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L'auteur des attentats de Christchurch condamné à la perpétuité

Rédigé par Saphirnews | Jeudi 27 Aout 2020 à 09:30

La justice néozélandaise a condamné, jeudi 26 août, l'auteur des attentats islamophobes de Christchurch à la réclusion criminelle à perpétuité sans libération possible. Une peine qui constitue une première dans l'histoire judiciaire du pays, encore marqué par ce funeste jour du 15 mars 2019 désigné comme l'un des jours « les plus sombres pour la Nouvelle-Zélande » selon les mots de la Première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern.



C’est à l’issue d’une audience de quatre jours que Brenton Tarrant, l’auteur des attentats de Christchurch, a été condamné, jeudi 26 août, à la réclusion criminelle à perpétuité sans liberté conditionnelle. Un verdict qui constitue une première en Nouvelle-Zélande et qui est à la hauteur des faits ignobles que le terroriste, reconnu coupable de 51 meurtres, 40 tentatives de meurtres et un acte terroriste, a commis en mars 2019 contre les fidèles de deux mosquées lors de la prière du vendredi.

« Il revient à la Cour d'apporter une réponse de rejet catégorique face à des malfaisances aussi haineuses », a indiquénle juge Cameron Mander en prononçant la sentence, en mettant en exergue « la haine profonde » du tueur.

Présent à la Haute cour de justice de Christchurch pour son procès, le tueur australien, qui a plaidé coupable en mars dernier après avoir longtemps nié les faits, a entendu pendant quatre jours le récit des attaques qu’il a perpétrées.

Des témoignages poignants face à un tueur de marbre

Près de 90 témoins se sont succédé à la barre pour exprimer leur douleur, leur colère aussi, face au suprématiste blanc. « Je ne peux pas vous pardonner. Vous vous êtes autorisé à prendre l’âme de 51 personnes dont le seul crime à vos yeux était d’être musulman », a déclaré Maysoon Salma, la mère d’un des défunts. « Vous êtes déjà mort pour moi. Quelle que soit la peine que vous allez recevoir dans ce monde, ça ne sera jamais assez », a déclaré Noraini Milne, mère de Sayyad, tué à l’âge 14 ans

Khaled Majed Abdel Rauf Alnobani, qui a survécu au massacre, a tenu à faire savoir que Brenton Tarrant n’avait pas divisé la communauté musulmane de Christchurch. « Nous sommes plus unis que jamais. C’est grâce à toi. Merci pour ça » a-t-il affirmé.

D'autres témoins ont eu des mots autrement plus durs. « Oui, je le qualifie de diable parce qu’il est entré dans la maison de Dieu plein de mauvaises intentions afin de tuer des innocents. Vous avez tué les rêves de mes amis et de ma famille lors de votre acte lâche », a déclaré Mohammad Siddiqui, un des survivants de l'attentat.

« Ton père était un éboueur et tu es devenu un déchet de la société », a déclaré, sur un autre ton, Ahad Nabi, dont le père de 71 ans figure parmi les victimes. « Tu es un mouton qui a enfilé un costume de loup. (...) Moi, je suis fort. Tu m'as rendu plus fort », a-t-il conclu, en lâchant dans la foulée des doigts d'honneur et « Allah Akbar » (Dieu est Grand).

Autant de déclarations qui ont laissé le tueur de marbre, ce qui dénote une absence totale de regrets.

Un massacre prémédité qui aurait pu être plus grave

Le procès, auquel des centaines de personnes ont assisté dans diverses salles d'audience en raison du Covid-19, fut l'occasion de rappeler que le danger que représente le terrorisme d'extrême droite.

Le terroriste âgé de 29 ans n’avait, en effet, pas improvisé son attaque. Equipé d’un arsenal semi-automatique, il avait fait du repérage à l’aide d’un drone avant de passer à l’action. Il avait, par ailleurs, projeté d’incendier l’un des lieux de culte musulman avant de s’en prendre à un troisième à Ashburton, à une heure de route de Christchurch.

Son objectif ? « Tuer un maximum de personnes », a rappelé le procureur Barnaby Haws. Comble de l'horreur, le terroriste avait filmé le massacre qu’il avait retransmis en direct sur Facebook.

Brenton Tarrant désormais condamné, c'est à la prison de haute sécurité à Auckland qu'il va purger sa peine à perpétuité. Pour la Première ministre Jacinda Ardern, « le traumatisme du 15 mars n’est pas facile à guérir, mais j’espère aujourd'hui que c’est la dernière fois que nous avons à entendre ou à prononcer le nom du terroriste qui en est responsable ».

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