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Islamophobie : la mode à la surenchère entre Ted Cruz et Donald Trump

Rédigé par | Jeudi 24 Mars 2016 à 19:45

Donald Trump n'est pas le seul à surfer sur l'islamophobie. Les attentats de Bruxelles ont ravivé les discours anti-musulmans, cette fois de la part de son rival républicain Ted Cruz. Les musulmans réagissent.



Ted Cruz, le sénateur du Texas propose de surveiller les quartiers musulmans.
Barack Obama a rejeté les appels à installer des mesures de surveillance particulières aux Américains musulmans lors de sa visite en Argentine mercredi 23 mars.

Cette déclaration ferme a été faite au lendemain de l'appel à une loi renforçant la police dans les quartiers musulmans des États-Unis, lancé par Ted Cruz, candidat à la primaire entre Républicains pour l’élection présidentielle. Après les attentats de Bruxelles, il déclarait dans un communiqué : « Nos alliés européens voient aujourd’hui ce qu’amène un mélange toxique de migrants infiltré par des terroristes et isolé dans des quartiers musulmans. »

Selon Barack Obama, « l'idée de les traiter d'une manière particulière, l'idée d'une discrimination, c'est une erreur, c'est non seulement anti-américain mais c'est aussi contre-productif car cela réduirait les anticorps qui nous permettent de résister au terrorisme ».

Les musulmans assimilés à des gansters

Réagissant aux attentats de Bruxelles sur CNN, Ted Cruz a comparé les musulmans à des gangsters. « Si vous avez un quartier avec une forte activité des gangs, vous devez renforcer la présence des forces de l’ordre et cibler les gangsters pour les éjecter des rues », a-t-il lâché.

Le candidat a aussi qualifié de « programme fructueux » les dispositifs controversés de surveillance des musulmans mis en place par la police de New York lors de la mandature de Michael Bloomberg. Des dispositifs dont l'inutilité a pourtant été prouvée et qui ont fait l'objet de poursuites.

Dernier véritable opposant à Donald Trump pour la course à l’investiture républicaine, le sénateur Ted Cruz essaye de combler son retard en chassant sur les terrains de son adversaire : l’islamophobie. Et de la même manière qu'ils font face au candidat milliardaire, les musulmans ne se laissent pas faire et réagissent. Avec le hashtag #MuslimNeighborhood , ils ont inondé Twitter d’images de leurs quartiers afin de démontrer qu’ils n’étaient pas des différent des autres quartiers américains.

« Dans mon quartier musulman, on trouve des gens qui plantent des arbres pour embellir les lieux et d’autres qui barricadent des maisons abandonnées », lit-on ici. «Dans mon quartier, on trouve des gens qui distribuent de l’eau aux victimes de la crise sanitaire de Flint », commune du Michigan frappée par la contamination de l'eau potable entre 2014 et 2016, fait-on savoir par là.

Le sénateur du Texas bénéficie du soutien du Tea Party et, depuis mercredi 23 mars, de celui de Jeb Bush. Le petit frère de Georges W. Bush s’était retiré de la course à l’investiture le 21 février dernier. Ted Cruz comporte également dans ses rangs Frank Gaffney, directeur du think-tank anti-islam Center for Security Policy. En 2011, ce dernier avait appelé à une enquête au sein du gouvernement et des institutions civiles américaines pour y débusquer une très hypothétique influence des Frères musulmans : « L’influence du jihad civilisationnel des Frères musulmans ».

Donald Trump garde cependant une bonne longueur d’avance avec 738 délégués acquis contre 463 pour son rival. Le favori de cette primaire républicaine a salué la proposition de Ted Cruz, estimant que surveiller les musulmans était « une bonne idée ». La montée de l'islamophobie pousse de plus en plus d'électeurs musulmans à la mobilisation politique.

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