Le 18 août, la ville de Rotterdam et l'université Erasmus mettaient conjointement fin et de façon anticipée à leur collaboration avec l'intellectuel genevois Tariq Ramadan. Elles lui ont reproché de présenter une émission hebdomadaire à la télévision Press TV, une chaîne basée à Londres et financée par le gouvernement iranien.
Tariq Ramadan enseigne l'islamologie à l'université d'Oxford (GB). Il était professeur invité à celle de Rotterdam et employé par la mairie comme conseiller sur les questions de politique d'intégration. Retour sur cette polémique avec l'intéressé.
Tariq Ramadan enseigne l'islamologie à l'université d'Oxford (GB). Il était professeur invité à celle de Rotterdam et employé par la mairie comme conseiller sur les questions de politique d'intégration. Retour sur cette polémique avec l'intéressé.
L'université Erasmus et la municipalité de Rotterdam vous ont licencié en raison de votre « lien indirect avec le régime répressif » iranien. Que rétorquez-vous ?
Lorsque mon contrat avec la municipalité a été renouvelé, je travaillais pour Press TV depuis sept mois. C'était connu. Mais le fait qu'un journal en informe puis que cela ait été repris dans les médias a été utilisé comme un prétexte. On s'est dit qu'après les élections en Iran, ce motif de licenciement aurait assez de poids auprès de l'opinion publique. Pourtant, aucune de mes émissions, depuis un an, ne démontre un quelconque soutien au régime. Et ma position par rapport à lui est claire: j'ai condamné à l'époque la fatwa contre Salman Rushdie, puis le concours de caricatures sur l'Holocauste en 2006 et enfin la répression des manifestations.
Quelle est la nature de vos émissions ?
Elles sont une fenêtre ouverte sur le pluralisme. J'y invite des femmes, voilées ou non, même des féministes, des rabbins, des sunnites se plaignant du peu d'espace dont ils disposent en Iran. Il y a des critiques contre le gouvernement, même si je n'en ai pas fait un forum politique. Cette émission est essentiellement religieuse et philosophique.
Lors de votre engagement, vous êtes-vous posé la question d'une récupération de votre image par le régime ?
Quand des représentants de la chaîne à Londres – je n'ai jamais eu affaire à des autorités iraniennes – m'ont demandé de travailler pour elle, j'ai pris trois mois de réflexion, consultant de nombreux amis iraniens, souvent opposés au régime. Ils m'ont dit: 'Il faut le faire au nom du débat pluriel'. Le fait que moi, un sunnite, présente un programme sur une chaîne chiite est un enjeu important. Mais j'ai posé comme condition d'être entièrement libre des sujets que je voulais traiter et de mes invités. Je suis autonome et je savais où je mettais les pieds. Je ne me soumets à aucune propagande, qu'elle vienne d'Iran, des USA ou d'Israël, qui affirme, pour s'innocenter de façon inacceptable, que l'Iran serait le principal obstacle à la paix au Proche-Orient.
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Auteur : Rachad Armanios
Source : Le Courrier
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