Sur le vif

Jean Sarkozy jugé pour un accident de scooter

| Mercredi 25 Juin 2008 à 22:55



Le fils du chef de l'État est poursuivi par un automobiliste qui l'accuse d'avoir rayé sa carrosserie, ce que nie l'intéressé. Le tribunal correctionnel de Paris s'est à nouveau penché, mercredi, sur le scooter le plus expertisé du monde : celui de Jean Sarkozy, accusé d'avoir rayé une BMW en octobre 2005, occasionnant des dégâts estimés à 260,13 € (nos éditions du 12 septembre 2007). Volé par la suite, ce Piaggio de 50 cm³ sera retrouvé par la police grâce à la mise en œuvre de techniques scientifiques de pointe.
Visé par une citation directe par le propriétaire de l'automobile, Mohammed Bellouti, le fils de l'actuel président de la République répond, pour l'heure, d'un délit de fuite. Le très jeune conseiller général des Hauts-de-Seine, étudiant en droit, se présente à l'heure, mince dans un costume gris, l'air timide, escorté par son avocat, Me Thierry Herzog. On dirait un demi d'ouverture encore tendre protégé de la mêlée judiciaire par un pilier trapu.
L'affaire, en elle-même, ne présente qu'un intérêt fort relatif. Le fils de M. Bellouti, qui conduisait le break ce 14 octobre 2005, pense que M. Sarkozy pilotait le deux-roues dont il aurait relevé l'immatriculation avec son passager qui a égratigné son puissant pare-chocs. «À aucun moment, je n'ai été impliqué dans un accident de la circulation», proteste le prévenu.
Le travail des experts semble de nature à accélérer l'examen de ce considérable dossier : le premier a été commis par la défense, le second par le tribunal. Les deux concluent que les traces relevées sur l'automobile sont incompatibles avec la version donnée par son conducteur : un scooter de ce type ne peut, selon eux, les avoir occasionnées.

Mais comme il y a foule, on discute, on chicane, on plaide des nullités de procédure, on plaide le fond, c'est beau comme du Daumier. Pour la partie civile, Mes Launay et Lejard réclament 260,13 € (le prix des réparations) agrémentés de 4 000 € pour le préjudice. «C'est un peu l'artillerie lourde», reconnaît Me Lejard. Le procureur, estimant la plainte «tardive» (quatre mois après les faits) et «évolutive», s'en remet aux expertises «remarquables» et, implicitement, requiert une relaxe. Me Herzog transpire comme si la peine de mort existait encore pour les rayeurs de pare-chocs et demande la relaxe. Il réclame en retour 4 000 € pour procédure abusive, que M. Sarkozy versera à des œuvres.
Le tribunal, présidé par Philippe Vandigenen, rendra son jugement le 29 septembre.