Archives

La nostalgie Mitterrand

Rédigé par Nadia Ben Othmane | Jeudi 19 Janvier 2006 à 12:40



Dix ans après sa mort, le souvenir de François Mitterrand reste présent. Un récent sondage le place en deuxième place du palmarès des meilleurs présidents de la V République, juste derrière l'emblématique Général de Gaulle. Homme d'appareil et homme de pouvoir, le parcours politique de François Mitterrand a marqué l'histoire de France.

Le président socialiste européen

C'est en 1981 que François Mitterrand accède à la présidence de la République. S'ouvre alors une ère d'espérance. Pour la première fois, un président de la République socialiste est élu avec un programme ambitieux de grandes réformes sociales. Le socialisme est alors le point d'orgue d'une carrière politique tumultueuse. Car Mitterrand a longtemps cherché sa voie.


Pétainiste puis résistant, partisan de l'Algérie française puis farouche opposant de la guerre, réticent à la réunification allemande puis acteur majeur de l'axe européen franco-allemand. Le parcours de l'homme fût à l'image de la complexité d'une existence tourmentée. Au pouvoir, il honorera des promesses. On lui doit des mesures sociales, comme la semaine de 39h, le FMI. Il est à l'origine d'un progrès des droits fondamentaux et des libertés, avec l'abolition de la peine de mort, la libéralisation de l'audiovisuel, la loi sur l'égalité salariale homme femme.  François Mitterrand fut aussi le président de grands ouvrages au service du rayonnement de la culture et du prestige de la France, avec l'Arche de la Défense, l'Opéra Bastille, la pyramide du Louvre, la cité des sciences et de l'industrie, et la Bibliothèque nationale.


Ce bâtisseur laissera aussi une empreinte dans l'histoire de la construction européenne. Engagé et convaincu, soutiendra l'idée que « la France est notre patrie, l'Europe est notre avenir ». Artisan du parachèvement de la réconciliation franco-allemande avec la poursuite du projet d'Union Européenne. Ce sera chose faite dès 1983 en décidant de faire entrer le franc dans le système monétaire européen. En 1986 avec la signature de l'Acte Unique Européen, puis en 1992 avec le référendum relatif à la ratification du traité du Maastricht. Aussi charismatique qu'engagé, Mitterrand donna à la France sa place prépondérante dans ce projet qu'il su porter.



Dans l'ombre du président

Les dernières années du pouvoir de François Mitterrand furent entachées par des révélations  sur sa vie privée. Ce Mitterrand est « l'homme à la double vie », père de deux foyers, deux familles. Il mène une forme de vie de polygamie déguisée, dont il a voulu livrer le secret. 



Mitterrand est aussi cet homme éprouvé par la maladie et qui mentit à son peuple aux fins d'être réélu. Il est le président des écoutes téléphoniques et qui continue de le nier quand éclate cet autre scandale. Il est l'homme de la première guerre du Golfe, à l'unisson d'une communauté internationale peu soucieuse des droits du peuple irakien. Mais il fût aussi un pionnier en imposant, pour la première fois, une femme à la tête de l'exécutif français.


Soumis à deux cohabitations, il fait preuve de grande intelligence politique malgré la paralysie constitutionnelle de ses pouvoirs. Mais Mitterrand est aussi l'homme des régularisations massives de sans-papiers. Il réforme le droit d'asile, la citoyenneté, et les lois sur la naturalisation.


Mitterrand fut un homme qui croyait en l'intégration, en « la France (…) machine à fabriquer des Français ». L'actualité montre qu'il pas pu prévenir la crise des banlieues. Cette France confrontée au racisme et à une crise d'identité. Un défi des générations Mitterrand qui reste à relever. En cela, François Mitterrand voit juste lorsqu'au crépuscule de sa vie, il déclarait : « l'histoire me jugera »…