Emmanuel Macron lors d'un Conseil des ministres tenu en juillet 2023. © Capture écran Elysée
« Nous sommes liés à Israël par le deuil. Trente de nos compatriotes ont été assassinés le 7 octobre. Neuf autres sont encore portés disparus ou retenus en otage. À Tel-Aviv, auprès de leurs familles, j'ai exprimé la solidarité de la Nation. » Après le président américain Joe Biden, le chancelier allemand Olaf Scholz ou encore le Premier ministre britannique Rishi Sunak, Emmanuel Macron s’est rendu, mardi 24 octobre, à Tel Aviv pour témoigner du soutien de la France aux dirigeants israéliens, le Premier ministre Benjamin Netanyahou et le président Isaac Herzog. Une visite au cours de laquelle le chef de l’Etat a choisi de ne pas appeler à un cessez-le-feu à Gaza – qui « ne bénéficierait qu’au Hamas » selon la Maison Blanche – et ce malgré les multiples exhortations lancées par les ONG et les agences de l’ONU ces derniers jours face à la catastrophe humanitaire. Selon les autorités locales, plus de 5 700 Palestiniens sont morts des suites des bombardements aériens israéliens dont plus d’un tiers d’enfants depuis le 7 octobre, date de l'attaque d'ampleur inédite menée par le Hamas contre Israël.
Emmanuel Macron, qui veut éviter tout embrasement du conflit dans la région, a en revanche surpris en proposant de mobiliser la coalition internationale qui a vu le jour pour lutter contre l'organisation Etat islamique puisse « aussi lutter contre le Hamas », « un groupe terroriste (qui) ne porte pas la cause palestinienne ». Mais si le mouvement islamiste « doit être combattu avec force », « la cause palestinienne, elle, doit être entendue avec raison ». Il a appelé à « une relance décisive du processus politique avec les Palestiniens » sans laquelle « la sécurité d'Israël ne peut être durable ».
« La stabilité de la région, le retour à la normalisation qui s'annonçaient ne seront garantis que si la réponse d'Israël à la violence est évidement sécuritaire et implacable face au groupe terroriste, mais aussi politique en acceptant le droit légitime des Palestiniens à disposer d'un territoire et d'un Etat en paix et en sécurité aux côtés d'Israël », a-t-il encore affirmé, avant de réitérer cette même position de l’autre côté du mur de séparation.
Après Tel Aviv et Jérusalem, c’est en effet à Ramallah qu’Emmanuel Macron s’est rendu pour rencontrer le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas auprès de qui il a présenté ses « condoléances au peuple palestinien » qui vit une « grande détresse » ainsi qu’à « toutes les victimes de la spirale de violence engendrée par l’attaque terroriste du Hamas ». Pas un mot n'a été prononcé sur les violences engendrées par l’étouffante politique menée par Israël à Gaza et dans les Territoires occupés palestiniens ces dernières semaines et années.
« Rien ne saurait justifier les souffrances » des civils de Gaza, a-t-il déclaré. Mais là encore sans dénoncer frontalement les raids israéliens qui ne cessent de faire grossir le bilan des morts civils. « Accès à l'électricité en particulier pour les hôpitaux, accès à l'eau et à l'aide alimentaire : nous sommes mobilisés pour répondre aux besoins urgents des Palestiniens », a-t-il déclaré le lendemain.
Mahmoud Abbas, qui a fortement perdu en crédibilité ces dernières années auprès des Palestiniens en raison notamment de sa coopération sécuritaire avec Israël, a plaidé une nouvelle fois pour un « cessez-le-feu total » sur la bande de Gaza, dénonçant la « responsabilité d’Israël et ceux qui ont encouragé le pays à poursuivre ses actes d’agression » sur l'enclave palestinienne, où les bombardements « tuent des civils innocents d’une manière barbare ». « Nous vous exhortons, président Macron, à faire cesser cette agression », a-t-il déclaré, appelant à la mise en place d’une « coalition internationale pour la paix ». Il répond ainsi à sa manière à la proposition française de mettre sur pied une « coalition régionale et internationale » pour lutter contre le Hamas, et qui a d’ailleurs été rapidement tempérée par l’Elysée.
