Paris, le 20 juin 2012. Une nouvelle fois, l'indépendance et la liberté de pensée des usagers de l'université sont attaquées pour avoir osé aborder la question du conflit israélo-palestinien. Ce lobbying, apparenté la plupart du temps à une exigence de censure, vise cette fois-ci un professeur dont on conteste le droit de choisir le contenu de ses examens.
Le mis en cause aujourd'hui est Christophe Oberlin, chirurgien orthopédiste engagé depuis 30 ans dans l'humanitaire et professeur émérite à Paris 7. Dans le cadre d'une épreuve optionnelle de « médecine humanitaire » qu'il dirige depuis trois ans, il a en effet été demandé aux étudiants de disserter, à partir d'une étude de cas basée sur la mort de 22 membres d'une famille gazaouie sous les bombardements israéliens en 2008-2009, sur les notions de crime de guerre, crime contre l'humanité, crime de génocide. Il s'agissait de sélectionner l'un de ces termes pour qualifier ce fait, par ailleurs relaté dans le rapport Goldstone et dont le contenu a été approuvé par l'assemblée générale de l'ONU. M. Oberlin a ainsi eu l'impudence de rappeler qu'Israël est un Etat soumis aux contraintes du droit international et que Gaza est un territoire susceptible d'en bénéficier, malgré toutes les tentatives de pression du gouvernement Netanyahu pour éviter que sa responsabilité soit mise en cause dans la mort de plus de 1400 Palestiniens lors de l'opération « Plomb durci ».
Ces évocations pourtant purement factuelles révulsent toujours autant le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) et le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA). Ces organisations, qui s'avèrent être des soutiens inconditionnels à la politique israélienne, se sont engagées dans une énième campagne de défense aveugle des intérêts de l'Etat hébreu en invoquant l'habituelle « incitation à la haine d'Israël ». Si ces réflexes lobbyistes ne surprennent plus tant affluent les tentatives de mises sous silence des exactions de l'Etat sioniste, comme ce fut le cas à l'Université Paris 8 où les pressions du CRIF et du BNVCA ont mené à l'interdiction du colloque « Israël : un Etat d'apartheid ? » fin février 2012 et à la fermeture administrative de la faculté, il est inquiétant de constater les connivences entre la politique de ces groupes de pression et la décision prise par la direction de Paris 7.
Son président, Vincent Berger, a en effet pris position contre l'enseignant, sans même avoir eu l'obligeance de le contacter, sans information autre que celle du CRIF, arguant que la question posée « comporte un caractère polémique regrettable contrevenant à l'esprit de neutralité et de laïcité de l'enseignement supérieur » et a appelé à l'ouverture « d'une enquête administrative ». Déclarations qui s'avèrent d'une étrange familiarité avec les propos du BNVCA, criant à la « faute professionnelle » de M. Oberlin qui transgresserait les « devoirs de réserve et de neutralité requis pour tout enseignant ».
C'est en adoptant une posture calquée sur celle de ces officines acquises au gouvernement israélien que l'université Paris Diderot s'oppose de fait à « l'esprit de neutralité de l'enseignement supérieur ». Laissons au professeur Oberlin le soin de formuler la question qui s'impose : « Si j'avais proposé une étude de cas sur le Soudan, pensez-vous qu'il y aurait eu polémique ? »
Cette réaction disproportionnée de la présidence d'une université - ou plutôt cette façon de céder à la pression qui n'est pas une première au regard des interdictions de débat à Paris 8, à l'ENS et à l'EHESS cette année - prouve une fois de plus que l'éducation est un enjeu de pouvoir perméable à l'influence de tels organismes qui vont jusqu'à s'arroger le droit de formuler les questions qui doivent êtres posées.
Nous condamnons fermement la décision du président de Paris 7 et déplorons la proximité croissante entre la position d'organismes de pression pro-israéliens et l'institution universitaire qui, au lieu de lutter contre cette ingérence idéologique, en adopte le cadre de réflexion.
Nous appelons à l'arrêt immédiat de l'enquête administrative, à ce qu'aucune sanction ne soit prise à l’encontre de M. Oberlin, au maintien de la question incriminée dans l'examen de « médecine humanitaire » et au respect de la liberté d'expression et d'éducation au sein des universités françaises.
Le Collectif Palestine Paris 8
Le mis en cause aujourd'hui est Christophe Oberlin, chirurgien orthopédiste engagé depuis 30 ans dans l'humanitaire et professeur émérite à Paris 7. Dans le cadre d'une épreuve optionnelle de « médecine humanitaire » qu'il dirige depuis trois ans, il a en effet été demandé aux étudiants de disserter, à partir d'une étude de cas basée sur la mort de 22 membres d'une famille gazaouie sous les bombardements israéliens en 2008-2009, sur les notions de crime de guerre, crime contre l'humanité, crime de génocide. Il s'agissait de sélectionner l'un de ces termes pour qualifier ce fait, par ailleurs relaté dans le rapport Goldstone et dont le contenu a été approuvé par l'assemblée générale de l'ONU. M. Oberlin a ainsi eu l'impudence de rappeler qu'Israël est un Etat soumis aux contraintes du droit international et que Gaza est un territoire susceptible d'en bénéficier, malgré toutes les tentatives de pression du gouvernement Netanyahu pour éviter que sa responsabilité soit mise en cause dans la mort de plus de 1400 Palestiniens lors de l'opération « Plomb durci ».
Ces évocations pourtant purement factuelles révulsent toujours autant le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) et le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA). Ces organisations, qui s'avèrent être des soutiens inconditionnels à la politique israélienne, se sont engagées dans une énième campagne de défense aveugle des intérêts de l'Etat hébreu en invoquant l'habituelle « incitation à la haine d'Israël ». Si ces réflexes lobbyistes ne surprennent plus tant affluent les tentatives de mises sous silence des exactions de l'Etat sioniste, comme ce fut le cas à l'Université Paris 8 où les pressions du CRIF et du BNVCA ont mené à l'interdiction du colloque « Israël : un Etat d'apartheid ? » fin février 2012 et à la fermeture administrative de la faculté, il est inquiétant de constater les connivences entre la politique de ces groupes de pression et la décision prise par la direction de Paris 7.
Son président, Vincent Berger, a en effet pris position contre l'enseignant, sans même avoir eu l'obligeance de le contacter, sans information autre que celle du CRIF, arguant que la question posée « comporte un caractère polémique regrettable contrevenant à l'esprit de neutralité et de laïcité de l'enseignement supérieur » et a appelé à l'ouverture « d'une enquête administrative ». Déclarations qui s'avèrent d'une étrange familiarité avec les propos du BNVCA, criant à la « faute professionnelle » de M. Oberlin qui transgresserait les « devoirs de réserve et de neutralité requis pour tout enseignant ».
C'est en adoptant une posture calquée sur celle de ces officines acquises au gouvernement israélien que l'université Paris Diderot s'oppose de fait à « l'esprit de neutralité de l'enseignement supérieur ». Laissons au professeur Oberlin le soin de formuler la question qui s'impose : « Si j'avais proposé une étude de cas sur le Soudan, pensez-vous qu'il y aurait eu polémique ? »
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Le Collectif Palestine Paris 8
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