Affiche de propagande pour recruter des volontaires indigènes par le ministère français de la guerre
Saphirnews.com : Comment définiriez-vous, en quelques mots, le colonialisme ?
Olivier Le Cour Grandmaison : On pourrait définir le colonialisme comme cette entreprise conduite par des Etats et destinée, par le recours à la force, à leur assurer le contrôle d'un territoire et des populations qui y vivent dans le but d'exploiter les ressources de ce territoire et, si cela est possible, les "indigènes" qui s'y trouvent. Comme l'a écrit A. de Tocqueville dans De la démocratie en Amérique: "Ne dirait-on pas, à voir ce qui se passe dans le monde, que l'Européen est aux hommes des autres races ce que l'homme lui-même est aux animaux? Il les fait servir à son usage et quand il ne peut les plier, il les détruit." Pour le XIXème siècle en tout cas, cette citation témoigne de l'extraordinaire lucidité de Tocqueville relativement aux processus coloniaux de son temps tels qu'ils étaient en train de se dérouler en Amérique du Nord notamment, et tel qu'ils se sont déroulés aussi en Australie et en Tasmanie.
En ce qui concerne l'Algérie, on sait maintenant que Tocqueville a été un chaud partisan de la conquête et de la colonisation. De plus, pour atteindre ces deux buts, il n'a pas hésité à soutenir des méthodes de guerre particulièrement violentes puisqu'il s'est fait l'apôtre du refoulement des "indigènes" hors des territoires qu'ils occupaient traditionnellement afin de pacifier les régions ainsi vidées pour partie de leurs habitants.
En France, quel rapport existait-il entre l’idéologie républicaine et la colonisation ?
O.L.G : Les noces singulières et souvent sanglantes de la République et de la colonisation sont anciennes. Rappelons que la Seconde République a inscrit dans sa Constitution - art. 109 - que le "territoire de l'Algérie et des colonies est déclaré territoire français." Façon d'affirmer solennellement la souveraineté de la métropole sur ses colonies dans un contexte de rivalité importante avec la Grande-Bretagne.
Par ailleurs, à la suite de l'insurrection ouvrière de Juin 1848, le gouvernement de la République va déporter beaucoup d'insurgés en Algérie d'une part et encourager le départ de nombreux prolétaires vers cette terre d'autre part afin d'y développer le peuplement français et de travailler, dans le même mouvement, à la résolution de la question sociale qui se trouve au coeur de la situation et des débats de cette époque.
En ce qui concerne la Troisième République, il faut rappeler que les contemporains étaient très fiers du rôle majeur joué par les républicains dans la construction impériale française au lendemain de l'humiliante défaite devant l'Allemagne en 1870, de la perte de l'Alsace et de la Lorraine, et de la Commune de Paris enfin. En quelques années, en effet, la France est devenue la seconde puissante coloniale du monde, juste derrière la Grande-Bretagne, la rivale de toujours qui inquiète tout autant qu'elle est une source d'inspiration.
Dans le panthéon républicain et impérial de cette époque, un homme va être célébré : Jules Ferry en raison de son rôle majeur dans les conquêtes coloniales de cette époque. De plus, c'est sous la Troisième République que toute une série de dispositifs essentiels à la domination coloniale vont être arrêtés. Citons en particulier le Code de l'indigénat voté par l'Assemblée nationale le 28 juin 1881 pour l'Algérie. Il sera par la suite, et selon des modalités particulières, étendu aux territoires de l'empire. C'est ainsi que se met en place, et pour longtemps puisque ce Code ne va être aboli qu'en 1944, un état d'exception permanent dans les colonies.
