Le dernier film réalisé et produit par Mel Gibson met en scène la dernière journée du Christ. Il suscite bien des polémiques aux USA depuis le 25 février dernier. La communauté juive y voit le risque d’alimenter l’antisémitisme en présentant les Juifs comme les principaux responsables de la mort de Jésus. Le grand rabbin ashkénaze d’Israël, Yona Metzger, vient de lancer une sorte de fatawa demandant aux juifs et aux non-juifs de ne pas aller voir le dernier film de Mel Gibson, film qu’il n’a de toute évidence pas pu voir lui-même et qui ne sera pas distribué en Israël.
Les rabbins sont contre le film
Les juifs sont semblent t-il montrés sous des traits cruels alors que les Romains sont montrés dans ce film sous des traits plus neutres ou plus distants. Le film est donc taxé d’antisémitisme mais également de faire la démonstration d’une extrême violence.
Ce film détone, notamment par sa facture : tourné en latin et en araméen et sous-titré en américain était un vrai défi dans l’industrie cinématographique américaine. Aucune société de production n’a souhaité prendre le risque de le financer. C’est donc Mel Gibson qui a financé de sa poche, à hauteur de 25 millions de dollars. Le film qui vient de rapporter près de 117,5 millions de dollars de recettes en 5 jours. Aujourd’hui les dites maisons de production s’en mordent les doigts.
Devant les salles de cinéma new-yorkaises, un rabbin a organisé une manifestation en criant à l’antisémitisme. Accompagné d’un autre coreligionnaire, ils ont revêtu une tenue de déportés qui ressemble à celle des pénitenciers américains du début du siècle par l’horizontalité des rayures. Les rayures des tenues des déportés étaient verticales. Dans la foule qui se presse pour voir le film, un homme les interpelle en leur disant qu’il faut cesser de manipuler les gens avec la Shoah et que la déportation des juifs pendant la seconde guerre mondiale n’a rien à voir avec le film et l’histoire biblique.
Le faible poids de la violence
La Ligue contre la diffamation, une organisation juive de New-york regrette déjà d’avoir suscité un tel débat et d’avoir involontairement contribué au succès du film. L’argument de la violence, saura-t-il raisonnablement tenir dans une société ou la culture cinématographique dans un souci spectaculaire use et abuse de la violence dans les films d’action ? Mel Gibson n’en est pas à son premier film réputé violent. Il filme le chemin de croix dans toute sa violence dans une version moins aseptisée que celles qui ont eu cours de mémoire de cinéphile.
Ponce Pilate, alors gouverneur romain de la Palestine occupée, face à la condamnation de Jésus, est plein de réserve et de doute. On lui doit la célèbre expression « je me lave des mains du sang de ce juste » Son attitude relève plus de celle de l’administrateur colonial, l’épisode de Jésus relève d’une question interne à la communauté juive et c’est de cette façon qu’elle est réglée. Le grand Caïphe se sent menacé par ce jésus, très critique à l’égard, des pharisiens sur la façon dont ceux-ci interprètent la loi pour ne pas s’y soumettre. Jésus est un réformateur de la religion en cours, le judaïsme. Si mise en péril du pouvoir il y a, le pouvoir colonial n’est pas en cause mais bien de l’autorité religieuse des docteurs de la Loi. Jésus recevra alors la peine capitale destinée aux personnes non-citoyenne de l’empire romain. Des milliers de personnes trouveront la mort sous cette forme. Pour les Musulmans, cette polémique n’a pas de sens. Car pour un milliard de musulmans, Jésus n’est pas mort sur la croix, il n’a donc pas été tué ni par les juifs, ni par les romains.
En France, le film devrait sortir en avril en France et sera produit par Tarak Ben Ammar et chacun pourra enfin se faire son opinion.