Société

#JusticePourAdama : de Paris à Marseille, une forte mobilisation contre les violences policières en France au rendez-vous

Rédigé par Lina Farelli | Mercredi 3 Juin 2020 à 08:00

A l'appel de la famille Traoré, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté, mardi 2 juin, contre les violences policières et le racisme dans plusieurs villes de France, plus particulièrement à Paris qui a vu la participation impressionnante d'une foule constituée de plus de 20 000 personnes.



Quelque 20 000 personnes ont manifesté à Paris contre les violences policières, mardi 2 juin, à l'appel de la famille d'Adama Traoré, quatre ans après sa mort des suites d'une interpellation policière.
L'arrêté de la préfecture de police de Paris portant interdiction de manifester n'a pas empêché la famille Traoré et ses soutiens de se rassembler en masse, mardi 2 juin, devant le Tribunal de grande instance, situé dans le nord de la capitale. Au moins 20 000 personnes, selon les chiffres préfectoraux, ont ainsi répondu à l'appel du comité de soutien à la famille Traoré, près de quatre ans après la mort d'Adama des suites de son interpellation à Beaumont-sur-Oise (Val d'Oise).

Cet important événement, à l'heure où la mort brutale, le 25 mai, de George Floyd des mains d'un policier blanc embrase les États-Unis, intervient quelques jours après le rendu des conclusions d'une expertise mettant hors de cause les gendarmes dans la mort d'Adama Traoré le jour de ses 24 ans.

Cette disculpation a été aussitôt rejetée par la famille qui a été informée, au moment même de la manifestation, des conclusions rendues par une nouvelle contre-expertise médicale indépendante. Celle-ci valide la thèse d'une mort « faisant suite à un syndrome asphyxique par plaquage ventral ».

« Cette contre-expertise a été réalisée par un professeur de médecine interne d'un prestigieux hôpital parisien. Les conclusions de ce rapport sont très claires : le décès d'Adama Traoré résulte du plaquage ventral exercé par les trois gendarmes », a fait savoir auprès du Parisien Me Yassine Bouzrou, avocat de la famille Traoré, qui réclame la mise en examen des gendarmes mis en cause.

Des manifestations similaires dans de grandes villes de France

En parallèle de la mobilisation francilienne, plusieurs manifestations ont été organisées à travers plusieurs villes de France, comme à Marseille. A Lille, quelque 2 500 personnes se sont rassemblées devant la préfecture, rapporte Ouest-France. A Lyon, ils étaient entre 1 200 et 2 000 à s'être rassemblés devant le palais de justice, selon Le Progrès.


Le rassemblement parisien, qui a vu la participation de plusieurs artistes dont les actrices Aissa Maïga, Adèle Haenel et Camélia Jordana, s'est déroulé dans le calme jusqu'à sa dispersion vers 21h. Quelques incidents en marge ont alors été constatés, poussant le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, à réagir.

« La violence n’a pas sa place en démocratie. Rien ne justifie les débordements survenus ce soir à Paris, alors que les rassemblements de voie publique sont interdits pour protéger la santé de tous », a-t-il indiqué sur Twitter, félicitant les forces de sécurité et de secours « pour leur maîtrise et leur sang-froid ».

« Vous avez raison, la violence n’a pas sa place en démocratie. Mais le placage ventral entraînant la mort non plus. Ou le tir de LBD en pleine tête. Ou l’impunité constante de ceux qui les pratiquent », a répondu l'eurodeputé Raphaël Glucksmann. « Donc saisissez ce moment historique pour mettre fin à ces violences là aussi. »

Mise à jour mercredi 3 juin : « Une marche historique, 40 000 manifestants pour réclamer justice pour Adama et toutes les victimes de la police en France », a fait savoir, sur les réseaux sociaux, le comité de défense de la famille Traoré au lendemain de la manifestation. « C'est un cas unique de notre histoire, le monde entier nous regardait. Nous étions le peuple debout, nos vies comptent. Ce n'est que le début. »

Mise à jour jeudi 4 juin : « Réveillons-nous » : le vibrant appel d’Omar Sy contre les violences policières en France à lire ici

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