Eminence, Excellences,
Mesdames et Messieurs les Représentants de l’Etat et des Cultes,
Chers frères et amis musulmans,
Chers amis,
Je voudrais d’abord remercier la Conférence des évêques pour leur invitation et l’organisation de cette journée, où nous voulons célébrer l’action de l’Eglise catholique de France en faveur du dialogue entre chrétiens et musulmans, et aussi l’amitié construite au long des années. Le Cardinal Miguel Ayuso, Préfet du Dicastère pour le Dialogue Interreligieux à Rome, m’a encore demandé, il y a quelques jours, d’exprimer à la Conférence épiscopale non seulement ses salutations les plus chaleureuses mais aussi sa vive estime pour le travail accompli et combien important. Comme le disait encore le Pape François aux autorités civiles indonésiennes (4 septembre 2024) : « L’Église souhaite renforcer le dialogue interreligieux... ce qui est indispensable pour affronter les défis communs, dont celui de contrecarrer l’extrémisme et l’intolérance, lesquels – en déformant la religion – tentent de s’imposer en se servant de la supercherie et de la violence. Au contraire, la proximité, l'écoute de l'opinion des autres, cela crée la fraternité d'une nation. »
La célébration de cette journée est mise à l’épreuve par les conflits actuels, notamment au Moyen-Orient vers lequel sont tournées sans cesse nos pensées et nos prières. Etant donné le contexte de la France, qui accueille sur son sol les plus grandes communautés juives et musulmanes d’Europe, la situation délétère dans cette région du monde nous préoccupe tous particulièrement. Rappelons qu’il n’y aura pas de paix possible si l'on ne renonce pas à éliminer l'autre, si l’on ne désarme pas le langage, les discours politiques ou politico-religieux, les manuels scolaires, l’imaginaire de conquête.
Penser que le monde serait meilleur sans les personnes que nous n'aimons pas, sans les partis opposés ou sans ceux qui nous agacent est une tentation courante. Mais le monde est ainsi, il y aura toujours des personnes différentes, et de convictions différentes. Comment vivre alors ensemble, en frères ? « La reddition n’est pas celle d’un pays face à un autre, disait récemment le Saint Père (International Catholic Legislators Network, 24 août 2024), la reddition, c’est la guerre elle-même... L'énorme capacité destructrice des armements contemporains a rendu obsolètes les critères traditionnels de limitation de la guerre. »
Mesdames et Messieurs les Représentants de l’Etat et des Cultes,
Chers frères et amis musulmans,
Chers amis,
Je voudrais d’abord remercier la Conférence des évêques pour leur invitation et l’organisation de cette journée, où nous voulons célébrer l’action de l’Eglise catholique de France en faveur du dialogue entre chrétiens et musulmans, et aussi l’amitié construite au long des années. Le Cardinal Miguel Ayuso, Préfet du Dicastère pour le Dialogue Interreligieux à Rome, m’a encore demandé, il y a quelques jours, d’exprimer à la Conférence épiscopale non seulement ses salutations les plus chaleureuses mais aussi sa vive estime pour le travail accompli et combien important. Comme le disait encore le Pape François aux autorités civiles indonésiennes (4 septembre 2024) : « L’Église souhaite renforcer le dialogue interreligieux... ce qui est indispensable pour affronter les défis communs, dont celui de contrecarrer l’extrémisme et l’intolérance, lesquels – en déformant la religion – tentent de s’imposer en se servant de la supercherie et de la violence. Au contraire, la proximité, l'écoute de l'opinion des autres, cela crée la fraternité d'une nation. »
La célébration de cette journée est mise à l’épreuve par les conflits actuels, notamment au Moyen-Orient vers lequel sont tournées sans cesse nos pensées et nos prières. Etant donné le contexte de la France, qui accueille sur son sol les plus grandes communautés juives et musulmanes d’Europe, la situation délétère dans cette région du monde nous préoccupe tous particulièrement. Rappelons qu’il n’y aura pas de paix possible si l'on ne renonce pas à éliminer l'autre, si l’on ne désarme pas le langage, les discours politiques ou politico-religieux, les manuels scolaires, l’imaginaire de conquête.
