9 septembre, à l'ICI, de g. à dr. : Patrick Haenni, Hakim El Karoui, Catherine Fieschi, Abderrahim Hafidi (modérateur), Abderrahman Bouzid, Raphaël Liogier, Marc Bellaïche.
D’après Raphaël Logier, qui dirige l’Observatoire du religieux d’Aix-en-Provence, la mondialisation est une cause très importante des conflits entre communautés. « C’est grâce à ses ennemis qu’on se définit. Avec la mondialisation, l’effacement des frontières, on cherche son ennemi non plus à l’extérieur de son pays, mais à l’intérieur. ». Patrick Haenni, chercheur à l'institut Religioscope, du Groupe de recherche sur l’islam en Suisse, voit le même phénomène en Suisse et en France. « C’est vrai qu’avec des contours plus flous on cherche à se positionner autour de conflits qui sont eux-mêmes globalisés. On a les même en France et en Suisse : une loi contre les minarets, contre la burqa. » De fait, la mondialisation affecte directement l’islam et ceux qui le pratiquent.
En Angleterre pourtant, les rapports avec les communautés musulmanes sont différents, témoigne Catherine Fieschi, directrice de Counterpoint, un think tank du British Council. « La société anglaise s’est accommodée de cette présence petit à petit, de manière très locale, sans calculer de stratégie d’intégration. » Les attentats du 11 septembre 2001 n’ont-ils pas remis en cause cette tolérance ? « Si, mais avec un résultat plutôt positif. Après le 11-Septembre, les autorités se sont certes méfiées de la communauté musulmane. Mais en cherchant le bon interlocuteur pour engager un dialogue, elles se sont rendu compte qu’il y avait non pas une communauté musulmane, mais des dizaines, toutes différentes. » L’Angleterre s’en sort donc avec une meilleure connaissance de ses minorités.
En France aussi, la multiplication des labels halal dans les enseignes traditionnelles tendraient à montrer que la tendance est à une certaine acceptation de cultures différentes, à l’instar de la Grande-Bretagne.
Abderrahman Bouzid a développé le projet « Halal et saveurs du Maghreb » au sein du groupe Casino. « Le concept du halal en grande surface est récent. Avant, on allait chez les petits commerçants. Aujourd’hui, un musulman peut concilier ses impératifs religieux et une vie sociale active. En allant faire ses courses dans un supermarché, il est un consommateur lambda, au même titre que celui qui achète bio ou casher. » Une société plus homogène, plus tolérante ? « Homogène dans ses habitudes, oui, mais Casino a développé ce label dans une logique marchande, pour répondre à une demande. »
« Risque de communautarisme », « discrimination » : l’affaire des Quick « halal » a tout de même suscité une avalanche de critiques, venues de tout bord. « Je ne vois pas ce que veut dire “risque de communautarisme”, s’énerve Raphaël Liogier. « Les humains vivent par essence en communauté. Pour moi, le seul risque possible, c’est qu’une communauté essaie d’imposer aux autres sa façon de voir : c’est ce que font ceux qui poussent de grands cris à propos des Quick “halal”. »
Pour Hakim El Karoui, président de l’Institut des cultures d’islam, la mondialisation implique pour les musulmans le passage d’une société traditionnelle à une société moderne : une transition difficile. Cependant, il tient à remettre les points sur les i. « Un exemple : aujourd’hui les femmes sont en moyenne plus éduquées que les hommes. Elles veulent avoir voix au chapitre dans leur foyer et cela remet en cause, chez les hommes, un certain confort, une certaine tradition. Ces derniers cherchent donc dans l’islam ce qui pourrait bien légitimer leur envie de domination. Il faut arrêter de dire que la France n’a pas de valeurs, l’égalité hommes-femmes en est une. On ne peut pas être démagogue et dire que tous les musulmans sont respectueux de ces valeurs. »
Que dire du milieu de la musique ? « Nous sommes relativement protégés de ces querelles. La musique a l’avantage de transcender les différences culturelles. C’est un moment de trêve », témoigne Marc Bellaïche, qui a fondé Mondomix. « Plus largement, je pense que la mondialisation, le fait de côtoyer des cultures différentes, est un moyen de réinventer indéfiniment son identité, de l’enrichir, et non de s’aliéner à une identité à vie. En ce sens, je pense que les artistes sont à l’avant-garde de ce phénomène. »
En Angleterre pourtant, les rapports avec les communautés musulmanes sont différents, témoigne Catherine Fieschi, directrice de Counterpoint, un think tank du British Council. « La société anglaise s’est accommodée de cette présence petit à petit, de manière très locale, sans calculer de stratégie d’intégration. » Les attentats du 11 septembre 2001 n’ont-ils pas remis en cause cette tolérance ? « Si, mais avec un résultat plutôt positif. Après le 11-Septembre, les autorités se sont certes méfiées de la communauté musulmane. Mais en cherchant le bon interlocuteur pour engager un dialogue, elles se sont rendu compte qu’il y avait non pas une communauté musulmane, mais des dizaines, toutes différentes. » L’Angleterre s’en sort donc avec une meilleure connaissance de ses minorités.
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Pour Hakim El Karoui, président de l’Institut des cultures d’islam, la mondialisation implique pour les musulmans le passage d’une société traditionnelle à une société moderne : une transition difficile. Cependant, il tient à remettre les points sur les i. « Un exemple : aujourd’hui les femmes sont en moyenne plus éduquées que les hommes. Elles veulent avoir voix au chapitre dans leur foyer et cela remet en cause, chez les hommes, un certain confort, une certaine tradition. Ces derniers cherchent donc dans l’islam ce qui pourrait bien légitimer leur envie de domination. Il faut arrêter de dire que la France n’a pas de valeurs, l’égalité hommes-femmes en est une. On ne peut pas être démagogue et dire que tous les musulmans sont respectueux de ces valeurs. »
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