Etat d'exception permanent et raciste, faut-il ajouter, puisqu'il ne vise que les "indigènes" considérés et traités comme des sujets français, c'est-à-dire comme des assujettis privés des droits et libertés démocratiques les plus élémentaires et soumis, qui plus est, à des dispositions répressives singulières qui ne pèsent que sur eux. Au fondement de cet ordre colonial se trouve en effet une règle bien connue des juristes et des hommes politiques de l'époque. Cette règle peut être énoncée en ces termes: les lois de la métropole sont inapplicables dans les colonies et pour les "indigènes". De là, la multiplication de dispositions exorbitantes du droit commun et la mise en place d'un double statut dans ces territoires: l'un pour les Français qui jouissent de l'ensemble des droits démocratiques garantis en métropole, l'autre pour les seuls "indigènes" sur lesquels pèsent donc des mesures discriminatoires et racistes en raison de leur appartenance supposée à des races inférieures réputées incapables d'être gouvernées de façon démocratique. En résumé: la République en métropole, et "le bon tyran" dans les colonies et pour les seuls "indigènes" comme l'a déclaré Arthur Girault, grand et influent juriste de la Troisième République.
On assiste depuis quelques années à une montée des tensions communautaires, voire à une concurrence des mémoires. Estimez-vous qu’il existe un traitement différencié de ces mémoires ? La mémoire coloniale n’est-elle pas devenue un enjeu politique dans notre pays ?
O.L.G : Je crois qu’il faut distinguer deux plans qui sont en rapport l’un avec l’autre mais qui sont néanmoins distincts et relativement autonomes l’un de l’autre. Il y a ce qu’on pourrait appeler la « bataille » pour la connaissance et en ce qui concerne cet aspect de la question, beaucoup de choses ont été écrites relativement à la dernière guerre d’Algérie notamment. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas continuer à travailler. Bien au contraire. Mais que l’essentiel est aujourd’hui connu et clairement établi et la responsabilité des uns et des autres, bien fixée.
Il y a par ailleurs la bataille pour la reconnaissance des crimes coloniaux commis par la France. Or, force est de constater, en dépit d’avancées significatives, je pense en particulier à la loi dite Taubira reconnaissant l’esclavage comme crime contre l’humanité, ou à la pose de plusieurs plaques commémoratives, à Paris et dans la région parisienne, à la mémoire des victimes algériennes des massacres des 17 et 18 octobre 1961, que ce passé ne fait toujours pas l’objet d’une attention commémorielle à la hauteur de ce qui a été perpétré dans les différentes colonies françaises. D’où la mobilisation d’associations diverses qui estiment, légitimement à mes yeux, que les autorités politiques devraient s’engager plus avant dans la voie d’une reconnaissance officielle et publique.
Ce serait certainement l’un des meilleurs moyens de mettre un terme à ce qu’il est convenu d’appeler la « guerre » des mémoires. Expression à mes yeux inadéquate dont l’une des fonctions est, entre autres, de chercher à discréditer des revendications que je tiens pour parfaitement légitimes. Ceux qui se vivent en France, soit comme des descendants d’anciens colonisés, soit comme des descendants d’esclaves considèrent - à juste titre, selon moi - que le passé colonial, que ce soit celui de l’esclavage ou de la colonisation en Afrique du nord, n’a pas, jusqu’à présent, fait l’objet d’une sanction commémorielle à la mesure de ce qui a été subi et enduré ,et à la hauteur des crimes qui ont été perpétrés au cours de la période de la traite négrière et au cours de celle de l’empire colonial à l'époque contemporaine. De ce point de vue, ils sont en droit, me semble-t-il, de s'estimer discriminer également sur le terrain mémoriel comme on dit.
Certains intellectuels et quelques mouvements ont parlé de post-colonialisme et de l’existence d’un continuum colonial dans notre société. Qu’en est-il ?
