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L'Irak se prononce sur le projet de Constitution sur fond de violence

Rédigé par La Rédaction | Samedi 15 Octobre 2005 à 10:55

C’est aujourd’hui que plus de 15,5 millions d’Irakiens sont invités à se prononcer sur le projet de Constitution avec pour question : «Approuvez-vous le projet de Constitution pour l'Irak ?». L’adoption de cette Constitution est vu comme un nouveau pas pour les Irakiens, deux ans et demi après la chute du régime de Saddam Hussein. Avec ce référendum d'importantes forces de sécurité ont été déployées. Les autorités redoutent un regain de violences le jour du scrutin.



A Bagdad, les musulmans de tradition chiites ont manifesté pour demander que l’accès à des postes à responsabilités, dans les rouages de l’Etat soit interdit aux anciens membres du parti Baas de Saddam Hussein.
Les représentants des autorités ont acheminé le matériel de vote vers les quelque 6.200 bureaux de vote où sont appelés à voter, ce samedi, 15,5 millions d'électeurs. La majeure partie des magasins ont gardé vendredi rideau baissé et la circulation était réduite au minimum en ce jour de la grande prière hebdomadaire.

La diversité des opinions

Partisans et opposants du texte, qui doit jeter les bases du nouvel Etat irakien, ont profité de la prière hebdomadaire pour galvaniser la foule. Les prédicateurs ont reflété la diversité des opinions dans le pays. "Vous ne devez pas laisser passer l'occasion de voter. Si vous le faites, cela accroîtra le risque d'une adoption du projet", a déclaré le cheikh Mahmoud Abdoulla à 5.000 fidèles à la mosquée Moustafa de Falloudja, ville à l'ouest de Bagdad qui reste un foyer d'agitation sunnite. Selon lui, la constitution est "un projet dangereux rédigé par les Américains pour diviser l'Irak".

Dans la ville sainte chiite de Kerbala, en revanche, un représentant du grand ayatollah Ali Sistani, qui a appelé cette semaine à voter "oui", a déclaré qu'une victoire du projet de constitution était importante pour l'unité future de l'Irak.

L’Irak sous haute sécurité

Devant les craintes de violences à l'approche du scrutin, un important dispositif policier a été déployé. Déjà jeudi soir est entré en vigueur un couvre-feu nocturne et les voitures particulières n’ont pas été autorisées à circuler de vendredi soir à dimanche matin. L'Irak vivait au ralenti vendredi, quadrillé par

Des barrages ont été mis en place autour des bureaux de vote de la capitale et des autres grandes villes. Les habitants ont constitué des stocks de provisions en prévision des quatre jours de congés accordés par les autorités pour maintenir la population dans ses foyers. Les rues et les grands axes sont quasi déserts en raison de mesures de sécurité exceptionnelles, que les insurgés ont promis de perturber.

Cinq Irakiens, dont quatre policiers, ont été tués vendredi dans différentes attaques, portant à onze le nombre de morts en deux jours.

Hier soir, vendredi, des actes de sabotage visant des lignes électriques ont privé de courant de larges secteurs de Bagdad et ses environs. Les lumières se sont éteintes peu après la rupture du jeune du Ramadan, vers 18h. Le courant est revenu dans certaines parties, mais la plupart de la capitale restait privée d'électricité cinq heures après le début de la panne.

Que prévoit, entre autre, le projet de Constitution

Le projet de Constitution soumis à référendum comporte 139 articles et stipule notamment que le pays est un Etat fédéral et une démocratie parlementaire où les élections législatives se tiendront tous les quatre ans. L'islam est religion d'Etat.

Si la Constitution est adoptée :

des élections législatives auront lieu d'ici le 15 décembre pour désigner un nouveau Parlement, puis les députés choisiront un nouveau gouvernement sera investi avant la fin de l'année. Ce sera le premier gouvernement irakien permanent, pleinement constitutionnel en Irak depuis l'effondrement du régime de Saddam Hussein en 2003. Les Arabes sunnites ont reçu la promesse qu'ils pourraient proposer des amendements constitutionnels durant les quatre premiers mois de la nouvelle législature. Pour être validés, les amendements devraient être approuvés à une majorité des deux tiers au Parlement et obtenir le soutien des électeurs dans un référendum.

Si la Constitution est rejetée :

le processus doit reprendre à zéro, le Parlement est dissous, mais les élections prévues mi-décembre se déroulent comme prévu. Le nouveau Parlement doit rédiger une nouvelle Constitution dans un délai d'un an et la présenter aux électeurs lors d'un deuxième référendum. En attendant, la Constitution intérimaire approuvée en mars 2004 continuerait à être la base légale du pays.



Selon la commission électorale, les résultats sont attendus sous quatre à cinq jours en raison de problèmes de communications et de la situation sécuritaire.