Mohamed Gnabaly présente la Ferme des possibles à des membres d’une association de quartier de Stains.
Stains, ZAC du Bois Moussay. Un environnement peu en phase avec ce nom champêtre : une agence de publicité, une clinique, une société d’installations électriques, un fabricant d’emballages alimentaires... Et, au bout d’un chemin avec des barres d’immeubles pour horizon, une surprise. Sur 1,2 hectare poussent salades, fraises, betteraves, prunes, pommes et une multitudes d’autres espèces et variétés de fruits et légumes : bienvenue à la Ferme des possibles.
La majeure partie des fruits et légumes produits par la Ferme des possibles sert à l’activité de traiteur pour les entreprises de la coopérative Novaedia.
Dans la serre, Mohamed Gnabaly, 32 ans, costume sombre et chemise bleue, est intarissable sur les variétés de tomates cultivées. Le directeur de la coopérative Novaedia, dont fait partie la ferme, expose le concept. « Cette ferme, c’est avant tout un trip de potes. À travers notre activité de traiteur pour entreprises, nous avions déjà mis en place la partie transformation et distribution d’une filière agroalimentaire. Avec la Ferme des possibles, nous avons maintenant une activité de production de fruits et légumes 100 % bio, en circuit court », explique Mohamed Gnabaly, auparavant financier dans une banque et aujourd’hui maire de L’Île-Saint-Denis depuis juillet 2016. La ferme devrait ouvrir au public en 2018, ses responsables préparent actuellement la construction d’un café-restaurant sur le site.
À l’heure où le gouvernement lançait les États généraux de l’alimentation, qui visent, entre autres, à « promouvoir les choix de consommation privilégiant une alimentation saine, sûre et durable », l’initiative de la Ferme des possibles fait sens. Mais elle va au-delà du simple concept de ferme urbaine.
À l’heure où le gouvernement lançait les États généraux de l’alimentation, qui visent, entre autres, à « promouvoir les choix de consommation privilégiant une alimentation saine, sûre et durable », l’initiative de la Ferme des possibles fait sens. Mais elle va au-delà du simple concept de ferme urbaine.
De moins en moins de subventions
La Ferme des possibles a en effet tissé des liens étroits avec des structures d’insertion et d’accompagnement des publics fragilisés, réunies au sein de l’association La Résidence sociale, elle-même entrée au capital de Novaedia en 2016. « Quatre personnes sont au quotidien sur la ferme, détaille Mohamed Gnabaly. Deux travailleurs handicapés spécialisés dans l’agriculture, un réfugié malien, ancien agriculteur, et le responsable du site qui est notre maraîcher et référent technique. »
Pour l’ensemble des activités de Novaedia, une vingtaine de personnes est employée : travailleurs handicapés, jeunes diplômés en début de carrière et jeunes sans qualification. La coopérative trouve son origine en 2011. C’est alors une association appelée Capital Banlieue, créée par cinq amis de 25 ans originaires de L’Île-Saint-Denis, pour la plupart diplômés en commerce, en marketing ou en finance. Capital Banlieue propose alors du soutien scolaire et de l’accompagnement auprès des jeunes. Mais les associations reçoivent de moins en moins de subventions, alors le projet change. « Nous avons créé notre coopérative avec pour objectif de générer activité économique et emplois dans le département, sans dépendre entièrement des subventions, décrit Mohamed Gnabaly. En territoire rouge, notre discours n’a pas toujours été bien reçu. »
Pour l’ensemble des activités de Novaedia, une vingtaine de personnes est employée : travailleurs handicapés, jeunes diplômés en début de carrière et jeunes sans qualification. La coopérative trouve son origine en 2011. C’est alors une association appelée Capital Banlieue, créée par cinq amis de 25 ans originaires de L’Île-Saint-Denis, pour la plupart diplômés en commerce, en marketing ou en finance. Capital Banlieue propose alors du soutien scolaire et de l’accompagnement auprès des jeunes. Mais les associations reçoivent de moins en moins de subventions, alors le projet change. « Nous avons créé notre coopérative avec pour objectif de générer activité économique et emplois dans le département, sans dépendre entièrement des subventions, décrit Mohamed Gnabaly. En territoire rouge, notre discours n’a pas toujours été bien reçu. »
À la rencontre des petits producteurs de la région
Les entrepreneurs injectent 70 000 € d’apport propre pour débuter le nouveau projet. Le modèle économique repose aujourd’hui à environ 80 % sur l’activité commerciale de la coopérative et à 20 % sur des donations, du mécénat et des subventions.
Le verger participatif de la Ferme des possibles est autogéré par des écoles de Seine-Saint-Denis.
