« Vue de Jérusalem », tableau de 1740, musée d’Art et d’Histoire du judaïsme. Probablement peinte à Jérusalem, cette toile a dû être réalisée en mémoire d’un pèlerinage ou voyage en Terre sainte. Quatre-vingts lieux saints chrétiens de la ville et des environs sont numérotés en allemand en bas du tableau. Parmi les édifices se trouvent l’église du Saint-Sépulcre et le dôme du Rocher, au centre, mentionné sous le nom de temple de Salomon. (Photo prise lors de l’exposition « Lieux saints partagés », au musée de l’Histoire de l’immigration, en octobre 2017.)
Le Proche-Orient fait toujours parler de lui dans l’actualité. Pour le simple citoyen français, il existe toujours une certaine confusion quant à ce qui se passe véritablement là-bas, en Israël-Palestine. Qui est à l’origine de quoi ? Quel camp serait celui des méchants ? Des gentils ? Différents sons de cloche se font entendre selon les communautés qui les relaient, tous plus empreints d’émotion que d’objectivité.
La situation proche-orientale est complexe – mais pas exactement de la manière dont elle est présentée ici par les médias occidentaux, acquis à telle ou telle cause, et répondant à des agendas qui leurs sont propres. Trop souvent, sous la plume des journalistes, le conflit israélo-palestinien devient l’objet de généralisations réductrices et approximatives, fruits d’un manichéisme dichotomique primaire, qui ne fait qu’ajouter de l’huile sur feu.
Or, rien n’est là-bas ni tout noir ni tout blanc – mais tout est gris de plusieurs nuances. Depuis des années, les populations locales sont les otages de politiques toxiques fondées sur des propagandes idéologiques haineuses et exclusivistes. Le nationalisme et la religion deviennent des outils de manipulation des masses. La mauvaise foi règne, partagée des deux côtés de l’échiquier conflictuel.
Non, tous les Palestiniens ne sont pas des meurtriers assoiffés de sang juif ! Non, tous les Israéliens ne sont pas des tueurs d’enfants arabes ! Par contre, tous souffrent de cette situation qui n’en finit plus.
C’est notre rôle, à nous qui cherchons la paix, de ne pas choisir de camp et de rester neutre. Une paix authentique en Terre sainte ne sera possible que fondée sur la justice pour tous les protagonistes, et non sur la simple absence de violence ou sur le remplacement d’une injustice par une autre. La paix ne se fera pas au détriment des Israéliens et au bénéfice des Palestiniens, ou réciproquement, mais au bénéfice des deux, ensemble.
C’est pourquoi soutenir la paix, c’est soutenir les deux camps – pas les discours politiques, bien sûr, ni les gouvernements, mais les habitants eux-mêmes –, et servir de médiateur afin qu’ils trouvent d’eux-mêmes leur propres solutions à tous leurs problèmes.
Soutenir la paix, c’est aussi dénoncer les représentations partiales et malveillantes, quelle que soit la partie qui en est à l’origine. Oui, l’armée israélienne est une armée d’occupation. Oui, le terrorisme aveugle est du meurtre pur et simple. Oui, le gouvernement israélien viole les droits de l’homme. Oui, contester la présence historique des juifs en Terre sainte est un mensonge. Oui, un racisme anti-arabe existe chez certains juifs. Oui, un discours antisémite arabe s’entend dans certains cercles. Etc. – la liste est encore longue.
De nombreuses initiatives associatives locales existent, tant israéliennes que palestiniennes – et même souvent conjointes –, qui luttent pour une véritable justice et pour l’établissement d’une société apaisée et fraternelle. Innombrables sont les liens d’amitié qui ont pu être ainsi tressés par-delà les idéologies belliqueuses.
La violence vengeresse n’est jamais une réponse légitime – le sang versé n’arrangera jamais la situation. N’importons pas ici le conflit proche-oriental, mais exportons plutôt là-bas notre vision de la paix. La politique a été à l’origine du problème, les citoyens seront à l’origine de la solution.
Ne soyons pas idolâtres de concepts impersonnels et inhumains comme l’État, la Nation, les Frontières ou le Gouvernement, qui n’entraînent que conflits et souffrances individuelles.
