Le terme furûsiyya – de l'arabe faras, le « cheval » – désigne les activités équestres et la « science » du cheval : l'équitation, l'hippologie, l'équipement des cavaliers… Mais son sens englobe également l'art de la chasse et de la guerre, le maniement des armes, les techniques de combat. Ainsi, paradoxalement, l'art de la furûsiyya a-t-il débuté bien avant la maîtrise du cheval, acquise par les Arabes au fur et à mesure de leurs conquêtes. L'idéal chevaleresque est en effet présent dès les premiers temps de l'islam, avec la notion de jihâd. Le combattant musulman se bat au nom d'Allâh, pour défendre son peuple et son pays ou pour propager sa foi. C'est le « petit jihâd » ; le grand étant celui que l'on mène contre soi-même.
Un modèle chevaleresque musulman
La futuwwa – de fata, « jeune homme » – désigne ainsi la « chevalerie spirituelle ». Au cours d'un duel, Alî, gendre et cousin du Prophète [PSL], alors qu'il s'apprêtait à décapiter son adversaire qui lui avait craché au visage, l'épargne finalement. L'homme, interloqué, demande alors à Alî la raison de son geste. « Mon épée était levée au nom d'Allâh. Et je t'aurai tué uniquement parce que tu m'as insulté, moi, Alî. »
Alî, modèle chevaleresque islamique ? « Il n'est d'épée que dhû'l-faqâr. Il n'y a de chevalier que Alî », aurait dit le Prophète Muhammad [PSL]. Une parole que l'on trouve maintes fois gravée sur les sabres présentés à l'exposition « Furûsiyya » de l'IMA.
À cette expo, le visiteur s'essayera à déchiffrer les calligraphies, les inscriptions coraniques, les noms d'Allâh, la profession de foi sur armes et armures ; il aimera scruter dans leurs moindres détails fleurs sculptées dans un manche d'ivoire de poignard et arabesques stylisées sur les lames…
Car, dans cette expo organisée en parcours thématique, non seulement le visiteur abordera les formes et techniques de façonnage, les atours du chevalier et les différents types d'armes, mais il découvrira aussi les nombreuses symboliques qui leur sont liées.
Alî, modèle chevaleresque islamique ? « Il n'est d'épée que dhû'l-faqâr. Il n'y a de chevalier que Alî », aurait dit le Prophète Muhammad [PSL]. Une parole que l'on trouve maintes fois gravée sur les sabres présentés à l'exposition « Furûsiyya » de l'IMA.
À cette expo, le visiteur s'essayera à déchiffrer les calligraphies, les inscriptions coraniques, les noms d'Allâh, la profession de foi sur armes et armures ; il aimera scruter dans leurs moindres détails fleurs sculptées dans un manche d'ivoire de poignard et arabesques stylisées sur les lames…
Car, dans cette expo organisée en parcours thématique, non seulement le visiteur abordera les formes et techniques de façonnage, les atours du chevalier et les différents types d'armes, mais il découvrira aussi les nombreuses symboliques qui leur sont liées.
Une panoplie particulière au monde islamique
Masque de guerre, Iran, fin XVIe siècle.
D'abord, les armes courtes. Car l'art de la furûsiyya est au début l'art du fantassin. L'épée courte, héritée des Romains, est ensuite remplacée par l'épée à lame longue, avec le développement des combats à cheval.
Dans le monde islamique, on retrouve de nombreuses lames d'épée à pointe bifide (fendue en deux) en souvenir de l'épée du Prophète [PSL], appelée dhû'l-faqâr, « celle qui sépare » [symboliquement, qui sépare le bien du mal]. Selon la Tradition, Dhû'l-faqâr aurait été transmise à Alî, puis utilisée lors de l'investiture des califes. Elle aurait disparu lors du sac des Mongols à Bagdad, au XIIIe siècle.
Vient ensuite le sabre, efficace d'un seul côté, plus léger, pouvant être tenu d'une seule main. Le plus ancien serait chinois (IIe s. av. J.-C.), le sabre serait arrivé chez les Arabes par les Turcs. Les lames sont damasquinées : l'acier est incrusté d'or, d'argent. Cette technique, du nom de la ville de Damas, est en fait d'origine celte, connue au Ve siècle en Europe, que les Arabes réinventent et s'approprient. Le motif nommé « échelle de Muhammad », extrêmement prisé, qui décore de nombreuses lames, fait référence au Voyage nocturne du Prophète [PSL].
Une épée hispano-mauresque nous montre qu'une épée se transmet… ou se dérobe, mais n'est jamais laissée sur un champ de bataille. Sur sa lame est inscrite en arabe, en écriture andalouse – fait rarissime –, la victoire de Muhammad V sur les chrétiens à la bataille d'Algésiras, en 1369. Sur le poignet, en acier et en bois, est estampillé « CQ », comme Charles Quint, lequel aurait emporté cette lame du palais de l'Alhambra et lui aurait choisi cette poignée du XVIe siècle, après la Reconquista. Réappropriation symbolique.
Au XIIe siècle est inventée la côte de maille, ce dont les chevaliers musulmans feront amplement l'usage. Contrairement aux croisés qui gardent leurs lourdes armures et sont obligés de garder auprès d'eux leurs écuyers pour pouvoir monter à cheval. L'écuyer meurt sur le champ de bataille ? Le croisé ne peut plus monter à cheval… Plus légers, les combattants musulmans portent ainsi une armure faite de mailles et de plaques d'acier qui, scintillant au soleil, aveugle l'ennemi. Au début du combat, ils portent aussi un masque de guerre pour impressionner l'adversaire. D'une main, ils brandissent leur sabre, l'autre main étant disponible pour utiliser qui une hache d'arçon (qui coupe le jarret des chevaux ennemis), qui un arc et des flèches… Les croisés, eux, bien que connaissant les autres armes, continuent d'utiliser l'épée, plus lourde et moins efficace puisqu'elle se manie à deux mains… Pourquoi la conserver ? Parce qu'elle a la forme d'une croix. Symbolique.
Sous l'armure, certains combattants musulmans revêtent une chemise de coton (le coton est parvenu par l'Inde au IXe s.), sur laquelle sont calligraphiées des inscriptions prophylactiques – bien que cette pratique soit interdite par l'islam –, censées protéger le guerrier et lui assurer la victoire. Sur la chemise talismanique exposée à l'IMA, le visiteur y reconnaîtra les 99 noms de Dieu.
Dans le monde islamique, on retrouve de nombreuses lames d'épée à pointe bifide (fendue en deux) en souvenir de l'épée du Prophète [PSL], appelée dhû'l-faqâr, « celle qui sépare » [symboliquement, qui sépare le bien du mal]. Selon la Tradition, Dhû'l-faqâr aurait été transmise à Alî, puis utilisée lors de l'investiture des califes. Elle aurait disparu lors du sac des Mongols à Bagdad, au XIIIe siècle.
Vient ensuite le sabre, efficace d'un seul côté, plus léger, pouvant être tenu d'une seule main. Le plus ancien serait chinois (IIe s. av. J.-C.), le sabre serait arrivé chez les Arabes par les Turcs. Les lames sont damasquinées : l'acier est incrusté d'or, d'argent. Cette technique, du nom de la ville de Damas, est en fait d'origine celte, connue au Ve siècle en Europe, que les Arabes réinventent et s'approprient. Le motif nommé « échelle de Muhammad », extrêmement prisé, qui décore de nombreuses lames, fait référence au Voyage nocturne du Prophète [PSL].
Une épée hispano-mauresque nous montre qu'une épée se transmet… ou se dérobe, mais n'est jamais laissée sur un champ de bataille. Sur sa lame est inscrite en arabe, en écriture andalouse – fait rarissime –, la victoire de Muhammad V sur les chrétiens à la bataille d'Algésiras, en 1369. Sur le poignet, en acier et en bois, est estampillé « CQ », comme Charles Quint, lequel aurait emporté cette lame du palais de l'Alhambra et lui aurait choisi cette poignée du XVIe siècle, après la Reconquista. Réappropriation symbolique.
Au XIIe siècle est inventée la côte de maille, ce dont les chevaliers musulmans feront amplement l'usage. Contrairement aux croisés qui gardent leurs lourdes armures et sont obligés de garder auprès d'eux leurs écuyers pour pouvoir monter à cheval. L'écuyer meurt sur le champ de bataille ? Le croisé ne peut plus monter à cheval… Plus légers, les combattants musulmans portent ainsi une armure faite de mailles et de plaques d'acier qui, scintillant au soleil, aveugle l'ennemi. Au début du combat, ils portent aussi un masque de guerre pour impressionner l'adversaire. D'une main, ils brandissent leur sabre, l'autre main étant disponible pour utiliser qui une hache d'arçon (qui coupe le jarret des chevaux ennemis), qui un arc et des flèches… Les croisés, eux, bien que connaissant les autres armes, continuent d'utiliser l'épée, plus lourde et moins efficace puisqu'elle se manie à deux mains… Pourquoi la conserver ? Parce qu'elle a la forme d'une croix. Symbolique.
Sous l'armure, certains combattants musulmans revêtent une chemise de coton (le coton est parvenu par l'Inde au IXe s.), sur laquelle sont calligraphiées des inscriptions prophylactiques – bien que cette pratique soit interdite par l'islam –, censées protéger le guerrier et lui assurer la victoire. Sur la chemise talismanique exposée à l'IMA, le visiteur y reconnaîtra les 99 noms de Dieu.
Un lien qui unit l’homme et l’animal
Quant au cheval, il dispose lui aussi de son armure. Légère et efficace. Le caparaçon à lamelles métalliques lui protège le dos. Le chanfrein, en métal ou en cuir, lui protège la tête. Un chanfrein de chameau, fait d'acier, d'argent doré et de cuir (Turquie, XVIIe s.) est exposé ; tels les chanfreins portés par les chameaux qui transportaient chaque année la kiswa (étoffe qui recouvre la Ka'ba) jusqu'à La Mecque.
Ici, pas de cravaches ni d'éperons, inconnus dans le monde islamique, mais des couvertures brodées, des étriers en acier damasquiné d'argent et d'or… Là encore, tout un symbole, qui montre le lien unissant l'homme et l'animal.
Une expo à voir, donc, et en famille (gratuit pour les moins de 12 ans), car l'art de la furûsiyya, qui dure pendant 10 siècles, nous rappelle aussi, à travers la diversité des styles et des décors, que le monde islamique s'étend de l'Inde à l'Espagne, en passant par la Turquie, l'Iran et les steppes mongoles.
Ici, pas de cravaches ni d'éperons, inconnus dans le monde islamique, mais des couvertures brodées, des étriers en acier damasquiné d'argent et d'or… Là encore, tout un symbole, qui montre le lien unissant l'homme et l'animal.
Une expo à voir, donc, et en famille (gratuit pour les moins de 12 ans), car l'art de la furûsiyya, qui dure pendant 10 siècles, nous rappelle aussi, à travers la diversité des styles et des décors, que le monde islamique s'étend de l'Inde à l'Espagne, en passant par la Turquie, l'Iran et les steppes mongoles.
Furûsiyya, chevaliers en pays d'islam – Collection de la Furûsiyya Art Foundation – jusqu'au 21 octobre 2007
Institut du Monde Arabe – 1, rue des Fossés-Saint-Bernard – 75005 Paris
Ouvert du mardi au dimanche, de 10 h à 18 h.
Entrée : 7 € ; TR : 5 € – Visite conférence (conseillée !) : 10 € ; TR : 8 €.
Catalogue (434 p.) : 79 € ; Connaissance des arts (hors-série, 36 p.) : 9 €.
Institut du Monde Arabe – 1, rue des Fossés-Saint-Bernard – 75005 Paris
Ouvert du mardi au dimanche, de 10 h à 18 h.
Entrée : 7 € ; TR : 5 € – Visite conférence (conseillée !) : 10 € ; TR : 8 €.
Catalogue (434 p.) : 79 € ; Connaissance des arts (hors-série, 36 p.) : 9 €.