O.L.G : Relativement à certaines représentations, je pense en particulier à celles de l'Islam, trop souvent confondu avec l'islamisme, ou encore aux représentations qui font de "l'Arabe" en particulier, un être réputé inassimilable, ou en tout cas très difficilement, ces représentations, forgées pour certaines d'entre elles au XIX eme siècle, continuent d'être assez communément partagées et de produire des effets négatifs pour les hommes et les femmes ainsi visés, et stigmatisés en fait. Les nombreuses discriminations spécifiques qui pèsent sur les Français d'origines africaines ou maghrébines ne me semblent pas compréhensibles si l'on fait abstraction du passé colonial de la France, de la façon dont les populations "indigènes" furent alors appréhendées et traitées. Dire cela ne signifie pas que l'on puisse établir une sorte de continuité entre ce qui fut imposé dans les colonies et la situation actuelle. Du moins, ces relations doivent être pensées et étudiées afin d'examiner la façon dont le passé colonial de la France, jamais complètement passé, pèse encore sur la mémoire des vivants, pour paraphraser Marx, en déterminant une partie de leur vision du monde, des Autres, et de leurs pratiques.
La France est-elle prête à regarder son histoire en face ?
O.L.G : Si l'on se réfère à la loi du 23 février 2005, la réponse est visiblement non, en tout cas pour l'actuelle majorité qui, sur ce plan comme sur d'autres, semblent animer par un esprit certain de revanche.
En ce qui concerne la loi du 23 février 2005 justement, il me semble nécessaire d’exiger l’abrogation de l’ensemble de ce texte dont les aspects scandaleux ne se limitent au tristement célèbre maintenant article 4 de la loi faisant explicitement référence au caractère prétendument « positif » de la colonisation. Il y a plusieurs autres articles qui, sous des formes diverses, poursuivent des desseins similaires. C’est le cas de l’article 3 notamment qui a pour objectif de permettre la mise en place d’une fondation située à Marseille. Fondation à laquelle vont participer des associations de rapatriés. Il ne peut donc s’agir d’une fondation destinée à la recherche scientifique. De même qu’il est inacceptable que l’Etat sanctionne juridiquement une interprétation du passé, de même, ce dernier n’a pas à financer, par des fonds publics, une institution dont l’objectif est de vanter, entre autres, les mérites de « l’œuvre française » en Afrique du Nord comme l'indique aussi l'article premier de cette loi scélérate qui sanctionne une interprétation officielle, mythologique et mensongère du passé de la France coloniale.
Olivier Le Cour Grandmaison. Dernier ouvrage paru : Coloniser.Exterminer. Sur la guerre et l'Etat colonial, éditions Fayard.
Olivier Le Cour Grandmaison : On pourrait définir le colonialisme comme cette entreprise conduite par des Etats et destinée, par le recours à la force, à leur assurer le contrôle d'un territoire et des populations qui y vivent dans le but d'exploiter les ressources de ce territoire et, si cela est possible, les "indigènes" qui s'y trouvent. Comme l'a écrit A. de Tocqueville dans De la démocratie en Amérique: "Ne dirait-on pas, à voir ce qui se passe dans le monde, que l'Européen est aux hommes des autres races ce que l'homme lui-même est aux animaux? Il les fait servir à son usage et quand il ne peut les plier, il les détruit." Pour le XIXème siècle en tout cas, cette citation témoigne de l'extraordinaire lucidité de Tocqueville relativement aux processus coloniaux de son temps tels qu'ils étaient en train de se dérouler en Amérique du Nord notamment, et tel qu'ils se sont déroulés aussi en Australie et en Tasmanie.
En ce qui concerne l'Algérie, on sait maintenant que Tocqueville a été un chaud partisan de la conquête et de la colonisation. De plus, pour atteindre ces deux buts, il n'a pas hésité à soutenir des méthodes de guerre particulièrement violentes puisqu'il s'est fait l'apôtre du refoulement des "indigènes" hors des territoires qu'ils occupaient traditionnellement afin de pacifier les régions ainsi vidées pour partie de leurs habitants.
En France, quel rapport existait-il entre l’idéologie républicaine et la colonisation ?
O.L.G : Les noces singulières et souvent sanglantes de la République et de la colonisation sont anciennes. Rappelons que la Seconde République a inscrit dans sa Constitution - art. 109 - que le "territoire de l'Algérie et des colonies est déclaré territoire français." Façon d'affirmer solennellement la souveraineté de la métropole sur ses colonies dans un contexte de rivalité importante avec la Grande-Bretagne.
