Il ne fait pas bon pour les femmes musulmanes de porter le voile à l’aéroport de Nantes-Atlantique. Depuis une dizaine de jours, la société prestataire de sûreté aéroportuaire SGA (Sécurité Générale Aéroportuaire) imposait le dévoilement des femmes voilées avant de passer les portiques de sécurité sous peine de rater leurs vols, rapporte le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Les passagères, qui se présentaient à l’embarquement, se voyaient dans l’obligation de retirer leur hijab dans le cadre d'une procédure de contrôle de sécurité. Les agents de SGA avaient recours au renfort de la police si celles-ci rechignaient à l’enlever.
« Garantir la sécurité de tous est évidemment le but premier des contrôles à l’embarquement. Or, il est toujours possible de trouver une solution raisonnable afin de préserver la dignité de chacun. Mais à l’aéroport de Nantes-Atlantique, alors que les passagères voilées proposaient même l’alternative d’une palpation ou d’une inspection dans une pièce séparée, tout arrangement était systématiquement refusé, sous peine de rater leur avion », explique le CCIF.
L'association rapporte ainsi deux cas. Une passagère, qui venait de subir une chimiothérapie, « s’est retrouvée la tête chauve devant tous les autres voyageurs, attirant l’attention sur elle ». « Une autre qui prenait un vol pour aller inhumer son fils de deux ans au Maroc a subi un second choc et une humiliation alors qu’elle avait besoin de réconfort et d’attention face à cette épreuve. Ces agents de sûreté n’auraient-ils pas pu faire preuve de davantage de sollicitude au lieu d’appliquer littéralement une mesure facultative, brutale et déstabilisante ? », fustige le CCIF.
Pour justifier l'obligation faite aux femmes de retirer leur voile, les agents de sécurité disaient s'appuyer sur le règlement européen n° 185/2010, appendice 4-A relative aux dispositions applicables aux palpations. Après recherches, Saphirnews a constaté l'existence de ce règlement que voici mais les dispositions exactes de la procédure n'y figurent pas. « Les dispositions détaillées concernant les palpations sont fixées dans une décision distincte de la Commission », lit-on. Les agents de sécurité ont toutefois présenté un document plus détaillé aux femmes qui refusaient de retirer leur voile, dans lequel est proposé l'examen visuel des cheveux [voir image plus bas].
Force est de constater que le règlement sur lequel SGA s'appuie a été fixé en mars 2010 et aucun problème de sécurité mettant en cause une femme voilée n'avait, jusqu'à la mise en place récente de la mesure, été signalé à l'aéroport de Nantes. De plus, rien dans le texte ne stipule que le contrôle visuel des cheveux doit se faire aux yeux de tous dans l'aéroport. Les arguments utilisés pour soutenir une décision aussi soudaine paraissent bien maigres. Les agents aéroportuaires ont d'ailleurs affirmé, mardi 26 juin, avoir mis fin à cette pratique.
« Garantir la sécurité de tous est évidemment le but premier des contrôles à l’embarquement. Or, il est toujours possible de trouver une solution raisonnable afin de préserver la dignité de chacun. Mais à l’aéroport de Nantes-Atlantique, alors que les passagères voilées proposaient même l’alternative d’une palpation ou d’une inspection dans une pièce séparée, tout arrangement était systématiquement refusé, sous peine de rater leur avion », explique le CCIF.
L'association rapporte ainsi deux cas. Une passagère, qui venait de subir une chimiothérapie, « s’est retrouvée la tête chauve devant tous les autres voyageurs, attirant l’attention sur elle ». « Une autre qui prenait un vol pour aller inhumer son fils de deux ans au Maroc a subi un second choc et une humiliation alors qu’elle avait besoin de réconfort et d’attention face à cette épreuve. Ces agents de sûreté n’auraient-ils pas pu faire preuve de davantage de sollicitude au lieu d’appliquer littéralement une mesure facultative, brutale et déstabilisante ? », fustige le CCIF.
Pour justifier l'obligation faite aux femmes de retirer leur voile, les agents de sécurité disaient s'appuyer sur le règlement européen n° 185/2010, appendice 4-A relative aux dispositions applicables aux palpations. Après recherches, Saphirnews a constaté l'existence de ce règlement que voici mais les dispositions exactes de la procédure n'y figurent pas. « Les dispositions détaillées concernant les palpations sont fixées dans une décision distincte de la Commission », lit-on. Les agents de sécurité ont toutefois présenté un document plus détaillé aux femmes qui refusaient de retirer leur voile, dans lequel est proposé l'examen visuel des cheveux [voir image plus bas].
