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L’UOIF veut renouveler sa direction

Associations musulmanes

Rédigé par B. AMMAR | Vendredi 23 Septembre 2005 à 20:21

L’Union des organisations islamiques en France tient son Assemblée générale ce week-end en région parisienne. Organisée sous forme de fédération, les dirigeants des associations membres sont invités aux débats du samedi 24 et du dimanche 25 septembre 2005 au Centre culturel Thierry le Luron au Raincy. Le point 7 de l’ordre du jour prévoit « l’élection du nouveau Conseil d’administration de l’UOIF » car le mandat du Conseil d’administration arrive à son terme.



Selon les statuts en cours, le président Lhaj Tami Breze ne peut pas briguer un nouveau mandat. Et il a fait savoir qu’il compte se tenir à ces dispositions. Mais des bruits de couloirs rapportent que M. Breze pourrait être reconduit à la tête de l’organisation. Ce qui n’est pas du goût de tous.

Le prix à payer pour le CFCM

Le dernier mandat du président Breze a connu bien de tempêtes arrivées par le calendrier du fait musulman en France. D’une part, la création du Conseil français du culte musulman (CFCM) et d’autre part, le vote de la loi antifoulard ont constitué deux événements nationaux majeurs que l’équipe à la tête de l’UOIF a dû gérer.

Son implication dans les négociations qui ont abouti à la création du CFCM a placé l’UOIF au devant de la scène politique française. M Fouad Alaoui, secrétaire général de l’Union, a été souvent sur les plateaux de télé et les antennes de radio pour démontrer qu’il n’était pas un frein mais un moteur à la création du CFCM. Il saura redorer l’image médiatique de son association. Il saura aussi conquérir les bonnes grâces de Nicolas Sarkozy déjà ministre de l’Intérieur en charge du dossier. Pour parvenir à un accord sur le CFCM, l’UOIF ne devait pas seulement négocier avec le pouvoir mais siéger à côté de la Grande mosquée de Paris, sa rivale, qui dirige le CFCM depuis sa création.

L’opération fut une réussite. Mais son coût sera lourd. Car ce nouveau processus d’institutionnalisation a fait des vagues dans la base du mouvement qui ne s’est pas souvent sentie concertée. La tête de l’UOIF a néanmoins tenu le choc et a mérité son poste de vice-président du CFCM. Elle se conformera aux accords signés avec ses pairs du CFCM, mais ne manquera de frapper sur la table lorsque ses intérêts sont menacés. Pendant quelques semaines, M. Alaoui démissionnera du Bureau exécutif du CFCM pour protester contre la démarche de nomination de l’aumônier général pour les musulmans dans les prisons. Ce geste inattendu a permis de reconquérir une partie de la base. Mais n’a pas suffi à convaincre tout le monde de la fidélité des dirigeants de l’UOIF à la ligne de leur mouvement.

Une figure charismatique du mouvement, Farid Abdelkrim, quitte le Conseil d’administration, estimant qu’il ne peut continuellement dire Amine à monsieur le ministre. Le président d’une association membre n’ose ouvertement exprimer ses critiques contre la tête de l’Union. Il choisit un pseudonyme, Ibrahim Ben Ammar, pour s’exprimer sur SaphirNet. Le Secrétaire de l’UOIF, Fouad Alaoui, lui répondra sans le convaincre puisqu’il reviendra à la charge. Ce week-end s’annonce donc houleux.

Le coût de la loi antifoulard

Le dossier de la loi antifoulard contribuera aussi à effriter la légendaire unité qui prévalait au sein de l’UOIF. L’Union fut la première organisation nationale musulmane en France à soutenir effectivement les lycéennes exclues de leur établissement à cause de leur Hijab. Cela se passait en 1989. Mais au moment où des jeunes filles non militantes, s’organisaient spontanément pour protester, au moment où le Parti des musulmans de France, un parti politique plutôt marginalisé, manifestait contre le projet de loi antifoulard, l’UOIF, la plus dynamique des organisations islamiques en France, affinait sa rhétorique sans vraiment bouger. La loi fut votée le 15 mars 2004. L’UOIF n’a pas manifesté. Le fossé s’est agrandi entre sa tête et sa base. Un fossé que la nouvelle équipe qui tiendra une conférence de presse dimanche 25, aura à cœur de fermer. La mission est encore possible, mais certainement pas facile.