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Société

L'association Lallab, harcelée sur la Toile et privée de contrats en service civique

Rédigé par Samba Doucouré et H. Ben Rhouma | Samedi 19 Août 2017 à 12:30

           

L'association Lallab, qui inscrit ses activités dans une démarche inclusive du féminisme, a été privée, sans explication préalable, de contrats en service civique après que l'agence en charge du dispositif ait été interpellée sur les réseaux sociaux par la fachosphère, lancée à plein régime dans une nouvelle campagne de cyber-harcèlement de l'association. La décision, qui a provoqué l'incompréhension des responsables de Lallab, a fait l'objet de vives condamnations vendredi 18 août. L'agence a démenti avoir cédé aux « injonctions portées par des mouvements politiques » et s'en explique auprès de Saphirnews.



L'association Lallab, harcelée sur la Toile et privée de contrats en service civique
L’association féministe Lallab annonçait fièrement le 9 août qu’elle recrutait trois personnes grâce au dispositif du service civique, qui permet aux associations et aux collectivités locales de verser des indemnités aux volontaires - des jeunes âgés de 16 à 25 ans - engagés pour des missions de courte durée (jusqu'à 12 mois). L'objectif des missions proposées : « aider à produire un environnement, des ressources et des outils favorisant la liberté de chaque femme musulmane à définir son identité et son parcours de vie. »

Une mauvaise surprise attendait néanmoins l'association jeudi 17 août. Elle s'est vue supprimer les annonces par l'Agence du service civique ainsi que son compte dans lequel « plus de 30 candidatures y avaient été déposées », et ce sans la moindre explication préalable. Celle-ci, interpellée sur Twitter par un responsable du Front national, a annoncé via son compte officiel que la mission proposée par Lallab a été retirée du site car elle ne « répond pas aux principes fondamentaux du service civique ».

Intérêt général, citoyenneté, mixité, accessibilité, complémentarité, initiative, accompagnement bienveillant et respect des statuts : tels sont les huit principes fondamentaux du service civique détaillés sur le site de l’agence. Aucune information complémentaire n’a été livrée sur la nature des points qui auraient été non respectés par Lallab, qui déplore que l'institution ait formulé une réponse sur Twitter non pas directement à elle « mais à (ses) cyber-harceleurs ».

L'agence a-t-elle cédé à la fachosphère ? Contacté par Saphirnews, le service de communication de l'agence a répondu dans la soirée du vendredi à nos sollicitations, démentant formellement dans un communiqué avoir « donné suite aux injonctions et requêtes portées par des mouvements politiques ».

Pour l'agence, « un risque de substitution à l’emploi » noté

Les missions, publiées « chaque semaine » par centaines sur son site, « font l'objet de contrôles a posteriori lorsque la mission n'est pas conforme à l'agrément accordé par l'Etat et/ou ne respecte pas l'un des 8 principes fondamentaux », répète-t-elle en les citant. « La suspension de missions, lorsqu'elles ne respectent pas les principes du service civique, est une procédure courante » qui « permet de revoir le contenu de la mission ».

« Cette procédure standard a été suivie lorsque les missions proposées par l'association Lallab, en partenariat avec Unis-Cités, ont été dépubliées du site le mercredi 16 août dernier, en raison d’un risque de substitution à l’emploi », explique l'Agence du service civique.

« Quand bien même nos missions posaient problème, il nous semble que la procédure logique aurait été de nous contacter directement plutôt que via une réponse Twitter à un de nos détracteurs », nous indique, pour sa part, Lallab, qui souhaite un entretien avec l'Agence « pour trouver des solutions ».

La mise à l’écart du dispositif de service civique, opérée de façon publique sans avertissement auprès des responsables de Lallab, a suscité de nombreuses réactions indignées d’internautes vendredi 18 août. Des internautes ont dénoncé l'arbitraire de la décision ainsi que l’incohérence de cette exclusion, en rappelant la diversité des missions assurées par des contractuels du service civique.


Lallab victime d'un cyberharcèlement constant

Lallab, qui a soufflé sa première bougie en mai dernier, revendique être une association féministe et antiraciste dont le but est de « faire entendre les voix des femmes musulmanes ». Lallab n'est pas pour autant une organisation cultuelle ; elle défend un féminisme inclusif où toutes les femmes - y compris voilées - ont leur place.

« Lallab est une association areligieuse, aconfessionnelle et apartisane dont le rêve est celui de faire en sorte que les femmes ne soient plus jugées, discriminées ou violentées en raison de leur genre, leur physique, leur orientation sexuelle, leur origines ou encore leurs convictions religieuses », martèle-t-elle.

Son discours n'est cependant pas pour plaire à tous. Ainsi, et particulièrement depuis que l’une de ses membres a participé à un échange télévisé face à l'ex-Premier ministre Manuel Valls en janvier, Lallab est régulièrement diffamée sur les réseaux sociaux, accusée notamment d’être une organisation « islamiste ». « Cette dernière campagne de diffamation est de loin la plus violente et la plus désastreuse » et « pour cette raison, nous ne pouvons donc en rester là et ainsi donner raison à ceux et celles qui nous accusent à tort et à travers », nous indique-t-on.

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