« La règle d'or ». La mosaïque est inspirée de la peinture de l’artiste américain Norman Rockwell, intitulée La Règle d'or. Rockwell voulait illustrer comment la Règle d'or est un thème commun dans la majorité des religions à travers le monde. Elle représente des gens de toutes races, convictions et couleurs avec dignité et respect. La mosaïque porte une inscription signifiant : « Comporte-toi avec les autres comme tu voudrais qu'ils le fassent avec toi. » (Photo ONU/Milton Grant)
Quelle ironie ! La Semaine mondiale de l’harmonie interconfessionnelle (World Interfaith Harmony Week) vient de s’achever début février et l’on observe en même temps l’exode de populations acculées à fuir leur région d’origine ou leur pays en raison de leur appartenance religieuse.
Cette Semaine mondiale de l’harmonie interconfessionnelle, célébrée depuis 2011, est une initiative patronnée par l’ONU, qui avait été proposée par le roi Abdullah II de Jordanie afin de célébrer les efforts interreligieux et de les mettre en avant.
Côtoyer des personnes non musulmanes, voire être amis avec celles-ci, ici même en Europe où nous sommes pourtant en minorités, peut paraître sans doute comme étant un exploit ! En effet, l’existence d’écoles confessionnelles ne favorise pas beaucoup ce processus, de même que l’arrière-pensée, prégnante chez certains, de convertir ses interlocuteurs dès les premiers contacts…
Aujourd’hui, rien ne nous encourage à la connaissance des non-musulmans : certains n’hésitent plus à remettre en question notre identité musulmane s’il nous arrive de visiter des lieux de culte autres que la mosquée ; à invalider des propos de tel chef religieux s’il mentionne des lectures d’ouvrages d’autres confessions ; à condamner des phrases comme celles qui associeraient les mots « juifs », « musulmans » et « amis »…
Ces attitudes ne reflètent ni la société médinoise de l’époque du Prophète Muhammad, que l’on aime tant vanter pour son respect de la coexistence religieuse et sa tolérance, ni les versets du Livre saint mentionnant la différence voulue par Dieu.
Soyons honnête, les agissements des autorités des pays à majorité musulmane envers les minorités religieuses sont très loin de nous fournir un rappel du respect, de la tolérance des premiers temps de l’islam.
Pour leur part, les médias relaient sans cesse tous les conflits où la religion est utilisée pour les justifier. Ceux qui traitent exclusivement de l’actualité des musulmans ne sont pas en reste : les persécutions infligées par des non-musulmans tournent en boucle, les horreurs perpétrées entre musulmans sont reléguées au second plan, les causes de la quasi-extinction de communautés religieuses comme celle des chrétiens en Irak sont tués.
En résulte une impression d’affrontement interconfessionnel global et de haine entre les communautés religieuses et non religieuses.
Rares sont les « unes » qui relatent des histoires comme celle de l’archevêque et de l’imam centrafricains parcourant leur pays en guerre et prêchant la paix et la réconciliation ou celle de musulmans faisant une chaîne humaine pour protéger une église en Égypte durant les attaques consécutives visant les chrétiens. Pourtant, ce sont celles que l’on devrait voir plus souvent, car elles reflètent la réalité.
La réalité, c’est également l’union des juifs et des musulmans allemands s’opposant à un projet de loi contre la circoncision. Ce type d’alliance ne fait pas la « une » et, pourtant, cela est possible grâce à l’existence d’amitiés, d’associations, de groupes de travail interreligieux. Cela est présent dans toute la France comme ailleurs dans le monde.
Grâce à ces amitiés, réelles, les dommages dans certains quartiers en période de crise sont réduits. Ainsi, les effets néfastes des prêches haineux de l’imam jordanien Abu Hamza sur les musulmans du quartier de Finsbury Park, à Londres, ont été limités grâce aux dialogues entrepris de longue date entre les fidèles de la mosquée et ceux d’églises environnantes.
Les efforts constants à garder de bonnes relations de voisinage, quelle que soit la religion du voisin, en plus des nombreux dialogues interconfessionnels, contribuent à réduire, par exemple, l’assimilation de tous les musulmans aux tueurs de Mombassa, au Kenya.
Pendant que certains membres de nos communautés musulmanes dissuadent les fidèles de côtoyer des non-musulmans, ces derniers en compagnie d’autres musulmans réfléchissent à faire en sorte de combattre les stéréotypes et préjugés dont souffre l’islam. Au moment où certains prêchent l’antisémitisme, des juifs et d’autres musulmans travaillent sur comment exporter le modèle des amitiés judéo-musulmanes occidentales ou alors sillonnent les quartiers de France pour instaurer un dialogue.
Dans chaque communauté religieuse existent des réfractaires au vivre-ensemble : parmi eux, ceux dont les divisions interreligieuses ne servent que les intérêts politiques et personnels. Or la grande majorité au sein des communautés religieuses et non religieuses ne souhaite que vivre en paix et y travaille pour cela.
Avec chaque communauté religieuse, nous devons nous concentrer sur l’application des valeurs de tolérance, de paix, de compassion : des valeurs déjà propres à l’islam.
Dernièrement, dans le cadre d’un séminaire sur les activités interreligieuses pour les adolescents, on m’a demandé qu’elle est la meilleure chose de ma religion : aujourd’hui, sans hésiter, je dirais la reconnaissance et le respect de la diversité.
