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Israël/Gaza : un accord pour une trêve humanitaire trouvé mais largement insuffisant pour les ONG

Rédigé par Lina Farelli | Mercredi 22 Novembre 2023 à 23:00



© Stephen William and Saber Ashor/EU Civil Protection and Humanitarian Aid
C'est une trêve humanitaire de courte durée pour laquelle le gouvernement israélien a donné, mercredi 22 novembre, son feu vert. L'accord avec le Hamas par l'entremise du Qatar prévoit la libération de 50 otages israéliens en échange de 150 prisonniers palestiniens - des femmes et des enfants - et quatre jours de répit pour les habitants de la bande de Gaza. Il devrait entrer en vigueur jeudi 23 novembre.*

*Mise à jour : Contrairement à ce qui avait été annoncé, il n'y aura pas de trêve dans les combats entre Israël et le Hamas avant vendredi 24 novembre, a indiqué à l'AFP un responsable israélien. La libération des premiers otages israéliens et des prisonniers palestiniens a elle aussi été décalée.

Les ONG estiment que la trêve de quatre jours négociée est très largement insuffisante au regard de la situation humanitaire catastrophique dans l'enclave palestinienne. Bombardée quotidiennement par l'armée israélienne depuis des semaines, Gaza a subi de lourdes pertes humaines, plus de 14 500 selon les autorités locales, sans compter les dizaines de milliers de blessés. Avec plus de 5 300 enfants tués, le territoire sous blocus, qualifié récemment de « cimetière à ciel ouvert » par l'Unicef, est devenu « l'endroit le plus dangereux au monde pour un enfant », s'en est émue sa directrice générale, Catherine Russell, devant le Conseil de sécurité de l'ONU.

Pour Oxfam, « une trêve de cinq jours ne pourra apporter qu’un soulagement très limité aux civils et est insuffisante au regard de l’ampleur des besoins et des destructions. Elle ne nous permettra aucunement d’inscrire l’aide humanitaire dans la durée, puisqu’elle prendra fin au bout de cinq jours ».

L'Élysée plaide pour un cessez-le-feu durable

« Il n’y a pas de pause assez longue, ni de couloirs assez larges, ni d’autres options d’acheminement de l’aide assez créatives pour soulager la souffrance de plus de deux millions de personnes, qui survivent dans une ville partiellement détruite, dans laquelle tant de vies innocentes ont été sacrifiées. Bien que la population civile de Gaza soit épargnée par les bombardements pendant cinq jours, force est de constater que le monde a échoué à atteindre la seule solution humanitaire durable à Gaza : mettre un terme à cette terrible effusion de sang », a indiqué le responsable plaidoyer humanitaire de l'ONG France, Louis-Nicolas Jandeaux.

Ce dernier appelle la communauté internationale à faire pression pour que la trêve se transforme en « un cessez-le-feu total et permanent, garantissant la libre circulation de l’aide humanitaire à travers Israël et l’Égypte, y compris l’approvisionnement en carburant, qui est d’une importance vitale pour Gaza ». Un cessez-le-feu qui « doit amorcer un processus de paix qui s’attaque au cœur du conflit : mettre fin à l’occupation militaire prolongée du territoire palestinien par Israël et au blocus de Gaza, tout en garantissant la libération de tous les otages ».

L'Élysée, qui a salué l'accord, a fait savoir « la pause humanitaire » doit être mise à profit pour œuvrer à « un cessez-le-feu durable ». Une déclaration qui intervient alors qu'Emmanuel Macron a reçu les ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays arabes et musulmans pour parler de la situation au Proche-Orient.

Le Premier ministre du Qatar, Mohammed Ben Abderrahmane Al-Thani, a déclaré sur X « espérer que cette trêve permettra un accord global et durable qui mettra fin à la machine de guerre (…) et conduira à des discussions sérieuses en vue d’un processus de paix global et juste ». Néanmoins, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, qui préfère parler d'une « accalmie dans les combats » plutôt que d'une trêve, a assuré que la guerre à Gaza se poursuivra après la pause humanitaire, ce qui fait craindre aux Palestiniens la reprise des massacres un fois la trêve terminée.

Mise à jour lundi 27 novembre : La trêve a été prolongée de deux jours, jusqu'à jeudi 30 novembre, a annoncé le Qatar, « avec les mêmes conditions que la trêve précédente », a confirmé le Hamas.

Mise à jour jeudi 30 novembre : La trêve a de nouveau été prolongée mais cette fois pour un jour supplémentaire. Elle devrait prendre fin vendredi 1er décembre. A ce jour, 102 otages ont été libérés par le Hamas, qui a revendiqué une attaque à Jérusalem-Ouest. Celle-ci a fait trois morts. Les deux assaillants ont été éliminés.

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