Politique

Islam de France : qui est Mohammed Moussaoui, désigné président du CFCM ?

Rédigé par | Dimanche 19 Janvier 2020 à 18:20

Mohammed Moussaoui est loin d'etre un inconnu au Conseil français du culte musulman (CFCM). Après avoir présidé par deux fois aux destinées de l'instance, ce Franco-Marocain de 55 ans revient par la grande porte en obtenant, dimanche 19 janvier, la présidence du CFCM. Retour sur son parcours.



La composition du bureau national du CFCM est desormais connue et c'est Mohammed Moussaoui, 55 ans, qui a raflé la première présidence jusqu'en 2022.

Né en 1964 à Figuig, au sud-est du Maroc, Mohammed Moussaoui débarque à Montpellier en 1986 où il obtient en 1990 son doctorat et son agrégation de mathématiques après un parcours universitaire exemplaire au Maroc. Ce fils d'instituteur rejoint l'université d'Avignon en 1991 sur un poste d’attaché d’enseignement et de recherche, puis de maître de conférences en 1992. Il est habilité à diriger des recherches depuis mars 1998.

En parallèle, Mohammed Moussaoui a acquis une formation en théologie et sciences islamiques au Maroc, lui permettant d'assurer, depuis une vingtaine d'années, les prêches du vendredi dans plusieurs mosquées de France.

Ancien vice-président du Rassemblement des musulmans de France (RMF), créé en 2006 après avoir fait scission avec le FNMF, Mohammed Moussaoui, fort de sa stature d'homme de concensus, accède à la présidence du CFCM en 2008, avant d'être réélu à son poste en 2011.

L'universitaire est décoré de la Légion d'honneur en 2012 par Nicolas Sarkozy, qui avait salué un représentant d'un « islam de France ancré dans la société, respectueux de nos usages et de nos lois, respecté par tous les Français », qui a su « conjuguer cet amour du savoir avec une foi profonde, à l’image de cette longue tradition d’intellectuels musulmans, à l’image d’Averroès, qui étaient à la fois de grands scientifiques et de grands théologiens ».

Un tournant signé en 2013

Après sa séparation du RMF, présidé par Anouar Kbibech, Mohammed Moussaoui crée l'Union des mosquées de France (UMF) en 2013, sans jamais se départir des liens étroits qu'il a tissés avec le Maroc.

Réélu à la tête de sa fédération en 2017, il est monté ces derniers mois au front pour dénoncer publiquement le projet de réforme du CFCM, qui avait alors abouti à une adoption des statuts en avril 2019.

Partisan actif de la départementalisation du culte musulman, il impulse la création, en juin 2019, d'un Conseil départemental du culte musulman (CDCM) dans sa région, le Vaucluse.

Une force devenue incontournable au CFCM

Malgré son opposition frontale au CFCM, comme en témoigne cette tribune signée par plusieurs grandes mosquées, Mohammed Moussaoui, fort du soutien avec Rabat, refuse d'adopter la politique de la chaise vide et engage sa fédération dans les élections de l'instance musulmane en novembre 2019.

L'UMF, sans aucun membre cooptés dans ses rangs, parvient à se hisser en tête du scrutin, jusqu'à aujourd'hui s'imposer comme une force incontournable au CFCM. Il a désormais la lourde tâche d'engager le CFCM sur la voie d'une réforme en profondeur de l'institution. Il devra composer, pour cela, avec les sensibilités des autres fédérations. Le défi est grand : l'avenir du CFCM en dépend.

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur