Monde

Jeûner au soleil

Ramadan 2009

Rédigé par Nadia Moulaï | Vendredi 21 Aout 2009 à 23:50

Cette année, le mois de ramadan commence en plein été. Cauchemar pour certains, chance pour d’autres. Les avis divergent. En tout cas, certains voyagistes se frottent les mains. Car pour ce nouveau Ramadan, les Français seront nombreux à se rendre dans les pays musulmans. Des vacances entre tourisme et spiritualité !



Faire rimer vacances et ramadan, difficile ? Détrompez-vous. Cette année, de nombreux Français passeront une partie du mois de ramadan en dehors de l’Hexagone. Destinations : Tunisie, Algérie, Maroc, Afrique subsaharienne, voire les pays du Golfe et bien sûr l’Arabie Saoudite.

Mohamed, journaliste de 35 ans, « c’est une volonté de passer deux semaines du mois de ramadan en Tunisie. En plus, j’emmène mon fils, je suis divorcé. Je souhaite qu’il s’imprègne de la culture musulmane », poursuit-il. Ramadan et éducation religieuse au programme de ces vacances, donc.

Pour autant, pas question pour lui de renoncer aux joies du tourisme, surtout pour son garçonnet de 2 ans. Alors, pour optimiser son séjour, il a pensé à tout : « Le matin, je vais à la plage. L’après-midi, je dors et, le soir, après le ftour [rupture du jeûne], je vais à la mosquée. »

Si la formule peut paraître contradictoire, voire audacieuse d’un point de vue strictement religieux, rien n’empêche de s’accommoder. Surtout pour les femmes. Leïla, 28 ans, comptable dans une société de production, l’a bien compris. Dans ses bagages, point de maillot de bain deux-pièces, cette année.
« J’ai déjà préparé ma djellaba pour la plage », s’exclame-t-elle, d’un ton amusé. « Mais cela ne me dérange pas du tout ! On ne fera pas les touristes. » Les priorités sont ailleurs. Avec Faraj, 29 ans, son conjoint, chargé d’études, ils seront quelques jours à Monastir (Tunisie), « histoire de découvrir l’ambiance du Ramadan. Il paraît que cela n’a rien à voir avec le Ramadan en France. »

Justement, le ramadan au bled, est-ce si différent qu’en France ? Sur la question, les avis sont mitigés. Selon Faraj, pour qui le jeûne du ramadan au bled n’est pas une première, l’expérience est positive. « On est plus serein et, surtout, on est en famille », précise-t-il. Une atmosphère chaleureuse donc… mais pas seulement.

Des vacances à la mosquée

Pour ce Franco-Tunisien, l’aspect religieux est essentiel. «Tu peux aller à la prière de tarawîh [prières nocturnes du mois de ramadan]. C’est vrai qu’en France, c’est aussi possible à condition de disposer d’une mosquée à proximité de chez soi », renchérit-il. Raison de plus de passer le Ramadan au bled pour les musulmans pratiquants.

Rachid, lui aussi, a opté pour deux semaines de jeûne au bled. Alger précisément. Contrairement à Mohamed, Leïla ou Faraj, les vacances passent à la trappe. À 31 ans, ce cadre supérieur dans le privé passera le Ramadan en famille mais sans plage ni sorties nocturnes. « Je n’ai pas envie de voir certaines choses à la plage… je ne suis pas maître de mon environnement. Alors, je vais en profiter pour me reposer, faire mes courses, bouquiner, aller à la mosquée... Rien de plus. » Rachid, très pratiquant, a même songé un temps à effectuer la ‘umra (petit pèlerinage) mais, avec son emploi, difficile de dégager plus de trois semaines de congés.

Une chance que les retraités savent saisir. Aminata et Adama, un couple de Maliens, installés en France depuis 30 ans, s’envolent à la mi-août pour une visite de La Mecque. « Nous en profiterons pour faire cinq jours de Ramadan dans le Golfe », expliquent-ils, fiers de leur futur périple. « Ce sera l’occasion de commencer le jeûne de ramadan dans le lieu le plus symbolique de notre foi ! » Quand on leur parle des températures ultra élevées dans la région, peu de réaction de leur part. « En France, les gens mangent devant nous, c’est pire », lance Aminata, les yeux rieurs. Sage programme, a-t-on envie de leur dire. Pas forcément le plus répandu en pays musulman.

Ramadan et fête

D’après Rachid, « les sahra [veillées nocturnes] sont fréquentes à Alger. Certains se réunissent pour jouer aux cartes, par exemple. » Il n’est pas rare que la fête prédomine sur le Ramadan, mois de piété et de recueillement. Parfois, « il y a un côté trop festif. Les gens passent leurs nuits à faire la fête au lieu de se rapprocher de Dieu », déplore Mohamed. Un constat largement partagé par Faraj : « Après le ftour, beaucoup vont dans les bars, même dans les cabarets. Ils semblent être dans une démarche culturelle plutôt que religieuse… »

Mais alors quelles différences avec un Ramadan en France ? À écouter Anissa, 19 ans, étudiante en droit, « passer un Ramadan en terre d’islam, c’est une chance ! » En vacances au Maroc pour un mois, elle attend le jeûne avec impatience. « Je ne redoute ni la chaleur ni la faim. En plus, j’ai hâte d’entendre l’appel du muezzin au moment du ftour. C’est une première pour moi. Je pense que cela va renforcer ma foi ! »






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