Penser que le monde serait meilleur sans les personnes que nous n'aimons pas, sans les partis opposés ou sans ceux qui nous agacent est une tentation courante. Mais le monde est ainsi, il y aura toujours des personnes différentes, et de convictions différentes. Comment vivre alors ensemble, en frères ? « La reddition n’est pas celle d’un pays face à un autre, disait récemment le Saint Père (International Catholic Legislators Network, 24 août 2024), la reddition, c’est la guerre elle-même... L'énorme capacité destructrice des armements contemporains a rendu obsolètes les critères traditionnels de limitation de la guerre. »
Faire nôtre le message du pape en Indonésie
Cette année, dans l'Église, nous célébrons aussi un autre anniversaire : les 60 ans du Document Ecclesiam Suam du saint Pape Paul VI, connue comme « l’Encyclique du dialogue ». Dans cette lettre, le dialogue, pas seulement interreligieux, y est présenté comme « un art de communication spirituelle » (ES 3). Il le compare avec la douceur du Christ quand il dit : « Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme » (Mt 11, 29). « Le dialogue n'est pas orgueilleux, dit Paul VI. Il n'est pas piquant ; il n'est pas offensant. Son autorité lui vient de l'intérieur, de la vérité qu'il expose, de la charité qu'il répand, de l'exemple qu'il propose ; il n'est pas commandement et ne procède pas de façon impérieuse. Il est pacifique... (Il) indique une volonté de courtoisie, d'estime… (il) exclut la condamnation a priori, la polémique offensante et tournée en habitude... (S’il) ne vise pas à obtenir immédiatement la conversion de l'interlocuteur parce (qu'il) respecte sa dignité et sa liberté, (il) vise cependant à procurer son avantage et voudrait le disposer à une communion plus pleine de sentiments et de convictions. » (ES 81)
Pas de langage antisémite, islamophobe, christianophobe, antireligieux en général, ou même « politico-phobe » entre nous, car tout cela est contraire à la véritable spiritualité. Si nous ne voulons pas construire la civilisation de l’anti-frère, en France, en Europe et ailleurs, le chemin à entreprendre aujourd’hui est donc celui de l’éducation au dialogue : apprendre et enseigner à être flexible, convivial, à l’écoute. Il y a très peu d’endroits où l’on apprend à être agréable et fraternel, c’est-à-dire où l’on apprend à s’écouter, à dialoguer, mais non pas dialectiquement, comme dans les universités ou les assemblées parlementaires car là, il s’agit surtout de prouver une thèse ou de convaincre un adversaire.
Parmi les messages que le Pape François a laissés lors de son récent passage en Indonésie au cours de la rencontre interreligieuse à la mosquée Istiqlal de Jakarta (5 septembre 2024), l’une de ses invitations concrètes est de prendre soin des liens. « On pense parfois que la rencontre entre les religions consiste à rechercher à tout prix un point commun entre des doctrines et des professions religieuses différentes, disait-il. En réalité, il peut arriver qu'une telle approche finisse par nous diviser. Car les doctrines et les dogmes de chaque expérience religieuse sont différents… L’unité naît des liens personnels d’amitié, du respect mutuel, de la défense réciproque des espaces et des idées des autres ». Nous pouvons faire nôtre ce message adressé aux musulmans et aux chrétiens indonésiens en ce jour d’anniversaire, ici en France, du SNRM que je félicite encore une fois, au nom du Dicastère pour le Dialogue Interreligieux, pour tous ces liens tissés avec les musulmans de France et d’ailleurs. Je vous remercie.
Lire aussi :
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Jean-François Bour nommé à la direction du Service pour les relations avec les musulmans
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Un compendium sur le dialogue islamo-chrétien, pour « inspirer de nouvelles expériences » de fraternité
Fratelli Tutti : Vivre la fraternité, « un défi que nous devons relever ensemble dans la diversité de nos croyances et de nos cultures »
Pas de langage antisémite, islamophobe, christianophobe, antireligieux en général, ou même « politico-phobe » entre nous, car tout cela est contraire à la véritable spiritualité. Si nous ne voulons pas construire la civilisation de l’anti-frère, en France, en Europe et ailleurs, le chemin à entreprendre aujourd’hui est donc celui de l’éducation au dialogue : apprendre et enseigner à être flexible, convivial, à l’écoute. Il y a très peu d’endroits où l’on apprend à être agréable et fraternel, c’est-à-dire où l’on apprend à s’écouter, à dialoguer, mais non pas dialectiquement, comme dans les universités ou les assemblées parlementaires car là, il s’agit surtout de prouver une thèse ou de convaincre un adversaire.
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