Emmanuel Macron, qui veut éviter tout embrasement du conflit dans la région, a en revanche surpris en proposant de mobiliser la coalition internationale qui a vu le jour pour lutter contre l'organisation Etat islamique puisse « aussi lutter contre le Hamas », « un groupe terroriste (qui) ne porte pas la cause palestinienne ». Mais si le mouvement islamiste « doit être combattu avec force », « la cause palestinienne, elle, doit être entendue avec raison ». Il a appelé à « une relance décisive du processus politique avec les Palestiniens » sans laquelle « la sécurité d'Israël ne peut être durable ».
« La stabilité de la région, le retour à la normalisation qui s'annonçaient ne seront garantis que si la réponse d'Israël à la violence est évidement sécuritaire et implacable face au groupe terroriste, mais aussi politique en acceptant le droit légitime des Palestiniens à disposer d'un territoire et d'un Etat en paix et en sécurité aux côtés d'Israël », a-t-il encore affirmé, avant de réitérer cette même position de l’autre côté du mur de séparation.
Après Tel Aviv et Jérusalem, c’est en effet à Ramallah qu’Emmanuel Macron s’est rendu pour rencontrer le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas auprès de qui il a présenté ses « condoléances au peuple palestinien » qui vit une « grande détresse » ainsi qu’à « toutes les victimes de la spirale de violence engendrée par l’attaque terroriste du Hamas ». Pas un mot n'a été prononcé sur les violences engendrées par l’étouffante politique menée par Israël à Gaza et dans les Territoires occupés palestiniens ces dernières semaines et années.
« Rien ne saurait justifier les souffrances » des civils de Gaza, a-t-il déclaré. Mais là encore sans dénoncer frontalement les raids israéliens qui ne cessent de faire grossir le bilan des morts civils. « Accès à l'électricité en particulier pour les hôpitaux, accès à l'eau et à l'aide alimentaire : nous sommes mobilisés pour répondre aux besoins urgents des Palestiniens », a-t-il déclaré le lendemain.
Mahmoud Abbas, qui a fortement perdu en crédibilité ces dernières années auprès des Palestiniens en raison notamment de sa coopération sécuritaire avec Israël, a plaidé une nouvelle fois pour un « cessez-le-feu total » sur la bande de Gaza, dénonçant la « responsabilité d’Israël et ceux qui ont encouragé le pays à poursuivre ses actes d’agression » sur l'enclave palestinienne, où les bombardements « tuent des civils innocents d’une manière barbare ». « Nous vous exhortons, président Macron, à faire cesser cette agression », a-t-il déclaré, appelant à la mise en place d’une « coalition internationale pour la paix ». Il répond ainsi à sa manière à la proposition française de mettre sur pied une « coalition régionale et internationale » pour lutter contre le Hamas, et qui a d’ailleurs été rapidement tempérée par l’Elysée.
Un « en même temps » à l'avantage d'Israël
Alors que le président français poursuit, mercredi 25 octobre, son voyage dans la région où il a rencontré le roi Abdallah II de Jordanie et le dirigeant égyptien Abdel-Fattah Al-Sissi, les critiques envers le chef de l’Etat ne se sont pas fait attendre du côté de la gauche. « Macron tente le flou pour le tout », titrait Libération après ses diverses déclarations. Sa proposition d’engager la coalition internationale contre le Hamas suscite a minima des interrogations, voire de fortes oppositions en France. « Depuis Israël, Macron propose que la France entre en guerre contre le Hamas. Cela signifie quoi ? Macron propose-t-il que la France participe aux crimes de guerre d'Israël en bombardant les civils à Gaza ? La responsabilité de la France, c'est de porter la voix de la paix », a dénoncé le député LFI Thomas Portes.
Pour Eric Coquerel, lui aussi député LFI, « Emmanuel Macron ne peut faire du "en même temps" sous peine d’être inaudible et contradictoire. Demander une trêve humanitaire et un cessez-le-feu, relancer des pourparlers de paix reconnaissant le droit des Palestiniens à un État comme issue, est contradictoire avec appeler à mobiliser la coalition contre Daesh contre le Hamas. C'est de facto signaler l’entrée en guerre de la France. C’est répondre aux exigences de Netanyahou et nier la dimension coloniale de la guerre en cours ».
