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Journée de mobilisation nationale pour la défense des retraites.

Rédigé par OURABAH Sofiane | Mardi 13 Mai 2003 à 00:00

La mobilisation de mardi s'annonce impressionnante, dans les transports publics - le métro parisien sera quasiment paralysé - et les écoles notamment. Certes, plusieurs centaines de milliers de personnes battront le pavé parisien et manifesteront dans la plupart des villes de France. Mais une partie des syndicats et le gouvernement, qui affronte là sa véritable épreuve sociale, préparent déjà l'après 13 mai. Une manière pour François Fillon de banaliser le « mardi noir » et d'en faire une simple étape attendue d'un processus devant conduire, inéluctablement, à la réforme.



La mobilisation de mardi s'annonce impressionnante, dans les transports publics - le métro parisien sera quasiment paralysé - et les écoles notamment. Certes, plusieurs centaines de milliers de personnes battront le pavé parisien et manifesteront dans la plupart des villes de France. Mais une partie des syndicats et le gouvernement, qui affronte là sa véritable épreuve sociale, préparent déjà l'après-13 mai. Une manière pour François Fillon de banaliser le « mardi noir » et d'en faire une simple étape attendue d'un processus devant conduire, inéluctablement, à la réforme.
 

Le 13 mai 2003 : 'C'est la rue qui gouverne'

La journée de grèves et manifestations dans le public et le privé contre le projet de réforme des retraites s'annonce mardi d'une ampleur exceptionnelle dans toute la France, avec notamment une paralysie des transports faisant ressurgir le spectre de la confrontation de 1995. Face à un projet de loi très détaillé, que le gouvernement n'envisage de modifier qu'à la marge, les organisations syndicales (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, Unsa, FSU, Sud, CNT), appuyées par les organisations de retraités, savent qu'il faudra faire une démonstration de force éclatante.

Tout au long du week-end le gouvernement a tenté de faire passer un message de fermeté, tout en annonçant une nouvelle séance de concertation avec les syndicats au lendemain des manifestations pour discuter des petites retraites et des longues carrières. Le ministre des Affaires sociales, François Fillon, qui s'exprimera dès mardi soir sur France 2, s'est dit une nouvelle fois 'convaincu que la réforme va passer', estimant que '2003 est différent de 1995'.

'Ce n'est pas la rue qui gouverne', a asséné le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin. La journée du 13 promet pourtant un nombre d'arrêts de travail 'sans égal depuis des années', selon le leader de la CGT, Bernard Thibault. Plus de 115 manifestations sont prévues dans toute la France. Dans la capitale, le cortège s'ébranlera à 11H00 place de la République jusqu'à Denfert-Rochereau. 84 cars ont déjà été affrétés par la CGT pour le seul département de la Seine-Saint-Denis.

Paralysie des transports

Les transports terrestres et aériens seront largement bloqués. Environ 80% des vols seront annulés au départ et à l'arrivée des aéroports, les transports urbains devraient être perturbés dans 60 à 70 villes, avec notamment de très fortes perturbations à Paris, tout comme sur l'ensemble du réseau SNCF.

La Fonction Publique, la plus visée par la réforme, devrait être fortement mobilisée, avec des grèves dans l'Education nationale - de nombreuses écoles resteront fermées mardi - ainsi qu'à la Poste, à EDF et GDF ou dans l'audiovisuel public. Plusieurs secteurs du privé, dont la mobilisation aura particulièrement valeur de test, ont également annoncé des arrêts de travail (Peugeot, sociétés d'autoroutes, Schneider, Alcatel, etc.). Un appel de cette ampleur, relayé par les partis politiques de gauche - PS, PCF, Verts, RMC et PRG seront présents dans les cortèges -, n'avait pas été enregistré depuis les grèves et manifestations de novembre-décembre 1995 contre le 'plan Juppé' qui prévoyait déjà le passage de 37,5 à 40 ans de la durée de cotisation dans certains régimes spéciaux relevant du secteur public, une disposition qui avait été retirée sous la pression de la rue. Mais c'est seulement si la contestation s'installe dans la durée que la comparaison avec 1995 pourra tenir, alors que les syndicats restent divisés sur le message qu'ils souhaitent lancer mardi : alors que certains veulent améliorer le projet de loi (CFDT, CFTC, CFE-CGC), d'autres (FO, CGT, Unsa, FSU) s'y opposent dans sa globalité et veulent s'engager dans une confrontation frontale.

L'après 13 mai

François Fillon prépare l'après 13 mai en rencontrant les syndicats dans la semaine,  afin de négocier sur la validité du texte sur les retraites Le gouvernement est également prêt à revoir son texte sur le cas des petites pensions. Actuellement, il a fixé à 75% du Smic la pension minimale. Il envisage de remonter le « minimum contributif », qui représente la prestation minimale perçue par les salariés ayant cotisé tout au long de leur vie. Curieusement, ce minimum (532 euros par mois) est inférieur au minimum vieillesse, qui concerne, lui, les personnes ayant insuffisamment cotisé (577 euros). C'est ce seuil que François Fillon propose de remonter progressivement d'ici 2008, avec l'idée de se rapprocher de 80% du Smic. La difficulté semble plus grande pour les carrières longues. Ce n'est, toutefois, pas l'épine la plus sérieuse pour le gouvernement : si le dialogue est maintenu avec la CFDT, l'attitude de la CGT restera déterminante.

La CGT, la FSU et l'Unsa appellent à une nouvelle mobilisation le 25 mai, tandis que FO estime que ce dossier 'mérite la grève générale'.