Il faut remettre l’être humain au centre de nos préoccupations, dans tous ses droits et dans toute sa dignité. Ne sommes-nous pas tous créés à l’image de Dieu ? Puisqu’Il dit Lui-même (Genèse I, 26) : « À Notre image, selon Notre ressemblance (beṣalménu kidmûténu). »
*****
Rabbin orthodoxe, Gabriel Hagaï est enseignant-chercheur, philologue et paléographe-codicologue. Co-auteur avec Ghaleb Bencheikh, Emmanuel Pisani et Catherine Kintzler de La Laïcité aux éclats (entretiens avec Sabine Le Blanc, éd. Les Unpertinents, mai 2018).
La situation proche-orientale est complexe – mais pas exactement de la manière dont elle est présentée ici par les médias occidentaux, acquis à telle ou telle cause, et répondant à des agendas qui leurs sont propres. Trop souvent, sous la plume des journalistes, le conflit israélo-palestinien devient l’objet de généralisations réductrices et approximatives, fruits d’un manichéisme dichotomique primaire, qui ne fait qu’ajouter de l’huile sur feu.
Or, rien n’est là-bas ni tout noir ni tout blanc – mais tout est gris de plusieurs nuances. Depuis des années, les populations locales sont les otages de politiques toxiques fondées sur des propagandes idéologiques haineuses et exclusivistes. Le nationalisme et la religion deviennent des outils de manipulation des masses. La mauvaise foi règne, partagée des deux côtés de l’échiquier conflictuel.
Non, tous les Palestiniens ne sont pas des meurtriers assoiffés de sang juif ! Non, tous les Israéliens ne sont pas des tueurs d’enfants arabes ! Par contre, tous souffrent de cette situation qui n’en finit plus.
C’est notre rôle, à nous qui cherchons la paix, de ne pas choisir de camp et de rester neutre. Une paix authentique en Terre sainte ne sera possible que fondée sur la justice pour tous les protagonistes, et non sur la simple absence de violence ou sur le remplacement d’une injustice par une autre. La paix ne se fera pas au détriment des Israéliens et au bénéfice des Palestiniens, ou réciproquement, mais au bénéfice des deux, ensemble.
C’est pourquoi soutenir la paix, c’est soutenir les deux camps – pas les discours politiques, bien sûr, ni les gouvernements, mais les habitants eux-mêmes –, et servir de médiateur afin qu’ils trouvent d’eux-mêmes leur propres solutions à tous leurs problèmes.
Soutenir la paix, c’est aussi dénoncer les représentations partiales et malveillantes, quelle que soit la partie qui en est à l’origine. Oui, l’armée israélienne est une armée d’occupation. Oui, le terrorisme aveugle est du meurtre pur et simple. Oui, le gouvernement israélien viole les droits de l’homme. Oui, contester la présence historique des juifs en Terre sainte est un mensonge. Oui, un racisme anti-arabe existe chez certains juifs. Oui, un discours antisémite arabe s’entend dans certains cercles. Etc. – la liste est encore longue.
De nombreuses initiatives associatives locales existent, tant israéliennes que palestiniennes – et même souvent conjointes –, qui luttent pour une véritable justice et pour l’établissement d’une société apaisée et fraternelle. Innombrables sont les liens d’amitié qui ont pu être ainsi tressés par-delà les idéologies belliqueuses.
La violence vengeresse n’est jamais une réponse légitime – le sang versé n’arrangera jamais la situation. N’importons pas ici le conflit proche-oriental, mais exportons plutôt là-bas notre vision de la paix. La politique a été à l’origine du problème, les citoyens seront à l’origine de la solution.
Ne soyons pas idolâtres de concepts impersonnels et inhumains comme l’État, la Nation, les Frontières ou le Gouvernement, qui n’entraînent que conflits et souffrances individuelles.
Il faut remettre l’être humain au centre de nos préoccupations, dans tous ses droits et dans toute sa dignité. Ne sommes-nous pas tous créés à l’image de Dieu ? Puisqu’Il dit Lui-même (Genèse I, 26) : « À Notre image, selon Notre ressemblance (beṣalménu kidmûténu). »
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Rabbin orthodoxe, Gabriel Hagaï est enseignant-chercheur, philologue et paléographe-codicologue. Co-auteur avec Ghaleb Bencheikh, Emmanuel Pisani et Catherine Kintzler de La Laïcité aux éclats (entretiens avec Sabine Le Blanc, éd. Les Unpertinents, mai 2018).
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