Sur le vif

L'enseignante condamnée à 15 jours de prison

Rédigé par Laila Elmaaddi | Vendredi 30 Novembre 2007 à 10:50



L'enseignante britannique jugée au Soudan pour avoir permis à des élèves de nommer un ours en peluche Mohammed a été condamnée jeudi soir par un tribunal de Khartoum à 15 jours de prison et à l'expulsion "pour insulte à l'islam", un jugement qui a été dénoncé par Londres.

"Gillian Gibbons a été condamnée à 15 jours de prison à partir du jour de son arrestation (dimanche) et ensuite à être expulsée du pays", a déclaré à la presse son avocat, Kamal Jazouli, à l'issue de sept heures d'audience qui ont vu défiler témoins à charge et témoins de la défense.

La prévenue a pu prendre la parole et plaidé sa bonne foi disant, selon son avocat, que si "elle voulait porter atteinte à l'islam, elle l'aurait fait en Grande-Bretagne".

"Si on estime que j'ai fait une faute, je m'en excuse auprès de tous les Soudanais", a en outre déclaré Mme Gibbons, selon Me Jazouli.

La Britannique était accusée d'avoir laissé des élèves de 6 à 7 ans donner le nom de Mohammed à un ours en peluche alors que toute représentation du prophète de l'islam est illicite.

La prévenue a été évacuée discrètement du complexe du tribunal de Khartoum-Nord et son avocat est apparu assez satisfait du jugement. Il n'a pas fait part d'une intention de faire appel.

Devant la presse, le procureur, Babikr Abdellatif, a défendu le jugement, qu'il a décrit comme "juste", l'estimant de nature à calmer les frustrations des musulmans du Soudan qui ont "senti une grave atteinte au caractère sacré de leur prophète".

A Londres, les autorités ont toutefois fait part de leur vive déception. "Nous sommes extrêmement déçus par ce verdict et nous allons convoquer l'ambassadeur soudanais pour s'expliquer sur la situation", a commenté la porte-parole du Foreign Office.

Originaire de Liverpool, dans le nord de l'Angleterre, Mme Gibbons, 54 ans, avait été inculpée mercredi pour insulte aux croyances religieuses et incitation à la haine religieuse, après son arrestation dimanche.

L'article 125 du code pénal soudanais invoqué (qui traite des insultes à la religion, aux rites, aux objets sacrés et de l'humiliation des croyants) prévoit un maximum de six mois de prison, 40 coups de fouet et une peine d'amende.