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La femme est l’avenir de l’homme – Le combat d’une femme imame, de Sherin Khankan

Rédigé par Huê Trinh Nguyen | Jeudi 8 Mars 2018 à 09:00



L’avis de Saphirnews

Née au Danemark, d’un père syrien musulman et d’une mère finlandaise luthérienne, Sherin Khankan avait fait parler d’elle en ouvrant en 2016 la première mosquée pour femmes en Europe. Pire ! Elle allait s’afficher, avec d’autres coreligionnaires, comme étant les premières femmes imames de Scandinavie. Avec toutes les attributions relatives à ce statut jusque-là très masculin : prononcer des prêches, diriger la prière du vendredi, célébrer des mariages, accueillir des conversions…

Son récit biographique captive car l’auteure ne manque pas de faire part de ses doutes, de ses difficultés mais, surtout, de sa réflexion théologique inscrite dans le quotidien concret d’une ministre du culte engagée dans la société.

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Présentation de l’ouvrage par l’éditeur

« C’est à la mosquée que l’idée d’un féminisme islamique me traverse l’esprit. Écoutant le khutba du grand mufti, je me dis : Se pourrait-il qu’une femme conduise la grande prière du vendredi et qu’au lieu d’un homme, ce soit une personne du sexe opposé qui parle en ce moment ? Que se passerait-il ? »

Et pourquoi pas ? Sherin Khankan ne connaît pas la peur. Elle raisonne. Elle croit. Dans la première mosquée pour femmes en Europe, à Copenhague, elle se bat chaque jour pour une relecture tolérante du Coran. Ne portant le voile qu’à la mosquée, elle anime une « Islamic Academy » à l’intention des femmes, où sont enseignées la philosophie islamique et la prière. Elle y célèbre aussi ses premiers mariages interreligieux.

Dans ce livre confession, Sherin Khankan parle pour la première fois de son enfance, de sa pratique religieuse, du soufi sme. La mère de quatre enfants évoque sa famille avec tendresse, la militante son combat pour un féminisme islamique.

Lire un extrait

[p. 251-252] Pour nous, les femmes, la lutte a commencé et elle sera longue. En créant la première mosquée pour femmes en Scandinavie, nous avons posé un jalon, ouvert des possibilités nouvelles. Bien avant nous, d’autres femmes ont créé des mosquées dirigées par des imames, notamment en Chine, aux États-Unis, en Allemagne, en Afrique du Sud.

Maintenant, d’autres femmes encore se sentent habilitées à ouvrir d’autres mosquées ; et après le nôtre, d’autres lieux de culte sont mis en place à Berlin et bientôt à Bradford (Royaume-Uni) et en Norvège.

Ma mosquée Mariam n’appartient pas à un mouvement mondial ni à un réseau global. Mais, peu à peu, les femmes imames entrent en connexion les unes avec les autres, ainsi qu’avec des femmes rabbins ou prêtres et avec d’autres érudits musulmans partout dans le monde. Ensemble, nous poursuivons un même objectif.

Demain, et même dès aujourd’hui, nous modifierons la perception de l’islam dans le monde. Demain, nous nous battrons contre l’islamophobie. Demain, nous lutterons contre les structures patriarcales au sein de l’islam et aussi contre les interprétations du Coran qui permettent de discriminer les femmes. Nous incarnerons cette religion pacifique et bienveillante qu’est l’islam. Et cela en travaillant sur le terrain afin de changer les choses de l’intérieur. Partout, ici et jusqu’en Chine. Aussi longtemps que l’ignorance sera au pouvoir.

Sherin Khankan, La Femme est l’avenir de l’homme – Le Combat d’une femme imame, Stock, 2017, 270 p., 19,50 €.