À l’époque, les créateurs de Novaedia choisissent le secteur de la restauration, qu’ils estiment porteur, et montent leur laboratoire de fabrication à Saint-Denis. Ils vont à la rencontre de petits producteurs de la région pour leur expliquer leur concept de livraison de paniers de fruits, petits déjeuners et buffets aux entreprises.
Plusieurs d’entre eux se montrent intéressés pour leur fournir des fruits bio. « Au bout de quelques années, nos agriculteurs étaient saturés par la demande, évoque le directeur de Novaedia. C’est à ce moment-là, en 2014, que nous avons eu l’idée de produire nous-mêmes des fruits et légumes. Nous nous sommes installés sur un terrain en jachère, un ancien jardin partagé, concédé par la mairie de Stains. » Financièrement, la ferme est une source de dépenses pour la coopérative. Mais elle valorise son projet global et permet le développement de partenariats.
Plusieurs d’entre eux se montrent intéressés pour leur fournir des fruits bio. « Au bout de quelques années, nos agriculteurs étaient saturés par la demande, évoque le directeur de Novaedia. C’est à ce moment-là, en 2014, que nous avons eu l’idée de produire nous-mêmes des fruits et légumes. Nous nous sommes installés sur un terrain en jachère, un ancien jardin partagé, concédé par la mairie de Stains. » Financièrement, la ferme est une source de dépenses pour la coopérative. Mais elle valorise son projet global et permet le développement de partenariats.
Mare aux canards, ruches et poulailler cinq étoiles
En face de la serre, des arbres fruitiers en palmette – une technique de taille qui permet d’avoir des arbres de forme plate – composent le verger participatif autogéré par les écoles partenaires de la ferme. Car la vocation du lieu est aussi pédagogique. Des écoles de Noisy-le-Sec, de Bobigny, de Stains, de Saint-Denis, d’Aulnay-sous-Bois ou encore d’Épinay-sur-Seine organisent régulièrement des sorties de découverte de la ferme. « C’est génial de voir les gamins de Seine-Saint-Denis découvrir d’où vient la nourriture, dépeint l’ancien financier. Certains pensaient que la salade poussait sur les arbres… »
Plus loin, des choux et des fraises poussent entre des lignes de pommiers et de poiriers. Cette technique culturale qui consiste à mélanger verger et maraîchage permet notamment d’améliorer la fertilité du sol. La ferme comporte également une mare aux canards, onze ruches, un poulailler « cinq étoiles », « avec l’une des dernières races de poules originaire d’Île-de-France », et un petit amphithéâtre pour accueillir les visiteurs. « Il est constitué de briques issues de la construction de la Banque de France de La Courneuve et de dalles du stade de France », précise le maire « sans étiquette, tendance écolo » de L’Île-Saint-Denis.
L’ancrage territorial, qu’il soit matériel ou humain, est l’autre raison d’être de la Ferme des possibles : « Il y en a assez de voir les habitants de Seine-Saint-Denis comme des pauvres gens. Le département est plein de ressources inexploitées, il suffit de savoir où les trouver. »
Plus loin, des choux et des fraises poussent entre des lignes de pommiers et de poiriers. Cette technique culturale qui consiste à mélanger verger et maraîchage permet notamment d’améliorer la fertilité du sol. La ferme comporte également une mare aux canards, onze ruches, un poulailler « cinq étoiles », « avec l’une des dernières races de poules originaire d’Île-de-France », et un petit amphithéâtre pour accueillir les visiteurs. « Il est constitué de briques issues de la construction de la Banque de France de La Courneuve et de dalles du stade de France », précise le maire « sans étiquette, tendance écolo » de L’Île-Saint-Denis.
L’ancrage territorial, qu’il soit matériel ou humain, est l’autre raison d’être de la Ferme des possibles : « Il y en a assez de voir les habitants de Seine-Saint-Denis comme des pauvres gens. Le département est plein de ressources inexploitées, il suffit de savoir où les trouver. »
NOVAEDIA
• Année de création : 2013
• Statut : société coopérative d’intérêt collectif
• Siège : Saint-Denis (93)
• Activités :
– Corbeilles de fruits, petits déjeuners, cocktails et buffets pour les entreprises
– Production de fruits et légumes à la Ferme des possibles
– Paniers de fruits et légumes pour 30 familles
• Chiffre d’affaires : environ 700 000 €
• Nombre d’employés : 20
• Année de création : 2013
• Statut : société coopérative d’intérêt collectif
• Siège : Saint-Denis (93)
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– Production de fruits et légumes à la Ferme des possibles
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• Chiffre d’affaires : environ 700 000 €
• Nombre d’employés : 20
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En partenariat avec le Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ).
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