Force est de constater que le règlement sur lequel SGA s'appuie a été fixé en mars 2010 et aucun problème de sécurité mettant en cause une femme voilée n'avait, jusqu'à la mise en place récente de la mesure, été signalé à l'aéroport de Nantes. De plus, rien dans le texte ne stipule que le contrôle visuel des cheveux doit se faire aux yeux de tous dans l'aéroport. Les arguments utilisés pour soutenir une décision aussi soudaine paraissent bien maigres. Les agents aéroportuaires ont d'ailleurs affirmé, mardi 26 juin, avoir mis fin à cette pratique.
Le ministère de l'Intérieur se manifeste auprès du CFCM
Le document montré par les agents de sécurité pour se justifier de leur décision.
Outre le CCIF, l’information n’a en effet pas tardé à remonter auprès du collectif des associations musulmanes de Nantes et du Pays de Loire, qui s’est mobilisé pour dénoncer cette pratique jugée offensante et humiliante pour les femmes musulmanes. Alerté par ce scandale, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a « demandé au ministère de l’Intérieur de diligenter une enquête pour faire toute la lumière sur ces agissements qui ont choqué les femmes concernées, donnant lieu à des situations humiliantes pour certaines », selon un communiqué publié mardi 26 juin.
Devant pareil cas, le ministère de l’Intérieur a estimé que la « procédure de contrôle de sécurité invitant les passagers à ôter certains de leurs vêtements a pu être mal appliquée et donné lieu éventuellement à des situations non conformes au principe du respect de la personne ».
« Des nouvelles instructions ont été adressées par le ministère de l’Intérieur pour rappeler que l’équilibre entre les exigences de sécurité et le respect de la dignité et des convictions du passager doit être strictement observé », fait savoir le CFCM, qui assure que toute « invitation à enlever le foulard peut être refusée par la personne concernée. Dans un tel cas, seule la procédure de fouille dans les conditions habituelles peut être exigée et il est naturellement du devoir de la personne concernée de s’y soumettre ».
Devant pareil cas, le ministère de l’Intérieur a estimé que la « procédure de contrôle de sécurité invitant les passagers à ôter certains de leurs vêtements a pu être mal appliquée et donné lieu éventuellement à des situations non conformes au principe du respect de la personne ».
« Des nouvelles instructions ont été adressées par le ministère de l’Intérieur pour rappeler que l’équilibre entre les exigences de sécurité et le respect de la dignité et des convictions du passager doit être strictement observé », fait savoir le CFCM, qui assure que toute « invitation à enlever le foulard peut être refusée par la personne concernée. Dans un tel cas, seule la procédure de fouille dans les conditions habituelles peut être exigée et il est naturellement du devoir de la personne concernée de s’y soumettre ».
Les musulmanes les plus vulnérables face à l'islamophobie
Le CFCM appelle les victimes d’un tel traitement, qu’elles jugent non respectueux de leur dignité ou de leurs convictions, à en informer l’instance qui les assure de son soutien auprès des autorités concernées. Face à la mobilisation, les agents de sécurité ont affirmé à des voyageurs, mardi 26 juin, avoir levé l'interdiction, selon les informations diffusées dans une page Facebook créée spécialement autour de cette affaire. Mais la vigilance reste de mise.
Selon le dernier rapport 2012 du CCIF paru en avril, les femmes restent les premières victimes des actes anti-musulmans en France. Sur les 298 actes recensés en 2011, 84,7 % ont visé des musulmanes.
Pire encore : 94 % des cas d’agressions physiques et verbales touchent les musulmanes dès lors qu'elles portent le voile. L'accès des femmes dans les espaces publics tend à se restreindre en France. Les organisations musulmanes, le CCIF au premier chef, en appellent à la mobilisation de chacun pour que les libertés d'expression religieuse et de croyance puissent être respectées. L'affaire semble se clore mais des poursuites judiciaires contre SGA sont aujourd'hui à l'étude. Les appels à témoins sont lancés.
Selon le dernier rapport 2012 du CCIF paru en avril, les femmes restent les premières victimes des actes anti-musulmans en France. Sur les 298 actes recensés en 2011, 84,7 % ont visé des musulmanes.
Pire encore : 94 % des cas d’agressions physiques et verbales touchent les musulmanes dès lors qu'elles portent le voile. L'accès des femmes dans les espaces publics tend à se restreindre en France. Les organisations musulmanes, le CCIF au premier chef, en appellent à la mobilisation de chacun pour que les libertés d'expression religieuse et de croyance puissent être respectées. L'affaire semble se clore mais des poursuites judiciaires contre SGA sont aujourd'hui à l'étude. Les appels à témoins sont lancés.
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