Sur le vif

Israël existe grâce à l’ONU : les propos de Macron irritent Israël et le CRIF

Rédigé par Benjamin Andria | Mercredi 16 Octobre 2024 à 16:55



Israël doit son existence à une décision de l’ONU. C’est pourquoi le gouvernement israélien ne devrait pas s’en affranchir. Tels sont les propos qu’Emmanuel Macron a tenus mardi 15 octobre lors du Conseil des ministres, selon des propos rapportés par des participants, lorsqu’a été évoquée la guerre menée par Israël à Gaza et au Liban. Le président français faisait ainsi référence, sans le dire, à la résolution 181 adoptée le 29 novembre 1947 par l'Assemblée générale des Nations unies prévoyant le partage de la Palestine. Un plan controversé qui donnera lieu à la première guerre israélo-arabe en 1948-1949 puis à la Nakba, synonyme de catastrophe pour les Palestiniens.

Ces propos ont, sans surprise, attiré de vives critiques du Premier ministre israélien. « Ce n'est pas la résolution de l'ONU qui a établi l'État d'Israël , mais plutôt la victoire obtenue dans la guerre d'indépendance avec le sang de combattants héroïques, dont beaucoup étaient des survivants de l'Holocauste, notamment du régime de Vichy en France », a jugé Benjamin Netanyahou dans un communiqué.

Le Conseil représentatif des institutions juives de France, aligné sur les positions pro-israéliennes, est allé dans ce sens en indiquant que « laisser penser que la création de l'État d'Israël est le fruit d'une décision politique de l'ONU, c'est méconnaître à la fois l'histoire centenaire du sionisme, l'aspiration millénaire des Juifs au retour à Sion et le sacrifice de milliers d'entre eux pour établir l'État d'Israël ».

« Les propos attribués au Président de la République, s'ils sont confirmés, sont une faute à la fois historique et politique. (…) À l'heure où l'antisémitisme se nourrit de l'antisionisme, ces propos renforcent dangereusement le camp de ceux qui contestent la légitimité du droit à l'existence d'Israël », a ajouté le président du CRIF, Yonathan Arfi.

L’instance avait déjà vivement critiqué Emmanuel Macron début octobre après s’être déclaré favorable à un arrêt des livraisons d’armes à Israël. « Appeler à priver Israël d'armes, ce n'est pas faire le jeu de la paix, cela revient à faire le jeu du Hamas et du Hezbollah », avait estimé le CRIF.

La nouvelle passe d’armes entre Emmanuel Macron et Benjamin Netanyahou intervient à l’heure où la France appelle de façon plus prononcée à un cessez-le-feu à Gaza et au Liban. Tout en réitérant sa condamnation des attaques du 7-Octobre, le président français avait estimé en septembre dernier, à la tribune de l’ONU, qu’« il est impératif qu'une nouvelle phase s'ouvre à Gaza, que les armes se taisent, que les humanitaires reviennent, que les populations civiles enfin soient protégées ». « Trop d'innocents sont morts » à Gaza, ce qui est « un scandale pour l'humanité », « une source dangereuse de haine, de ressentiment qui menace et qui menacera la sécurité de tous ».

Israël, qui ne cesse de fustiger l'ONU jusqu'à l'accuser d'être une antichambre de l'antisémitisme, refuse tout cessez-le-feu et poursuit ses bombardements au nom de la lutte contre le Hamas et le Hezbollah, au mépris de la vie de millions de civils. Le gouvernement a reçu de vives critiques de pays occidentaux ces derniers jours, y compris de la France, après ses attaques contre la Finul au Liban.

Lire aussi :
Liban : la Finul refuse de céder à l'exigence israélienne après les attaques à son encontre
Nakba : « Israël a une longue tradition d'instrumentalisation mémorielle »