vie du Prophète avec ses coépouses. Ces récits de « parfaite harmonie » omettent une réalité : la précarité dans laquelle se trouve la ou les coépouses sur le plan légal. En effet, en cas d’accident, de veuvage, de divorce, de maladie, légalement elle(s) n’existe(nt) pas. C’est une position encore plus fragile qu’une femme uniquement mariée religieusement se trouvant confrontée, par exemple, au divorce ou au droit de garde des enfants.
L’incertitude de cette position de coépouse n’est pas le seul problème à avancer : cette prétendue solution au grand nombre de femmes célibataires engendre finalement une autre complication puisque la situation problématique n’est pas un manque d’hommes. Qu’adviendra-t- il de ces jeunes hommes musulmans célibataires souhaitant épouser une femme musulmane ? Qu’adviennent aujourd’hui ceux dont la situation économique et sociale est précaire et qui ne font que repousser le mariage ? Comment vivent-ils la situation ?
Affronter nos autres réalités
C’est vrai, actuellement, le climat est difficile pour nous, les musulmans, dans des sociétés où nous sommes en minorité. Pourtant, nous ne pouvons pas nous contenter des débats qu’on nous impose (sur l’apparence de la femme musulmane, par exemple). Nous ne pouvons plus nous permettre d’user toutes nos énergies à y répondre.
Nous devons lutter contre les discriminations et le racisme certes, c’est notre devoir de citoyens, de musulmans ; mais ne nous cachons plus derrière ces attaques contre la communauté pour éviter d’affronter nos autres réalités qui vont bien au-delà des questions liées au mariage rappelées ici.
Ces réalités sont parfois des souffrances, nos souffrances. Il est nécessaire d’en parler, en gardant en mémoire que nous sommes tous, hommes et femmes, des êtres humains, des créations du Divin.
Tutrice de français en Grande-Bretagne, Fatima Adamou est également researcher bénévole à l'association Christian Muslim Forum.
Nous devons lutter contre les discriminations et le racisme certes, c’est notre devoir de citoyens, de musulmans ; mais ne nous cachons plus derrière ces attaques contre la communauté pour éviter d’affronter nos autres réalités qui vont bien au-delà des questions liées au mariage rappelées ici.
Ces réalités sont parfois des souffrances, nos souffrances. Il est nécessaire d’en parler, en gardant en mémoire que nous sommes tous, hommes et femmes, des êtres humains, des créations du Divin.
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Le contrat du croyant
Apprendre la paix
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