Par ailleurs, à la suite de l'insurrection ouvrière de Juin 1848, le gouvernement de la République va déporter beaucoup d'insurgés en Algérie d'une part et encourager le départ de nombreux prolétaires vers cette terre d'autre part afin d'y développer le peuplement français et de travailler, dans le même mouvement, à la résolution de la question sociale qui se trouve au coeur de la situation et des débats de cette époque.
En ce qui concerne la Troisième République, il faut rappeler que les contemporains étaient très fiers du rôle majeur joué par les républicains dans la construction impériale française au lendemain de l'humiliante défaite devant l'Allemagne en 1870, de la perte de l'Alsace et de la Lorraine, et de la Commune de Paris enfin. En quelques années, en effet, la France est devenue la seconde puissante coloniale du monde, juste derrière la Grande-Bretagne, la rivale de toujours qui inquiète tout autant qu'elle est une source d'inspiration.
Dans le panthéon républicain et impérial de cette époque, un homme va être célébré : Jules Ferry en raison de son rôle majeur dans les conquêtes coloniales de cette époque. De plus, c'est sous la Troisième République que toute une série de dispositifs essentiels à la domination coloniale vont être arrêtés. Citons en particulier le Code de l'indigénat voté par l'Assemblée nationale le 28 juin 1881 pour l'Algérie. Il sera par la suite, et selon des modalités particulières, étendu aux territoires de l'empire. C'est ainsi que se met en place, et pour longtemps puisque ce Code ne va être aboli qu'en 1944, un état d'exception permanent dans les colonies.
Etat d'exception permanent et raciste, faut-il ajouter, puisqu'il ne vise que les "indigènes" considérés et traités comme des sujets français, c'est-à-dire comme des assujettis privés des droits et libertés démocratiques les plus élémentaires et soumis, qui plus est, à des dispositions répressives singulières qui ne pèsent que sur eux. Au fondement de cet ordre colonial se trouve en effet une règle bien connue des juristes et des hommes politiques de l'époque. Cette règle peut être énoncée en ces termes: les lois de la métropole sont inapplicables dans les colonies et pour les "indigènes". De là, la multiplication de dispositions exorbitantes du droit commun et la mise en place d'un double statut dans ces territoires: l'un pour les Français qui jouissent de l'ensemble des droits démocratiques garantis en métropole, l'autre pour les seuls "indigènes" sur lesquels pèsent donc des mesures discriminatoires et racistes en raison de leur appartenance supposée à des races inférieures réputées incapables d'être gouvernées de façon démocratique. En résumé: la République en métropole, et "le bon tyran" dans les colonies et pour les seuls "indigènes" comme l'a déclaré Arthur Girault, grand et influent juriste de la Troisième République.
On assiste depuis quelques années à une montée des tensions communautaires, voire à une concurrence des mémoires. Estimez-vous qu’il existe un traitement différencié de ces mémoires ? La mémoire coloniale n’est-elle pas devenue un enjeu politique dans notre pays ?
O.L.G : Je crois qu’il faut distinguer deux plans qui sont en rapport l’un avec l’autre mais qui sont néanmoins distincts et relativement autonomes l’un de l’autre. Il y a ce qu’on pourrait appeler la « bataille » pour la connaissance et en ce qui concerne cet aspect de la question, beaucoup de choses ont été écrites relativement à la dernière guerre d’Algérie notamment. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas continuer à travailler. Bien au contraire. Mais que l’essentiel est aujourd’hui connu et clairement établi et la responsabilité des uns et des autres, bien fixée.
Il y a par ailleurs la bataille pour la reconnaissance des crimes coloniaux commis par la France. Or, force est de constater, en dépit d’avancées significatives, je pense en particulier à la loi dite Taubira reconnaissant l’esclavage comme crime contre l’humanité, ou à la pose de plusieurs plaques commémoratives, à Paris et dans la région parisienne, à la mémoire des victimes algériennes des massacres des 17 et 18 octobre 1961, que ce passé ne fait toujours pas l’objet d’une attention commémorielle à la hauteur de ce qui a été perpétré dans les différentes colonies françaises. D’où la mobilisation d’associations diverses qui estiment, légitimement à mes yeux, que les autorités politiques devraient s’engager plus avant dans la voie d’une reconnaissance officielle et publique.
