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Sur le vif

L’irresponsabilité pénale du meurtrier de Sarah Halimi confirmé

Rédigé par | Jeudi 15 Avril 2021 à 08:00

           


©Patrick Janicek
©Patrick Janicek
Kobili Traoré, l'homme accusé d’avoir roué de coups et défenestré Sarah Halimi en avril 2017, ne sera pas jugé. Mercredi 14 avril, la Cour de cassation a confirmé la décision de la Cour d'appel de Paris qui avait estimé en décembre 2019 que le discernement du meurtrier avait été aboli par une « bouffée délirante aigue » au moment des faits.

L'instance ne remet pas en doute le caractère antisémite du crime mais explique dans un communiqué qu’une « personne qui a commis un acte sous l’emprise d’une bouffée délirante abolissant son discernement ne peut pas être jugée pénalement même lorsque son état mental a été causé par la consommation régulière de produits stupéfiants. En effet, la loi ne prévoit pas de distinction selon l’origine du trouble psychique ».

Après ce verdict, les avocats des proches de la victime ont fait part de « leur grande déception » et de leur « grande peine ». Un sentiment partagé des associations qui ne comprennent pas cette conclusion. « Le cas de Kobili Traoré va impacter l’ensemble de la communauté française car toute personne qui consomme des stupéfiants peut alors voir sa responsabilité pénale dissoute. C’est la porte ouverte à quantité de décisions que nous allons avoir à connaître dans les prochaines années », a déclaré Muriel Ouaknine Melki, présidente de l’Organisation juive européenne (OJE).

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, s'est dit « scandalisé par la décision de la Cour de Cassation qui confirme l’irresponsabilité pénale du meurtrier de Sarah Halimi ». « L’antisémitisme est tout sauf une folie, mais un délit pénalement reprehensible et dans le cas d’espèce, un crime odieux, dont le procès n’aura pas lieu, privant ainsi ses proches, de la reconnaissance de leur deuil. La Cour déshonore les valeurs fondatrices de la République et en particulier la fraternité, au cœur du projet de la Nation », a-t-il ajouté.

La famille de la sexagénaire tuée, qui avait formé un pourvoi en cassation il y a un peu moins de deux ans suite à la décision prise par la chambre d’instruction de la Cour d'appel de Paris, ne compte pas en rester là et a affirmé vouloir saisir le Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). En attendant, Kobili Traoré demeure hospitalisé en milieu psychiatrique.

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