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La France demande des casques bleus pour Haïti

Rédigé par El abed Fatima | Mercredi 18 Février 2004 à 00:00

La France, inquiète devant la rapide détérioration de la situation en Haïti, a appelé aujourd'hui la communauté internationale à se mobiliser et à envisager l'envoi d'une «force de paix» internationale jusqu'à maintenant exclue. Des soldats de l'ONU en Haïti. C'est la dernière proposition de la France mardi 17 février pour mettre un terme à la crise à Haïti, qui a déjà fait plus de 50 morts et qui semble échapper au contrôle du régime en place.



La France, inquiète devant la rapide détérioration de la situation en Haïti, a appelé aujourd'hui la communauté internationale à se mobiliser et à envisager l'envoi d'une «force de paix» internationale jusqu'à maintenant exclue. Des soldats de l'ONU en Haïti. C'est la dernière proposition de la France mardi 17 février pour mettre un terme à la crise à Haïti, qui a déjà fait plus de 50 morts et qui semble échapper au contrôle du régime en place.

  Une crise qui a éclaté en faisant place à un  climat de « guérilla »

Malgré la reprise en main du pays par le gouvernement, un appel à 'l'insurrection' a été lancée vendredi par Butteur Métayer, le président du Front de résistance révolutionnaire de l'Artibonite, qui occupe Gonaïves, quatrième ville du pays, depuis le 5 février

 

Le gouvernement du président Jean-Bertrand Aristide quant à lui contrôlait encore ce vendredi 13 février, la majeure partie du pays, mais la chute de la ville de Hinche (centre-est) dans les mains de l'insurrection armée présents  déjà dans la  ville des Gonaïves au nord de Port-au-Prince a compliqué les choses.

Les insurgés du nord d'Haïti en attaquant  la ville d'Hinche, à 130 km de Port-au-Prince, près de la frontière dominicaine ont attaqué le commissariat de cette ville de 87 000 habitants, lundi 16 février, tuant trois policiers, le directeur départemental de la police, et deux autres policiers.

Un porte-parole des rebelles a indiqué sur la station indépendante Radio Métropole qu'ils entendaient marcher sur d'autres villes du nord de l'île, dont Cap-Haïtien, la deuxième ville du pays. Selon des médias, ils ont incendié les commissariats de bourgades voisines des Gonaïves, Ennery et Gros Morne. Celui d'Estère a été abandonné jeudi par les policiers.

Des journalistes haïtiens ont indiqué que des hommes armés avaient pris le contrôle du commissariat de police de la ville de Trou du Nord, à la pointe nord du pays. Ils ont aussi fait état de maisons saccagées et de victimes parmi les partisans du président.

Buter Métayer, le chef de file des insurgés depuis l'assassinat de son frère, a déclaré à Reuters Télévision que son mouvement ne déposerait les armes qu'après la démission du président Aristide.

Wilfort Ferdinand, un chef rebelle, a indiqué que ses troupes ne réclament ni armes ni argent, mais seulement l'aide internationale pour démettre Aristide. Ces organisations remontent à l'assassinat, en septembre 2003, d'Amiot Métayer, chef de l'Armée cannibale, qui a changé de nom mais contrôle toujours les Gonaïves. Les proches d'Amiot Métayer sont convaincus que l'assassinat a été commandité par M. Aristide.

 

Une situation critique qui pousse à la réaction internationale

Le ministre des Affaires étrangères français, M. Dominique de Villepin,  laisserait penser qu'une concertation était en cours pour mettre en place une force d'intervention.

 

Le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell quant à lui  avait affirmé vendredi qu'aucun projet d'intervention n'était à l'ordre du jour. «nous n'avons pas discuté ici d'un plan pour une intervention militaire ou toute autre forme d'intervention »

 

Le Premier ministre haïtien, Yvon Neptune, a souligné mardi la faiblesse des moyens haïtiens pour le maintien de l'ordre. « La force de police est jeune, le nombre de policiers est insuffisant », en appelant au  « devoir de la communauté internationale » de venir en aide à Haïti.

 

L'opposition haïtienne est ouverte aux modalités de l'envoi d'une force internationale, a indiqué de son côté le socialiste Micha Gaillard. « Nous accueillons avec satisfaction la position de la France, qui montre un intérêt certain pour Haïti », a-t-il ajouté.

 

A Genève, le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés a demandé que les pays voisins d'Haïti (République dominicaine, Jamaïque, Bahamas, Cuba et les Etats-Unis) se montrent accueillants en cas d'afflux de demandeurs d'asile haïtiens en raison de la crise actuelle.

Sur le plan humanitaire et face à la dégradation des conditions matérielles, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a acheminé lundi 1,6 tonne de médicaments à Gonaïves. Un chirurgien et un médecin ont également été envoyés sur place. Raul Elysée, représentant haïtien de la Croix-Rouge, a indiqué que les équipes du CICR soignaient cinq à dix blessés par balles chaque jour à Gonaïves, où une trentaine de personnes ont été tuées depuis le 5 février.

Depuis lors, les violences ont fait au moins 54 morts dans ce pays de 7,5 millions d'habitants. Malgré cela, le Président haïtien Jean Bertrand Aristide, a réaffirmé sa détermination à exercer la totalité de son mandat, jusqu'en février 2006, en dépit de la crise qui secoue son pays.