Sur le vif

Karim Bouamrane qualifié de « muslim d’apparence » : Pascal Boniface fait une mise au point face à la polémique

Rédigé par Lina Farelli | Lundi 21 Octobre 2024 à 15:25



Pascal Boniface s’est attiré les foudres de Karim Bouamrane après que le politologue a qualifié, dimanche 20 octobre, le maire de Saint-Ouen de « muslim d’apparence ». Le directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) avait commenté sur X une vidéo de l’élu socialiste qui, lors de son passage dans l’émission Quelle époque, n’a pas souhaité s’exprimer sur la guerre à Gaza. En revanche, il a critiqué l'importation en France du conflit israélo-palestinien « à des fins électoralistes », reprenant ainsi les critiques régulièrement émises contre La France insoumise (LFI).

« Sincèrement, je m'interroge sur cet homme que je ne connais pas perso. Est-il un exemple de la méritocratie ? Alors bravo ! Ou instrumentalisé façon un muslim d'apparence qui ne critique pas Netanyahu et donc bénéficie d'une grosse promo médiatique », a écrit Pascal Boniface sur X.

« "Muslim d’apparence" : après 3h d’émission, après 30 ans d’engagement à gauche; élu de la République depuis 1995, voilà comment un chercheur me qualifie et se disqualifie définitivement. La lutte contre l'essentialisation continue ! Vive la République ! Vive la France ! », s’est indigné Karim Bouamrane. Ce à quoi le directeur de l’IRIS a répondu : « Je m’interroge juste sur votre parcours, votre succès médiatique et me demande s’il est lié à une "pudeur” sur les guerres du Proche-Orient. Je pense que votre réponse agressive clarifie les choses. Merci. »

Le tweet d’origine a été supprimé ce lundi 21 octobre mais la polémique ne désenfle pas. De nombreuses figures socialistes et macronistes ont apporté leur soutien à Karim Bouamrane. « Nul ne devrait être assigné à une supposée identité religieuse ou culturelle. Nul ne devrait préjuger de ce que peut penser un musulman, un juif, un chrétien ou un athée. Encore moins juger qu'une prise de position puisse en faire un "muslim d'apparence". Le débat démocratique ne l’est qu’à la condition de considérer chaque citoyen pour ses engagements », a jugé le Premier secrétaire du PS Olivier Faure. « L'assignation identitaire est l'inverse de notre pacte républicain », a indiqué, pour sa part, le ministre des Affaires européennes Benjamin Haddad.

L’indignation est telle dans les rangs socialistes que la mairie de Dijon a décidé d’annuler la 7e édition des Internationales organisée par la ville en partenariat avec l'IRIS. Ce rendez-vous était prévu les 22 et 23 novembre prochain mais « les commentaires de M. Boniface (…) s’opposent aux valeurs d’inclusion et de respect mutuel que défend la Ville de Dijon ». « De tels propos, qui contribuent à l’assignation identitaire et à la division, sont inacceptables », fait valoir la mairie dans un communiqué.

« Face à l’émotion suscitée par mon tweet sur Karim Bouamrane, je reconnais que l’usage de l’expression "muslim d’apparence" est maladroite et suscite des interprétations qui sont contraires à ma pensée », a affirmé Pascal Boniface. « Je retire donc ce tweet tout en maintenant les questions de fond que je pose face au silence concernant une situation inacceptable à Gaza, où le risque de génocide est chaque jour plus avéré. »

Lire aussi :
Chronique d’une année tragique sous les bombes à Gaza (1/3)
Chronique d’une année tragique sous les bombes à Gaza – Témoignage d’une longue année de souffrances (2/3)
Chronique d’une année tragique sous les bombes à Gaza – Entre peur, colère, indignation du présent et confiance en l’avenir (3/3)