Abou Mazen a quitté Gaza hier, lundi, pour la Cisjordanie. Durant six jours, le nouveau président de l’Autorité palestinienne s’est entretenu avec les dirigeants des mouvements de la résistance palestinienne. Objectif : amener Israël à la table des discussions. L’arrivée d’Ariel Sharon au pouvoir coïncide avec la fin de toutes les discussions officielles entre Palestiniens et Israéliens. Les initiatives privées se sont toujours heurtées à la réalité du terrain : terreur en Israël et humiliation en Palestine. Les décisions dans le sens de l’apaisement ont toujours été prises de manière unilatérale. Abou Mazen a déjà tenté de changer cette situation en vain.
La première trêve de Abou Mazen
Au mois de juin 2003, alors qu’il venait d’être nommé premier ministre de l’Autorité palestinienne, Abou Mazen a cherché à faire taire les armes. Il avait rencontré les principaux chefs de la résistance palestinienne. L’accord proposé devait mettre fin aux opérations palestiniennes contre les positions israéliennes. En contrepartie, Abou Mazen devait obtenir des gestes d’apaisement de la part de l’armée israélienne. Alors que ces pourparlers allaient bon train entre Palestiniens, le 10 juin 2003, cinq roquettes israéliennes sont tirées contre Abdel Aziz Rantisi. Commentant cette attaque ratée de l’armée israélienne, Abou Mazen la situera ' dans le cadre des actions israéliennes destinées à saboter tout effort susceptible de permettre l'application de la feuille de route.'
Le 11 juin 2003, lendemain de la tentative de l'assassinat de son leader, le Hamas riposte à Jérusalem. L’armée israélienne répond en envoyant des hélicoptères sur Gaza. Dans cette atmosphère de totale incertitude, Abou Mazen poursuivra ses discussions et finira par obtenir une trêve le 29 juin 2003. Le geste premier attendu d’Israël s’exprima par la libération de prisonniers qualifiée de poudre aux yeux par Yasser Arafat.
Le cycle d’attaques et de ripostes finit par essouffler la trêve au mois d’août. C’est Ariel Sharon qui lui donne le coup de grâce par l’assassinat de Ismaël Abu Chanab, l’un des leaders politiques les plus calmes et pacifiques de la direction du Hamas. Le geste valait plus que tous les discours.
La paix au pied du mur de l’apartheid
Après les six jours passés à Gaza, le Président de l’Autorité palestinienne n’a fait aucune annonce mais s’est exprimé avec optimisme. La question est de savoir ce que propose Israël en retour. Car si la paix est voulue par tous, les moyens d’y parvenir sont source de division. Des pressions internes et externes pèsent de plus en plus sur les mouvements palestiniens tout comme sur les pacifistes israéliens. L’aile dure du Hamas ne croit plus aux accords signés avec les Israéliens. L’aile extrême de la droite israélienne n’a pas d’intérêt à voir la paix arriver par la voie de la négociation. Déjà confronté à la colère des colons, le parti d’Ariel Sharon et de Benjamin Netanyahu a aussi besoin de ménager son électorat. Pour M. Netanyahu, la trêve n’est d'ailleurs pas réellement envisageable à moins d’'un changement fondamental de la part des Palestiniens (...) Il s'agit de savoir si le Hamas ne va pas profiter du retour au calme pour se réarmer massivement' explique-t-il. Le même argument était évoqué en juin 2003 dans des termes identiques. La confiance règne.
Pour les Palestiniens, les bouclages demeurent. Gaza est quasiment inaccessible. Mais surtout, pendant que l’on parle de retourner à la table de négociations, Israël a repris la construction du mur de séparation qualifié de ' mur d’apartheid ' par les Palestiniens.