Sur le vif

La Guyane en grève générale, une délégation de ministres en vue

Rédigé par | Lundi 27 Mars 2017 à 14:19



« J'appelle au dialogue, à la responsabilité et à l'apaisement », a déclaré le Premier ministre lundi 27 mars à propos du mouvement social qui agite la Guyane depuis une semaine. Le département d’outre-mer est paralysé par des barrages qui bloquent les principaux axes routiers ainsi que le port de commerce. Depuis jeudi 23 mars, les établissements scolaires et les administrations sont fermés tandis que les stations-services sont au bord de la pénurie. La grève générale a été décidée ce weekend, pour la journée du lundi. Les vols moyens ou long-courriers ont aussi été annulés à l’aéroport.

Face aux conséquences que produit la grève générale promises par les syndicalistes, Bernard Cazeneuve a annoncé qu’une délégation ministérielle se rendra en Guyane « avant la fin de la semaine ». Il accède ainsi à l'une des revendications des syndicats locaux qui ne voulaient pas discuter avec la délégation interministérielle de haut-fonctionnaires missionnés sur place depuis samedi après-midi. « Cela fait six jours qu’on réclame la venue de ministres de très haut niveau pour entamer les discussions », déclare au Monde Antoine Karam, sénateur socialiste de la Guyane. La grève générale se poursuit pour autant.

L'insécurité en toile de fond

Le 17 mars, à Cayenne, un groupe d’une quarantaine de personnes cagoulées se sont introduites dans l’immeuble de la collectivité territoriale de Guyane (CTG) alors que se tenait une conférence sur la protection des fonds marins présidée par Ségolène Royal. Il s’agissait du collectif des 500 Frères, créé pour dénoncer l’insécurité locale. La Guyane, frontalier avec le Brésil, est le territoire le plus meurtrier de France avec 42 homicides en 2016.

« Il y a eu, depuis 20 ans, de nombreuses marches blanches contre la violence, personne n’a été entendu », explique Zadkiel Saint-Orice qui ajoute que « la cagoule en plein état d’urgence, c’est juste pour attirer l’attention, faire quelque chose de différent ».

Les 500 Frères se sont alliés au syndicat de l’Union des travailleurs guyanais d’EDF et aux Toukans. Les premiers bloquent le rond-point à l’entrée du Centre spatial guyanais à Kourou, alors que les seconds exigent le gel de la vente de l’hôpital de Kourou par la Croix-Rouge à un opérateur privé. La coalition se soulève également contre le taux de chômage qui s'élève à près de 22 %. Par ailleurs la question de l'accès à l'électricité et à l'eau est problématique. 15 % des Guyanais n'ont pas d'accès à l'eau potable. La Guyane est le territoire français le plus pauvre de France après Mayotte.

Mise à jour : Les ministres de l’Intérieur et de l’Outre-Mer, Matthias Fekl et Ericka Bareigts, ont prévu de se rendre, mercredi 29 mars, en Guyane, au lendemain du succès de la « journée morte » à laquelle environ 10 000 personnes ont participé à Cayenne, ainsi que plusieurs milliers d'autres dans d'autres communes de ce département ultramarin.

Lire aussi :
Un bagne pour jihadistes en Guyane ? Les regrets (tardifs) de Nicolas Dupont-Aignan
Antilles : de la carte postale à la carte sociale