La première conférence nationale pour l’égalité des chances, organisée jeudi 3 février à Matignon, a illustré une fois de plus les malaises du gouvernement face au phénomène des discriminations dans le monde professionnel. Les causes de l’exclusion n’ont pas été réellement abordées et aucune solution, en dehors des déclarations d’intentions, ne semble émerger des débats.
' Nous souhaitons que les partenaires sociaux puissent débattre des voies et moyens pour lutter contre toutes les formes de discrimination dans l’entreprise, à l’embauche, dans la carrière, tout au long du parcours professionnel '. C’est en ces termes que s’est exprimé, Jean-Pierre Raffarin, à l’issue de la première conférence nationale devant promouvoir auprès des acteurs sociaux, chefs d’entreprises en tête, l’égalité des chances dans le secteur professionnel. Ce débat, largement initié par Nicolas Sarkozy, actuel président de l’UMP, qui militait pour l’établissement d’une ' discrimination positive ', une formule rejetée par l’Elysée, semble être devenu un enjeu politique au sein de la droite.
Si la condamnation de toutes les formes de discrimination a bien été exprimée par le Premier ministre, aucune véritable mesure symbolique n’a été prise. Devant un parterre de chefs d’entreprises, dont Ernest-Antoine Seillière, président du Medef, le premier syndicat patronal, l’opportunité de lancer des CV anonymes a été proposée et des chartes de la diversité ont été signées par les principaux syndicats (CGT, CFDT, CFTC, UNSA). Autres mesures affichées : l’insertion dans le bilan social des 40 entreprises nationales cotées à la Bourse de Paris (CAC) de toutes les initiatives favorables à la mixité sociale, sans oublier un programme ' des cadets de la République ', selon les vœux de De Villepin, ministre de l’intérieur et très chiraquien, opposé à toute idée de discrimination positive.
Des idées mais pas de loi
Cette dernière mesure, qui veut proposer une formation en alternance aux métiers de la police pour les jeunes issus de quartiers classés difficiles, se veut ' fidèle aux valeurs républicaines ' et favorable à ' la promotion du mérite '. Malgré la pléthore de propositions et de bonnes paroles, rien ne semble indiquer une authentique réorientation politique du gouvernement, sur cette question. A l’instar de l’égalité homme-femme, qui fera l’objet d’une proposition de loi au printemps prochain, les principaux intervenants se sont déclarés contre toute idée de loi favorisant l’égalité des chances. L’ensemble des mesures avancées par Raffarin qui ne s’accompagnent d’aucune forme de contrainte, ne vont pas assez loin dans le combat contre les exclusions. Sans oublier la faible insistance des débats sur les ressorts profonds et sociaux à l’origine de ces exclusions. En dépit de l'optimisme des patrons et de l'équipe Raffarin, il semble donc que la discrimination positive ne sera rien de plus qu'un nouvel objet de lutte politique entre chiraquiens et sarkozistes.