Le président Aristide a finalement quitté Haïti. Soumis à une forte pression internationale et à l'avancée rapide des rebelles, il a abandonné le pouvoir et quitté l'île dimanche 29 février. Jean-Bertrand Aristide serait actuellement, selon des responsables dominicains, à Saint-Domingue. L'opposition a appelé les partisans armés de M. Aristide à déposer les armes et a annoncé qu'elle acceptait de coopérer avec la communauté internationale qui a proposé un plan de règlement de la crise haïtienne.
Une pression internationale et le climat de violence très fort
L'atmosphère tendue a vite tourné à la violence. Des jeunes en armes, dotés surtout de pistolets, de fusils, mais aussi de machettes, s'en sont pris à des voitures de journalistes.
Aristide, confronté à une insurrection armée aux portes de la capitale et à une pression internationale a dû se résigner à quitter Haïti. La France avait déjà demandé la démission du Président haïtien dont elle a pointé du doigt la responsabilité dans la crise qui secoue le pays. Les Etats-Unis et le Canada avaient aussi demandé le départ du Président haïtien.
Le ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, en déplacement au Japon, a appelé à la fin des combats en Haïti et à 'la mise en place d'une aide humanitaire d'urgence'. 'Il faut maintenant que les combats cessent. La France appelle toutes les forces politiques de Haïti qui veulent le retour à la paix et qui refusent la violence à se rassembler et à participer à la réconciliation nationale'
Washington avait accusé directement le Président haïtien de porter la principale responsabilité dans cette crise. Selon eux son 'échec à adhérer à des principes démocratiques a contribué à la profonde division et à l'agitation violente à laquelle nous assistons actuellement'. Jusqu'à samedi, Jean Bertrand Aristide avait réaffirmé sa détermination à rester au pouvoir, en ignorant les appels de la communauté internationale. «Pas question de partir», avait déclaré samedi le Président sur la télévision d'Etat, en appelant ses partisans au calme.
L'ambassadeur américain a tenu à préciser que Washington n'avait pas demandé la démission de Jean-Bertrand Aristide. M. Foley a souligné que cet acte avait été « volontaire ».
Depuis le début d'une insurrection le 5 février, le pays était livré à l'anarchie et sa moitié nord était contrôlée par d'anciens militaires haïtiens dirigés par l'ex-commissaire Guy Philippe. La capitale Port-au-Prince semblait dimanche à la merci de bandes armées et d'une foule qui multipliait les pillages et dans la nuit de samedi à dimanche des groupes se formaient dans les quartiers populaires du centre ville et autour du Palais national, siège de la présidence haïtienne.
Le président de la Cour de cassation d'Haïti, Boniface Alexandre, a annoncé qu'il assurait le pouvoir par intérim, comme le prévoit la Constitution
Les opposants d’Aristide prêts à coopérer
Dominique de Villepin avait poursuivi samedi 28 février ses consultations sur la crise haïtienne s'entretenant notamment avec l'opposition haïtienne, son homologue américain Colin Powell et le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Il a également indiqué être prêt à participer à la mise en place d'une force civile internationale de paix qui viendrait à l'appui d'un gouvernement d'union nationale.
De son côté, l'opposition haïtienne, par la voix de l'un de ses dirigeants Evans Paul, a accepté de coopérer avec la communauté internationale (les Etats-Unis, la France, le Canada, l'Organisation des Etats américains et la Communauté des pays de la Caraïbe) qui a proposé de un plan de règlement de la crise, lequel prévoit l'envoi d'une force internationale. M. Paul a également appelé les 'Chimères', partisans de l'ex-président Aristide, à déposer les armes et à la police d'assurer l'ordre dans l'île.
Le chef des insurgés, Guy Philippe, avait précisé leurs intentions : 'Nous voulons capturer le président pour le juger pour crime de haute trahison, assassinats, vols. Port-au-Prince 'est déjà presque entièrement encerclé, a-t-il souligné. Si nous n'avons pas encore attaqué Port-au-Prince, c'est pour donner une chance à la paix. Si Aristide s'en va, nous déposons les armes'.
Evans Paul, porte-parole de l'opposition démocratique haïtienne, avait déclaré que 'Plutôt que de nous envoyer des milliers d'hommes, la communauté internationale ferait mieux de nous débarrasser d'un seul homme'.