La prudence des premiers jours à ne pas faire le jeu des amalgames n'est plus à l'ordre du jour à Matignon. Au lendemain des fusillades qui ont secoué le Danemark, le Premier ministre Manuel Valls a lancé un appel à l'unité pour combattre « l'islamo-fascisme », « à l'extérieur, mais aussi à l'intérieur » de la France.
« Il faut désormais une rupture. Il faut que l'islam de France assume, qu'il prenne totalement ses responsabilités, c'est ce que demandent d'ailleurs l'immense majorité de nos compatriotes musulmans », a-t-il signifié lundi 16 février sur RTL, une semaine après son appel à « combattre le discours des Frères musulmans ». « Il ne faut céder ni à la peur ni à la division. Mais il faut en même temps poser tous les problèmes : combattre le terrorisme, mobiliser la société autour de la laïcité, combattre l'antisémitisme », a aussi déclaré le chef du gouvernement.
Un discours qui a fait bondir le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Par l’utilisation de l'expression « islamo-fascisme », entendue pour la première fois de la bouche de Manuel Valls (et même d'un responsable gouvernemental, y compris de droite), ce dernier « cède de plus en plus aux islamophobes et refuse de combattre un phénomène (l’islamophobie, ndlr) qui gangrène notre société et qui menace plus que jamais la cohésion sociale », a réagi l’association. « Cette réticence à reconnaître la réalité que vit notre pays ne fait que renforcer le discours de ceux que le gouvernement prétend combattre », écrit-elle encore.
« Il faut désormais une rupture. Il faut que l'islam de France assume, qu'il prenne totalement ses responsabilités, c'est ce que demandent d'ailleurs l'immense majorité de nos compatriotes musulmans », a-t-il signifié lundi 16 février sur RTL, une semaine après son appel à « combattre le discours des Frères musulmans ». « Il ne faut céder ni à la peur ni à la division. Mais il faut en même temps poser tous les problèmes : combattre le terrorisme, mobiliser la société autour de la laïcité, combattre l'antisémitisme », a aussi déclaré le chef du gouvernement.
Un discours qui a fait bondir le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Par l’utilisation de l'expression « islamo-fascisme », entendue pour la première fois de la bouche de Manuel Valls (et même d'un responsable gouvernemental, y compris de droite), ce dernier « cède de plus en plus aux islamophobes et refuse de combattre un phénomène (l’islamophobie, ndlr) qui gangrène notre société et qui menace plus que jamais la cohésion sociale », a réagi l’association. « Cette réticence à reconnaître la réalité que vit notre pays ne fait que renforcer le discours de ceux que le gouvernement prétend combattre », écrit-elle encore.
La controverse facile
Le mot « islamo-fascisme » surgit dans les années 1970 avec l'arrivée au pouvoir des ayatollah en Iran, « mais c’est surtout dans les années 2000 qu’il prend son essor, à la fois en France et aux Etats-Unis, soulevant bien des débats sans fin dans son sillage », a souligné Pascal Riché dans un édito paru au Nouvel Observateur.
« Ainsi, après le 11-Septembre, les néo-conservateurs s’emparent du mot qui a la force de l’oxymore (jusque-là, les fascistes n’aimaient pas trop les musulmans) », poursuit le journaliste. Ceux qui contestent l'expression « pointent non sans raisons le simplisme du rapprochement islamisme - fascisme ; ils dénoncent une intention d’amalgamer tous les mouvements islamistes (Al-Qaida, Hezbollah, Frères musulmans...) ; ils fustigent enfin l’islamophobie diffusée par la structure même du mot, bâti à partir de "islam" et non de "islamisme". Pourquoi, après tout, ne dirait-on pas "islamismo-fascisme" ? ».
