Société

La famille UOIF s'est retrouvée au Bourget

Entre bienséance et conservatisme, le salon se contente du 1er rang de la mosquée

Rédigé par Assmaâ Rakho Mom | Lundi 12 Mai 2008 à 16:44

L'Union des organisations islamiques de France (UOIF) organisait sa rencontre annuelle durant ce long week-end du 8 au 11 mai., sous le thème "La famille, réalités et défis". 25 ans après sa création, ce fut bien la famille UOIF qui s'est réunie cette année puisque, outre Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, tous les invités de la 25ème rencontre annuelle des musulmans de France faisaient partie du cercle UOIF. Manque d'ouverture et choix d'un thème à connotation conservatrice ont fait de cette rencontre celle des habitués, ne permettant par la même pas à la classe moyenne musulmane de pouvoir s'y reconnaître et y participer.



L'UOIF à l'heure du conservatisme

"La famille, réalités et défis", tel était le thème de la 25ème rencontre annuelle des musulmans de France organisée comme chaque année par l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), qui par la même fêtait sa 25ème année d'existence. Mais avec un thème tel que la famille, par essence conservateur, et un choix de personnalités intervenantes toutes issues du cercle de l'UOIF ou y évoluant, l'Union a incontestablement attiré cette année un public de marché. La jeunesse était peu présente, sauf samedi soir, au moment où Tariq Ramadan intervenait. La langue arabe également, utilisée par beaucoup de conférenciers, fut un facteur de désertion de la jeunesse. A quelques mois des élections du CFCM, l'UOIF a resserré les rangs autour de ses leaders, attirant fatalement des visiteurs issus "du premier rang de la mosquée". Ce conservatisme s'est exprimé jusqu’à la gestion de l'espace commercial. Des sociétés comme Asia Food Consulting, Gumoz, se sont vues au dernier moment interdire la vente de confiserie à base de gélatine. Halal Services, société de contrôle appartenant à l’écosystème UOIF avait en effet jugé non halal ces friandises. C’est d’autant plus surprenant que le Conseil européen de la fatwa, organisme auquel s’est toujours référé l’UOIF, émet un avis de souplesse sur la question puisqu’il tolère la gélatine.

Baisse d'affluence

Affiche vantant l'investissement immobilier à Dubaï
Selon les chiffres avancés par le service communication de l'UOIF, la 25ème rencontre aurait attiré près de 120 000 visiteurs, soit à peu près le même nombre que la précédente. Cependant, les allées étaient en général clairsemées et la salle de conférences le plus souvent au tiers pleine. Et alors qu'habituellement le samedi était jour de pic d'affluence, et que les allées étaient noires de monde autant à l'extérieur que sous les hangars, ce samedi 10 mai, l'on circulait sans difficulté.

Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette baisse du nombre de visiteurs. Le prix d'abord, de 18 euros pour la durée de la rencontre et de 12 pour une journée, a paru élevé pour beaucoup et l'on a pu entendre ici ou là, dans les navettes ou dans les allées, les visiteurs s'en plaindre.

Une classe moyenne absente

Les intervenants ensuite, choisis pour traiter de la question de la famille et qui constituent désormais des habitués de la rencontre. Ainsi du Cheikh Abdallah Basfar, du Cheikh Abdallah Ben Biya ou de dirigeants de l'UOIF comme Abdallah Benmansour ou Boubaker El Hadj Amor. Ces orateurs sont pour la plupart jugés très compétents et très appréciés du public, mais ce même public était en droit de s'attendre à plus d'ouverture et de nouveautés. D'autant plus que les transformations sociales, culturelles, morales, économiques à l'origine des nouvelles formes de famille n'ont été que rarement pris en compte dans les interventions.

Ce thème en outre n'a pas permis d'attirer sur le salon une classe moyenne musulmane de plus en plus présente et importante, évoluant dans le milieu financier ou au sein de grandes entreprises et imposant par la même une réflexion sur la gestion de la diversité au sein des entreprises et de la société françaises.

La présence sur place de trois stands dédiés à la promotion de l'investissement immobilier à Dubaï n'aura pas suffi à les convaincre de se déplacer. Le responsable d'un des stands nous confiera par ailleurs que sa présence lui servira principalement à se faire connaître et à nouer des contacts, la vente d'appartements ou de villas à Dubaï n'étant donc pas sa priorité.