Depuis deux semaines, les musulmans de la ville de Dreux en Eure et loir sont sous bonne garde. Le préfet a pris l’initiative de poster deux compagnies de CRS sur les plateaux où résident les classes populaires à majorité musulmane. Un déploiement exceptionnel des forces propre à inquiéter les habitants des lieux. Dans la matinée d’hier, jour de L’aïd, les abords des mosquées ont été particulièrement tenus à l’œil. Un nombre inhabituel de véhicules stationnés en défaut de stationnement a été verbalisé. Pour les Drouais, il s’agit là d’une tentative d’intimidation policière à l’occasion de l’Aïd al-Adha.
L’aïd sous haute surveillance exceptionnelle
L’an dernier Dreux fut la seule ville en France à bénéficier de dérogation préfectorale sur l’ouverture des abattoirs. Ce qui avait permis aux musulmans de faire le sacrifice rituel dans des conditions moins pénibles. Cette année, tous les fidèles avaient obligation de sacrifier leur agneau dans un abattoir mobile situé à une vingtaine de kilomètres dans une petite commune Tremblay les villages. La mesure n’était pas appropriée à la situation. Et les débordements étaient à craindre. Il fallait donc les prévenir. La préfecture a certainement voulu anticiper ce qui pourrait expliquer ces mesures d’exception.
Les fonctionnaires de la police nationale ont dressé plus d'une centaine de procès-verbaux à l’encontre des fidèles qui, pour participer à la prière de L’aïd El-Adha, s'étaient garés le long des trottoirs comme les années précédentes. Une autre mesure exceptionnelle. Scandalisé par ces P.V. d’un montant de 35 euros, le président du CRCM de la région centre M. ERRAJI, demande ' la clémence ' des autorités face à ce qu’il qualifie d’' excès de zèle regrettable '. Une réunion est prévue lundi 24 janvier entre le sous préfet M. Gérard Lacroix et le commissaire de police où la question de l’annulation de ces PV sera posée.
Les prix des moutons ont une poussée de fièvre
A Dreux comme ailleurs en France, le prix du mouton a flambé. L’éleveur n’a pas voulu faire de cadeaux en cette période de fête. Il fallait compter environ 250 € pour un agneau qui d’ordinaire coûte 80 €. Près de 1200 bêtes ont été sacrifiées. La capacité de l’abattoir est insuffisante pour satisfaire la demande estimée à plus de 3 000 têtes.
La tradition de L’aïd permet d’étendre la période du sacrifice sur 3 jours. Mais cette pratique n’est pas chose acquise chez tous les musulmans. Certains ont dû se ruer vers les grandes surfaces pour acheter leur mouton. Ce qui est contraire au rituel sur le sacrifice d’Abraham puisque l’animal doit être sacrifié après la prière. D’autres avaient prévu de faire don du prix de leur agneau au Secours Islamique, notamment pour aider les sinistrés du Tsunami en Asie du sud.
Dans l’ensemble, les fidèles dénoncent le peu d’effort fourni par l’Etat pour leur permettre d’exercer sans entrave leur liberté de culte. Ils dénoncent aussi l’inefficacité des représentants musulmans au Conseil régional du culte musulman de la région Centre, sensé faciliter les conditions de la pratique du culte musulman dans la région.