Religions

L’avenir du dialogue interreligieux assuré par la jeunesse

Rédigé par | Lundi 8 Avril 2013 à 18:15



Saïda Ounissi, vice-présidente du Forum des jeunes musulmans européens (FEMYSO), est entourée du président de l’association interreligieuse Coexister, Samuel Grzybowski (à g.), et du secrétaire général, Soufiane Torkmani, à la 30e RAMF de l'UOIF. (Photo : © Coexister)
Les débats et discussions autour du dialogue interreligieux ont rythmé le 30e Salon du Bourget organisé par l’Union des organisations islamiques de France (UOIF).

Pour appuyer l'esprit d'ouverture de la Rencontre annuelle des musulmans de France (RAMF) aux autres composantes religieuses de la société française, plusieurs personnalités du dialogue entre les religions ont été invitées à intervenir, à l’instar de Mgr Michel Dubost, évêque d'Evry et président du Conseil pour les relations interreligieuses de la Conférence épiscopale française. Celui-ci a fait le déplacement pour parler du rôle des religieux dans la promotion de la paix, de la justice et de la dignité, les mots d’ordre de la 30e RAMF, qui s’est déroulée en pleine fête de Pâques pour les chrétiens et de Pessah pour les juifs.

Une semaine après la tenue de cet événement important pour la communauté musulmane, le bilan qu’en tirent des acteurs du dialogue est positif, à commencer par l’association interreligieuse Coexister, dont la venue a été appréciée par le public. C’est dans le pavillon jeunesse que l'intervention de Coexister a été programmée, chaudement applaudie par le public comme en témoigne la publication chrétienne d'actualité La Vie.

Forte de ses 300 membres actifs, Coexister continue son ascension. Son président Samuel Grzybowski nous déclare avoir été « bouleversé » par la journée passée au Bourget. Parti plein d’« appréhensions » au sujet de l’UOIF, qu’on dit proche des Frères musulmans, malgré ses « cinq ans de militantisme interreligieux », il est ressorti avec une tout autre idée de la fédération et de ses sympathisants.

« Au risque de paraître ridicule, je m’étais imaginé devoir justifier de mon identité chrétienne à chaque stand du salon. Je pensais que chaque participant allait essayer de me convertir (…). J’ai convenu de jouer la stratégie du profil bas, de ne pas trop être démonstratif et de rester discret sur ma condition sociale », s’explique-t-il. « Je me rends compte que je suis totalement tombé dans le panneau qui consiste à croire que "les musulmans sont fréquentables, mais que l’UOIF, c’est la limite à ne pas franchir" ».

La RAMF, un rendez-vous incontournable

Les musulmans qu’il a pu rencontrer « veulent contribuer à l'effort national, au redressement de la France. Ils n’en peuvent plus du sort qu’on leur réserve. Ils n’en peuvent plus d’être méprisés, ignorés et ciblés », juge le jeune homme, invitant les responsables politiques à se rendre à la prochaine RAMF, en 2014. « Continuer à les (l’UOIF et ses intervenants, ndlr) exclure en refusant de leur reconnaître un rôle constructif dans la société, c’est exclure une partie de la France. »

Christophe Roucou, directeur du Service national pour les relations avec l'islam (SRI), n’a pas manqué également de faire un tour au Salon du Bourget. « Il ne suffit pas d'entendre parler de dialogue interreligieux, il faut que les gens voient débattre les responsables religieux. (…) La RAMF est la concrétisation de liens, de relations, de réflexions qui sont initiés en d'autres lieux. Ce n'est pas un show où l’interreligieux sert de caution d’ouverture » car « on se rencontre aussi ailleurs », nous confie-t-il, déclarant être « frappé par l’ambiance familiale et la diversité du public ».

« Je constate que, dans les régions de France, ce sont souvent des membres de l’UOIF qui sont partants pour le dialogue », citant les initiatives d’Azzedine Gaci à Lyon, de Tareq Oubrou à Bordeaux ou encore de l’Institut européen des sciences humaine (IESH) de Paris, affilié à l’UOIF, où des conférences sont organisées tous les vendredis. M. Roucou a plusieurs fois été invité à intervenir. Sa dernière conférence a été organisée le 1er mars autour la promotion de « la dimension spirituelle de l’homme » avec Ahmed Jaballah, président de l'UOIF.

Si le dialogue islamo-chrétien se porte bien en France, on ne peut en dire autant du dialogue judéo-musulman. L'enlisement du conflit israélo-palestinien affecte en effet les relations, bien qu'il soit non pas un conflit religieux mais politique. Des acteurs du dialogue continueront toutefois à répondre présents pour la 31e édition de la RAMF.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur