Sur le vif

Israël a lancé un satellite-espion

Rédigé par Laila Elmaaddi | Mercredi 26 Avril 2006 à 09:21



Mardi soir, Israël a lancé, jour de la commémoration de la Shoah, un satellite-espion perfectionné qui lui permettra de surveiller étroitement l'Iran dont le président a mis en doute la survie de l'Etat juif. Le nouveau satellite-espion israélien, D3 Eros B1, mis au point par les Industries aéronautiques israéliennes (IAI), a été lancé depuis un centre spatial militaire situé dans la région de l'Amour, en Extrême-Orient russe, par une fusée Topol à combustible solide, a indiqué l'agence de presse russe ITAR-TASS, citant un porte-parole du centre, Alexeï Kouznetsov.

Le satellite a été mis sur orbite environ 20 minutes après son lancement, a indiqué l'agence russe. Durant 8 à 10 ans, le satellite tournera autour du globe terrestre à une altitude de 480 à 600 km. Doté d'une caméra d'une résolution de 70 cm, il permettra à Israël de compléter ses capacités d'observations à un rythme plus soutenu, qu'avec le Eros A, fonctionnant depuis 2000.

"C'est une grande victoire pour l'industrie militaire israélienne et les institutions de la défense", a dit le ministre israélien de la Défense Shaoul Mofaz dans un communiqué, ajoutant que "l'activité du satellite permettra d'augmenter la capacité d'Israël à collecter des informations de haute qualité loin de ses frontières". En Iran, le président Mahmoud Ahmadinejad a affirmé lundi que "le régime imposteur d'Israël ne peut pas survivre". Il a déjà qualifié à plusieurs de "mythe" le génocide perpétré par les nazis.

"Le fait qu'il s'agisse du jour de la Shoah a indéniablement un caractère symbolique", a déclaré à l'AFP M. Raanan Gissin, conseiller à la présidence du conseil en référence à la date du lancement du satellite. Cela "prouve qu'Israël dispose aujourd'hui de moyens pour se défendre dont les juifs ne disposaient pas il y a plus de 60 ans", a-t-il ajouté.

L'Iran a indiqué le 11 avril avoir réussi un enrichissement d'uranium, et pourrait ainsi obtenir à terme aussi bien le combustible d'une centrale nucléaire que la charge fissile d'une bombe atomique.

"Le monde libre ne doit pas rester les bras croisés face à des pays qui appellent à détruire Israël et veulent se doter de l'arme nucléaire", a déclaré le président israélien Moshé Katzav. Le Premier ministre en exercice Ehud Olmert a qualifié dimanche ce programme de "menace potentielle pour l'existence d'Israël".

Sur le terrain, une unité de batteries de missiles anti-missiles Hetz (ou Arrow - Flèche) israéliennes est en état d'alerte avancé "pour faire face à tout développement sur le front iranien", a indiqué lundi son responsable au Jerusalem Post. Selon des sources étrangères, Israël dispose de 200 bombes nucléaires et de vecteurs adéquats, notamment des missiles balistiques, une chasse à long rayon d'action, et des sous-marins de la classe Dauphin.

"Plus jamais", ont titré mardi les journaux israéliens, alors que l'Etat hébreu commémorait six millions de juifs victimes de la Solution Finale. Le nom du dictateur nazi revient pourtant sur toutes les lèvres.

"Depuis Hitler, (Ahmadinejad) est le premier homme à se dresser pour dire qu'il faut exterminer le peuple juif", souligne Shimon Peres, ex Premier ministre et Prix Nobel de la paix en 1994. Son collègue au Tourisme, Avraham Hirschson, qui a participé à la "Marche des Vivants" entre les anciens camps de la mort d'Auschwitz et Birkenau (Pologne), a appelé à ne pas ignorer les propos d'Ahmedinejad, "car c'est ainsi qu'un nouvel Hitler peut surgir".

Dans un article publié par le Yédiot Aharonot, Robert S. Witrich, directeur du centre de recherches sur l'antisémitisme de l'Université hébraïque de Jérusalem, partage ce pessimisme.

"Une nouvelle forme de génocide dans le cadre duquel seraient détruits les juifs et l'humanité est désormais une possibilité palpable", écrit-il en mentionnant les menaces d'Ahmadinejad et des islamistes contre l'Occident.