Société

La Déclaration d’Istanbul interpelle les musulmans du monde pour l’écologie

Rédigé par Mérième Alaoui | Vendredi 21 Aout 2015 à 13:07

Des dignitaires et des enseignants musulmans se sont réunis pour le colloque de l’Islamic Climate Change Symposium les 17 et 18 août. Ils lancent un appel aux musulmans du monde entier pour l’élimination complète des énergies fossiles d’ici à 2050 en vue de la COP 21 organisée à Paris.



Soixante dignitaires religieux se sont rassemblés à Istanbul, les 17 et 18 août, pour lancer un appel pour le climat. (Photo : Islamic Relief)
« Que diront de nous les générations futures, nous qui leur laissons une planète dégradée en héritage ? Comment nous présenterons-nous devant notre Seigneur et Créateur ? » C’est ainsi que les 60 responsables religieux venus de 20 pays différents interpellent 1,6 milliard de musulmans dans le monde. A l’occasion de l’Islamic Climate Change Symposium qui s’est tenu les 17 et 18 août dernier à Istanbul, les grands muftis du Liban et de l’Ouganda, le PDG de l'ONG Islamic Relief Worldwide (IRW) Mohamed Ashmawey et d'autres responsables musulmans d'envergure ont signé la Déclaration islamique sur le changement global.


« Nous nous engageons à mettre en œuvre toutes (ses) recommandations. La crise climatique doit être abordée à travers des efforts de collaboration », a déclaré au Guardian le président du Conseil indonésien des oulémas (MUI), Din Syamsuddin, qui représente 210 millions de musulmans.

Les débats ont eu lieu en présence de responsables d’ONG et d’intervenants non musulmans : un catholique, un luthérien, un hindou et un rabbin. C’est l’Islandais Halldor Thorgeirsson, directeur de la stratégie de la Convention cadre de l’ONU sur le changement climatique (UNFCCC), qui a pris la parole en clôture du colloque. Ce dernier est spécialisé dans la coordination des soutiens en vue de la COP 21 à Paris.

Suivre l'exemple du Prophète Muhammad

Le texte de ladite déclaration se rapproche de l’encyclique du pape François et de la «conversion écologique». « Notre espèce, quoique choisie pour être le gardien ou l’intendant (khalifah) de la terre, a été cause d’une telle corruption et d’une telle dévastation que nous sommes au risque de mettre fin à la vie telle que nous la connaissons sur notre planète », peut-on lire sur la déclaration. L’objectif est l’élimination progressive des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 et une stratégie 100 % d’énergie verte.

Les dignitaires musulmans rappellent que l’écologie et la préservation de la planète doivent être intégrées à la pratique de l’islam. Ainsi, ils se réfèrent à l’exemple du Prophète Muhammad qui vivait de manière « frugale, sans excès, sans gaspillage ni ostentation » et qui, même, « recyclait ses pauvres possessions en les réparant ou en les donnant ». Dans ses prêches, le Messager de l’islam recommandait de « préserver l’eau même au moment des ablutions rituelles » et il « interdisait l’abattage des arbres dans le désert », rappelle-t-on.

Appel à la responsabilité des pays

Les participants à l’Islamic Climate Change Symposium invitent les pays d'islam à réduire progressivement les émissions de gaz à effet de serre jusqu'à leur élimination totale d’ici à 2050. (Photo : Islamic Relief)
À l’occasion de la COP 21 qui se tiendra du 30 novembre au 11 décembre à Paris, les signataires espèrent que chaque État participera à l’effort. Ils interpellent en particulier les pays du Golfe, les invitant à « montrer la voie dans l'élimination de leurs émissions de gaz à effet de serre le plus tôt possible et au plus tard au milieu du siècle ». La déclaration d’Istanbul « est un appel vibrant en vue d’un combat spirituel contre le changement climatique qui sera très important pour les musulmans », a déclaré Hakima el-Haite, ministre de l’Environnement du Maroc, dans les colonnes du Guardian.

Contrairement à l’Église catholique, les musulmans n’ont pas de voix forte et unique telle que celle du Pape pour les guider. Ce combat devra être de la responsabilité de chacun, en particulier des entreprises multinationales. « Courir après une croissance économique illimitée sur une planète qui est achevée et déjà surchargée n’est pas viable. La croissance doit être poursuivie à bon escient et avec modération », préconise-t-on dans le texte. Une prise de conscience individuelle devient ainsi primordiale.