Culture & Médias

L’islam, l’art et la culture à l’honneur à Marseille

Rédigé par Safiyya Vallet | Jeudi 4 Juillet 2013 à 17:30

L’Institut Méditerranéen d’Études Musulmanes (IMEM) a organisé sa dixième journée portes ouvertes dimanche 23 juin. L’institut, créé en 2000, propose ainsi chaque année un événement ouvert à tous au sein de la cité phocéenne, devenue cette année 2013 capitale européenne de la culture.



Le New York Times l’a classé deuxième destination mondiale où voyager cette année : bienvenue à Marseille, capitale européenne de la culture en 2013 ! Une programmation riche, en ON comme en OFF, de nouveaux lieux culturels de premier plan, des touristes venus du monde entier, une réhabilitation du centre-ville… le dynamisme culturel semble plein de promesses à Marseille.

Des voix dissonantes se font pourtant entendre depuis le début de l’année telles que celles d’Akhenaton ou de Keny Arkana, dénonçant un accès très inégal des habitants à la culture ou encore l’absence de la scène hip hop, très riche à Marseille, au sein de la programmation. L’Institut Méditerranéen d’Études Musulmanes (IMEM), qui célèbre ses 10 ans d’existence, a voulu pallier à ce déficit en donnant pour thème à sa journée portes ouvertes « L’islam, l’art et la culture ».

« À travers cet événement, nous voulons réaffirmer l’importance de l’art et de la culture dans la tradition musulmane, donner l’occasion de découvrir la diversité et la richesse des cultures attachées à l'islam et célébrer l’apport des musulmans à la culture marseillaise, française et européenne », explique l’Institut, qui propose également des formations de sciences islamiques et de langue arabe à un très large public.

Conférences et workshops au programme

Entre conférences et workshops créatifs, un programme riche et varié attendait les visiteurs dimanche 23 juin à l’Espace Magallon, qui ont pu profiter de la présence de l’artiste international El Seed. Grapheur calligraphe de talent, ce dernier a proposé aux petits et grands de participer à la création d’une fresque et a diffusé, en exclusivité, le documentaire retraçant son épopée lors de son « caligraffage » du minaret de la mosquée de Gabès, dans le sud de la Tunisie.

De nombreuses conférences se sont enchainées toute la journée, abordant, sous différents angles, la question de l’art dans l’islam et à Marseille. Véronique Rieffel, directrice de l’Institut des Cultures d’Islam (ICI) de Paris, a ainsi présenté l’approche originale de son établissement qui met en lumière la pluralité des arts de l’islam.

L’art et la culture ont leur place dans l’islam

Oeuvre de l'artiste El Seed
Mohamed Djadi, auteur du livre Les minarets de la Côte d’Azur est lui revenu sur deux siècles de présence et d’architecture des musulmans dans la région. Le public a ainsi pu re-découvrir la mosquée Missiri de Fréjus et sa couleur ocre rouge, construite la même année que la Grande Mosquée de Paris en 1928 et dont l’architecture a été inspirée par la Grande Mosquée de Djenné au Mali.

L’architecte Fawzy Boudghène a, quant à lui, présenté plusieurs chantiers de mosquées en cours de réalisation dans la région et a détaillé leurs inspirations architecturales. Les autres conférences, avec Cheikh Mestaoui, du Haut Conseil Musulman de Tunisie, Nejmeddine Khalfallah, enseignant de littérature arabe, Mustapha Dali, recteur de la mosquée de Cannes et ancien professeur d’arts dramatiques, et du théologien Mostafa Brahami ont également ravi le public présent lors de cette journée très enrichissante.

Seul bémol de la journée : la faible mobilisation des Marseillais. En effet, seule une centaine de personnes avait fait le déplacement pour cette journée portes ouvertes, malgré une programmation de grande qualité si rare à Marseille, une communication conséquente sur les réseaux sociaux et dans la ville ainsi qu’une organisation exemplaire par l’IMEM. Les invités de l’IMEM n’auront pas déplacé les foules mais n’en furent pas moins intéressants à écouter.

Les Marseillais seraient-ils trop souvent exclus des festivités ? Nassurdine Haidari, élu municipal de Marseille, est revenu face au public sur les déceptions liées à Marseille-Provence 2013, pour qui il s’agit d’« un projet qui valorise Marseille mais pas les Marseillais ». La culture a besoin d’être davantage démocratisée dans la cité phocéenne pour rendre les événements accessibles à un plus large public.