Désormais, concernant les politiques d’immigration, on ne sait plus à quel saint se vouer ! Alors que les théories libérales ont beau nous enseigner que les flux de main d’œuvre sont une chance pour l’économie, Emmanuel Macron a choisi de faire de l’immigration sa cible de la rentrée. Remontons un peu dans le temps avec ce courant de la vie publique française.
Les Trente glorieuses ont constitué un formidable appel d’air pour les travailleurs et les travailleuses immigré-e-s. Le manque d’ouvriers a permis à de nombreux ressortissants de nos anciennes colonies de bâtir un avenir durable pour leurs enfants en métropole. Mais l’échec des politiques d’intégration, à compter du début des années 1980, a plongé les jeunes issus de l’immigration dans un profond désarroi vis-à-vis de la classe politique et des institutions.
À la suite des émeutes dans les banlieues au début des années 2000, les milieux d’affaire s’étaient émus de constater que ces jeunes ne constituaient pas la force vive de nos entreprises. Le mot d’ordre est alors devenu le suivant : pourquoi faire appel à l’immigration si les Français-e-s issu-e-s des quartiers populaires peuvent remplir le job ? Le nouvel objectif assigné aux pouvoirs publics visait donc à lutter contre toute forme de discrimination et à introduire une dose de « diversité » - raisonnable – partout où cela fût désirable et possible.
Les crises migratoires ont remis en cause ce schéma harmonieux. Et la montée du Front national, désormais Rassemblement national, a poussé les gouvernements successifs à une surenchère électorale fort dommageable pour la cohésion sociale. Dorénavant, sous prétexte que les auteurs de discriminations raciales ne font pas de distinction, les immigrés et les enfants d’immigrés ont été mis dans le même « sac » plutôt que d’être placés sur un pied d’égalité.
Les Trente glorieuses ont constitué un formidable appel d’air pour les travailleurs et les travailleuses immigré-e-s. Le manque d’ouvriers a permis à de nombreux ressortissants de nos anciennes colonies de bâtir un avenir durable pour leurs enfants en métropole. Mais l’échec des politiques d’intégration, à compter du début des années 1980, a plongé les jeunes issus de l’immigration dans un profond désarroi vis-à-vis de la classe politique et des institutions.
À la suite des émeutes dans les banlieues au début des années 2000, les milieux d’affaire s’étaient émus de constater que ces jeunes ne constituaient pas la force vive de nos entreprises. Le mot d’ordre est alors devenu le suivant : pourquoi faire appel à l’immigration si les Français-e-s issu-e-s des quartiers populaires peuvent remplir le job ? Le nouvel objectif assigné aux pouvoirs publics visait donc à lutter contre toute forme de discrimination et à introduire une dose de « diversité » - raisonnable – partout où cela fût désirable et possible.
Les crises migratoires ont remis en cause ce schéma harmonieux. Et la montée du Front national, désormais Rassemblement national, a poussé les gouvernements successifs à une surenchère électorale fort dommageable pour la cohésion sociale. Dorénavant, sous prétexte que les auteurs de discriminations raciales ne font pas de distinction, les immigrés et les enfants d’immigrés ont été mis dans le même « sac » plutôt que d’être placés sur un pied d’égalité.
Défendre une immigration de paix et de solidarité
De nombreux essayistes français tels que Renaud Camus, Eric Zemmour ou Laurent Bouvet ont préparé le terrain, y compris à gauche de l’échiquier, en se réjouissant, voire en tentant de raccrocher la montée des partis populistes européens aux atermoiements de nos dirigeants relatifs aux politiques migratoires.
Pour, enfin, rompre avec cette doxa, et rompre également avec les théories libérales, nous souhaitons pourfendre la vision, en réalité pessimiste, de ces auteurs et de nombreux responsables, pour défendre une immigration de paix et de solidarité avec les pays en proie à la guerre, aux dérèglements climatiques ou encore saignés par les conflits internes qui surgissent surtout et partout dans le tiers-monde.
Cette immigration de paix et de solidarité, inévitable et inéluctable dans un monde globalisé, peut nous amener à revoir et à moderniser nos politiques d’intégration sur le fondement du principe de fraternité. Prévoir des parcours d’intégration, inciter à l’entraide populaire, multiplier les espaces de discussion entre communautés, accompagner les migrants sur le plan psychologique, sont des pistes parmi tant d’autres. Redonnons une chance à l’humanité et à l’universel, là où les autres dogmes ont échoué.
*****
Asif Arif est avocat au Barreau de Paris et spécialisé sur les questions de laïcité et de libertés publiques. Il est l’auteur de « Être musulman en France » (Harmattan, 2019).
Mehdi Thomas Allal est maître de conférences à Sciences Po et responsable du pôle « Vivre ensemble » au sein du think tank le Jour d’après (JDA).
Lire aussi :
Nous, juristes, nous opposons au projet de loi sur l’asile et l’immigration
Immigration : penser avec les mots de l’ennemi, c’est déjà battre en retraite
Pour, enfin, rompre avec cette doxa, et rompre également avec les théories libérales, nous souhaitons pourfendre la vision, en réalité pessimiste, de ces auteurs et de nombreux responsables, pour défendre une immigration de paix et de solidarité avec les pays en proie à la guerre, aux dérèglements climatiques ou encore saignés par les conflits internes qui surgissent surtout et partout dans le tiers-monde.
Cette immigration de paix et de solidarité, inévitable et inéluctable dans un monde globalisé, peut nous amener à revoir et à moderniser nos politiques d’intégration sur le fondement du principe de fraternité. Prévoir des parcours d’intégration, inciter à l’entraide populaire, multiplier les espaces de discussion entre communautés, accompagner les migrants sur le plan psychologique, sont des pistes parmi tant d’autres. Redonnons une chance à l’humanité et à l’universel, là où les autres dogmes ont échoué.
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Asif Arif est avocat au Barreau de Paris et spécialisé sur les questions de laïcité et de libertés publiques. Il est l’auteur de « Être musulman en France » (Harmattan, 2019).
Mehdi Thomas Allal est maître de conférences à Sciences Po et responsable du pôle « Vivre ensemble » au sein du think tank le Jour d’après (JDA).
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