Son refus d’appeler formellement à un cessez-le feu à Gaza témoigne d’une volonté de l’exécutif français de ne pas bousculer son allié israélien à qui il reconnaît publiquement à lui seul le droit de se défendre face aux attaques. Sans dénonciation franche des actions menées par Israël envers les Palestiniens, le « en même temps » que semble prôner Emmanuel Macron dans ce brûlant dossier reste aujourd’hui à l’avantage des dirigeants israéliens, toujours bien décidés à se venger de l’attaque du Hamas peu importe le prix que paient les populations civiles.
Dénonçant les « violations claires du droit international humanitaire » à Gaza, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a réitéré, mardi 24 octobre, son appel à un cessez-le-feu humanitaire immédiat devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Tout en condamnant « les actes terroristes horribles et sans précédent du Hamas », il a souligné que son attaque ne s'était « pas produite hors de tout contexte », rappelant notamment « une occupation étouffante » de 56 ans sur les Palestiniens. « Le peuple palestinien a vu ses terres régulièrement dévorées par les colonies et en proie à la violence, son économie étouffée, ses habitants déplacés et leurs maisons démolies. Leurs espoirs d'une solution politique à leur situation se sont évanouis. Mais les griefs du peuple palestinien ne peuvent justifier les attaques effroyables du Hamas. Et ces attaques effroyables ne peuvent justifier la punition collective du peuple palestinien », a-t-il signifié. Ses propos ont fait bondir Israël et n'ont pas, à ce jour, mobilisé le Conseil de sécurité, qui se voit reprocher par les Palestiniens une inaction « inexcusable ».
Mise à jour vendredi 27 octobre : Emmanuel Macron a demandé une « trêve humanitaire » dans la bande de Gaza. « C'est indispensable pour protéger les populations les plus fragiles en même temps que pour finaliser les discussions et négociations sur nos otages », a-t-il déclaré. Mercredi 25 octobre, un navire hôpital français a pris la direction de Gaza pour soutenir les hôpitaux.
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Son refus d’appeler formellement à un cessez-le feu à Gaza témoigne d’une volonté de l’exécutif français de ne pas bousculer son allié israélien à qui il reconnaît publiquement à lui seul le droit de se défendre face aux attaques. Sans dénonciation franche des actions menées par Israël envers les Palestiniens, le « en même temps » que semble prôner Emmanuel Macron dans ce brûlant dossier reste aujourd’hui à l’avantage des dirigeants israéliens, toujours bien décidés à se venger de l’attaque du Hamas peu importe le prix que paient les populations civiles.
Dénonçant les « violations claires du droit international humanitaire » à Gaza, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a réitéré, mardi 24 octobre, son appel à un cessez-le-feu humanitaire immédiat devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Tout en condamnant « les actes terroristes horribles et sans précédent du Hamas », il a souligné que son attaque ne s'était « pas produite hors de tout contexte », rappelant notamment « une occupation étouffante » de 56 ans sur les Palestiniens. « Le peuple palestinien a vu ses terres régulièrement dévorées par les colonies et en proie à la violence, son économie étouffée, ses habitants déplacés et leurs maisons démolies. Leurs espoirs d'une solution politique à leur situation se sont évanouis. Mais les griefs du peuple palestinien ne peuvent justifier les attaques effroyables du Hamas. Et ces attaques effroyables ne peuvent justifier la punition collective du peuple palestinien », a-t-il signifié. Ses propos ont fait bondir Israël et n'ont pas, à ce jour, mobilisé le Conseil de sécurité, qui se voit reprocher par les Palestiniens une inaction « inexcusable ».
Mise à jour vendredi 27 octobre : Emmanuel Macron a demandé une « trêve humanitaire » dans la bande de Gaza. « C'est indispensable pour protéger les populations les plus fragiles en même temps que pour finaliser les discussions et négociations sur nos otages », a-t-il déclaré. Mercredi 25 octobre, un navire hôpital français a pris la direction de Gaza pour soutenir les hôpitaux.
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