Ce serait certainement l’un des meilleurs moyens de mettre un terme à ce qu’il est convenu d’appeler la « guerre » des mémoires. Expression à mes yeux inadéquate dont l’une des fonctions est, entre autres, de chercher à discréditer des revendications que je tiens pour parfaitement légitimes. Ceux qui se vivent en France, soit comme des descendants d’anciens colonisés, soit comme des descendants d’esclaves considèrent - à juste titre, selon moi - que le passé colonial, que ce soit celui de l’esclavage ou de la colonisation en Afrique du nord, n’a pas, jusqu’à présent, fait l’objet d’une sanction commémorielle à la mesure de ce qui a été subi et enduré ,et à la hauteur des crimes qui ont été perpétrés au cours de la période de la traite négrière et au cours de celle de l’empire colonial à l'époque contemporaine. De ce point de vue, ils sont en droit, me semble-t-il, de s'estimer discriminer également sur le terrain mémoriel comme on dit.
Certains intellectuels et quelques mouvements ont parlé de post-colonialisme et de l’existence d’un continuum colonial dans notre société. Qu’en est-il ?
O.L.G : Relativement à certaines représentations, je pense en particulier à celles de l'Islam, trop souvent confondu avec l'islamisme, ou encore aux représentations qui font de "l'Arabe" en particulier, un être réputé inassimilable, ou en tout cas très difficilement, ces représentations, forgées pour certaines d'entre elles au XIX eme siècle, continuent d'être assez communément partagées et de produire des effets négatifs pour les hommes et les femmes ainsi visés, et stigmatisés en fait. Les nombreuses discriminations spécifiques qui pèsent sur les Français d'origines africaines ou maghrébines ne me semblent pas compréhensibles si l'on fait abstraction du passé colonial de la France, de la façon dont les populations "indigènes" furent alors appréhendées et traitées. Dire cela ne signifie pas que l'on puisse établir une sorte de continuité entre ce qui fut imposé dans les colonies et la situation actuelle. Du moins, ces relations doivent être pensées et étudiées afin d'examiner la façon dont le passé colonial de la France, jamais complètement passé, pèse encore sur la mémoire des vivants, pour paraphraser Marx, en déterminant une partie de leur vision du monde, des Autres, et de leurs pratiques.
La France est-elle prête à regarder son histoire en face ?
O.L.G : Si l'on se réfère à la loi du 23 février 2005, la réponse est visiblement non, en tout cas pour l'actuelle majorité qui, sur ce plan comme sur d'autres, semblent animer par un esprit certain de revanche.
En ce qui concerne la loi du 23 février 2005 justement, il me semble nécessaire d’exiger l’abrogation de l’ensemble de ce texte dont les aspects scandaleux ne se limitent au tristement célèbre maintenant article 4 de la loi faisant explicitement référence au caractère prétendument « positif » de la colonisation. Il y a plusieurs autres articles qui, sous des formes diverses, poursuivent des desseins similaires. C’est le cas de l’article 3 notamment qui a pour objectif de permettre la mise en place d’une fondation située à Marseille. Fondation à laquelle vont participer des associations de rapatriés. Il ne peut donc s’agir d’une fondation destinée à la recherche scientifique. De même qu’il est inacceptable que l’Etat sanctionne juridiquement une interprétation du passé, de même, ce dernier n’a pas à financer, par des fonds publics, une institution dont l’objectif est de vanter, entre autres, les mérites de « l’œuvre française » en Afrique du Nord comme l'indique aussi l'article premier de cette loi scélérate qui sanctionne une interprétation officielle, mythologique et mensongère du passé de la France coloniale.
Olivier Le Cour Grandmaison. Dernier ouvrage paru : Coloniser.Exterminer. Sur la guerre et l'Etat colonial, éditions Fayard.