Sont terroristes l'Etat islamique et les groupes radicaux faisant usage de la violence pour soutenir leur abominable cause politique. Alors pourquoi ne pas employer simplement le terme « terrorisme » ? L'utilisation de « islamo-fascisme » est, pour Jean-Yves Camus, chercheur à l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), « la preuve que l'Occident ne sait pas penser le totalitarisme autrement que par référence au fascisme. C'est pénible, car d'une certaine manière, on peut arriver à minorer des idéologies totalitaires à partir du moment où on considère qu'on n'y retrouve pas les critères du fascisme ». « Il faut que nous arrêtions d'avoir cette référence ultime du fascisme et du nazisme, qui au fond est une référence à la Shoah », a expliqué à l'AFP le spécialiste des extrémismes en Europe.
« Ainsi, après le 11-Septembre, les néo-conservateurs s’emparent du mot qui a la force de l’oxymore (jusque-là, les fascistes n’aimaient pas trop les musulmans) », poursuit le journaliste. Ceux qui contestent l'expression « pointent non sans raisons le simplisme du rapprochement islamisme - fascisme ; ils dénoncent une intention d’amalgamer tous les mouvements islamistes (Al-Qaida, Hezbollah, Frères musulmans...) ; ils fustigent enfin l’islamophobie diffusée par la structure même du mot, bâti à partir de "islam" et non de "islamisme". Pourquoi, après tout, ne dirait-on pas "islamismo-fascisme" ? ».
Sont terroristes l'Etat islamique et les groupes radicaux faisant usage de la violence pour soutenir leur abominable cause politique. Alors pourquoi ne pas employer simplement le terme « terrorisme » ? L'utilisation de « islamo-fascisme » est, pour Jean-Yves Camus, chercheur à l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), « la preuve que l'Occident ne sait pas penser le totalitarisme autrement que par référence au fascisme. C'est pénible, car d'une certaine manière, on peut arriver à minorer des idéologies totalitaires à partir du moment où on considère qu'on n'y retrouve pas les critères du fascisme ». « Il faut que nous arrêtions d'avoir cette référence ultime du fascisme et du nazisme, qui au fond est une référence à la Shoah », a expliqué à l'AFP le spécialiste des extrémismes en Europe.
L'islamophobie, une réalité non reconnue
Les amalgames avec la religion musulmane que renferme le mot « islamo-fascisme » - au même titre que « fascisme vert » communément utilisé au Front national mais pas que - fondent naturellement la controverse et viennent appuyer un sentiment de stigmatisation réel parmi les musulmans. En outre, la lutte contre l'islamophobie - ou les actes anti-musulmans, Manuel Valls s'étant toujours refusé à employer le terme - n'est pas citée dans son discours comme un combat essentiel pour la cohésion nationale, à l'heure où les actes visant les musulmans sont tout autant en croissance que ceux visant les juifs de France.
« Si l'unité doit faire la force, elle doit se concentrer autour des valeurs humanistes et fraternelles qui fondent notre République. Et non pas sur la construction d'un ennemi intérieur ni sur la stigmatisation d'une partie de la population, qui souffre déjà depuis des années de l'ambiance délétère qui règne dans notre pays », fait savoir le CCIF, appelant l’Etat à « prendre ses responsabilités, de reconnaître ses manquements et de prendre la pleine mesure des enjeux historiques auxquels notre pays fait face ».
Manuel Valls veut marquer les esprits par des formules chocs. C'est fait, mais au prix de la division qui conforte l'impopularité du Premier ministre auprès des musulmans de France.
« Si l'unité doit faire la force, elle doit se concentrer autour des valeurs humanistes et fraternelles qui fondent notre République. Et non pas sur la construction d'un ennemi intérieur ni sur la stigmatisation d'une partie de la population, qui souffre déjà depuis des années de l'ambiance délétère qui règne dans notre pays », fait savoir le CCIF, appelant l’Etat à « prendre ses responsabilités, de reconnaître ses manquements et de prendre la pleine mesure des enjeux historiques auxquels notre pays fait face ».
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