Tutrice de français en Grande-Bretagne, Fatima Adamou est également researcher bénévole à l'association Christian Muslim Forum.
Cette Semaine mondiale de l’harmonie interconfessionnelle, célébrée depuis 2011, est une initiative patronnée par l’ONU, qui avait été proposée par le roi Abdullah II de Jordanie afin de célébrer les efforts interreligieux et de les mettre en avant.
Côtoyer des personnes non musulmanes, voire être amis avec celles-ci, ici même en Europe où nous sommes pourtant en minorités, peut paraître sans doute comme étant un exploit ! En effet, l’existence d’écoles confessionnelles ne favorise pas beaucoup ce processus, de même que l’arrière-pensée, prégnante chez certains, de convertir ses interlocuteurs dès les premiers contacts…
Aujourd’hui, rien ne nous encourage à la connaissance des non-musulmans : certains n’hésitent plus à remettre en question notre identité musulmane s’il nous arrive de visiter des lieux de culte autres que la mosquée ; à invalider des propos de tel chef religieux s’il mentionne des lectures d’ouvrages d’autres confessions ; à condamner des phrases comme celles qui associeraient les mots « juifs », « musulmans » et « amis »…
Ces attitudes ne reflètent ni la société médinoise de l’époque du Prophète Muhammad, que l’on aime tant vanter pour son respect de la coexistence religieuse et sa tolérance, ni les versets du Livre saint mentionnant la différence voulue par Dieu.
Soyons honnête, les agissements des autorités des pays à majorité musulmane envers les minorités religieuses sont très loin de nous fournir un rappel du respect, de la tolérance des premiers temps de l’islam.
Pour leur part, les médias relaient sans cesse tous les conflits où la religion est utilisée pour les justifier. Ceux qui traitent exclusivement de l’actualité des musulmans ne sont pas en reste : les persécutions infligées par des non-musulmans tournent en boucle, les horreurs perpétrées entre musulmans sont reléguées au second plan, les causes de la quasi-extinction de communautés religieuses comme celle des chrétiens en Irak sont tués.
En résulte une impression d’affrontement interconfessionnel global et de haine entre les communautés religieuses et non religieuses.
Rares sont les « unes » qui relatent des histoires comme celle de l’archevêque et de l’imam centrafricains parcourant leur pays en guerre et prêchant la paix et la réconciliation ou celle de musulmans faisant une chaîne humaine pour protéger une église en Égypte durant les attaques consécutives visant les chrétiens. Pourtant, ce sont celles que l’on devrait voir plus souvent, car elles reflètent la réalité.
La réalité, c’est également l’union des juifs et des musulmans allemands s’opposant à un projet de loi contre la circoncision. Ce type d’alliance ne fait pas la « une » et, pourtant, cela est possible grâce à l’existence d’amitiés, d’associations, de groupes de travail interreligieux. Cela est présent dans toute la France comme ailleurs dans le monde.
Grâce à ces amitiés, réelles, les dommages dans certains quartiers en période de crise sont réduits. Ainsi, les effets néfastes des prêches haineux de l’imam jordanien Abu Hamza sur les musulmans du quartier de Finsbury Park, à Londres, ont été limités grâce aux dialogues entrepris de longue date entre les fidèles de la mosquée et ceux d’églises environnantes.
Les efforts constants à garder de bonnes relations de voisinage, quelle que soit la religion du voisin, en plus des nombreux dialogues interconfessionnels, contribuent à réduire, par exemple, l’assimilation de tous les musulmans aux tueurs de Mombassa, au Kenya.
Pendant que certains membres de nos communautés musulmanes dissuadent les fidèles de côtoyer des non-musulmans, ces derniers en compagnie d’autres musulmans réfléchissent à faire en sorte de combattre les stéréotypes et préjugés dont souffre l’islam. Au moment où certains prêchent l’antisémitisme, des juifs et d’autres musulmans travaillent sur comment exporter le modèle des amitiés judéo-musulmanes occidentales ou alors sillonnent les quartiers de France pour instaurer un dialogue.
Dans chaque communauté religieuse existent des réfractaires au vivre-ensemble : parmi eux, ceux dont les divisions interreligieuses ne servent que les intérêts politiques et personnels. Or la grande majorité au sein des communautés religieuses et non religieuses ne souhaite que vivre en paix et y travaille pour cela.
Avec chaque communauté religieuse, nous devons nous concentrer sur l’application des valeurs de tolérance, de paix, de compassion : des valeurs déjà propres à l’islam.
Dernièrement, dans le cadre d’un séminaire sur les activités interreligieuses pour les adolescents, on m’a demandé qu’elle est la meilleure chose de ma religion : aujourd’hui, sans hésiter, je dirais la reconnaissance et le respect de la diversité.
Tutrice de français en Grande-Bretagne, Fatima Adamou est également researcher bénévole à l'association Christian Muslim Forum.
Du même auteur :
Islam : cessons de fuir les problèmes minant la communauté
L’état de La Mecque aujourd’hui : reflet de la communauté musulmane
Le gigantisme des mosquées met à mal notre pratique de l’islam
Avons-nous les moyens et la place de mourir demain ?
L’islam en danger
Ce que la situation des Syriennes dit de notre éducation sexuelle
Islamophobie : agir ou attendre une seconde « fournée » ?
La lutte des femmes commence en terres d’Islam
Ignorer les femmes ou comment détruire la communauté musulmane
La force des mots, la manipulation de trop
Le contrat du croyant
Apprendre la paix
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