L’Education nationale a lancé son « expérimentation des ABCD de l’égalité dans 10 académies volontaires pour transmettre dès le plus jeune âge la culture de l’égalité et du respect entre les filles et les garçons », avait annoncé Vincent Peillon en octobre 2013.
Ce projet, qui devrait être généralisé dans toutes les écoles publiques (de la grande section de maternelle au CM2) dès la rentrée 2014, fait face aux foudres de parents d'élèves, qui y voient derrière une première étape pour l'enseignement de la théorie du genre. Si elle fait peur, c'est parce qu'elle repose sur une idée qui les fait bondir. Résumons-la ainsi : on ne naît pas fille ou garçon, on le devient. La distinction entre homme et femme ne dépendrait pas du sexe de naissance et donc du seul fait biologique mais de la société qui conditionnent les comportements et le choix de l'identité sexuelle.
Du côté des ministères de l’Education nationale et des droits des femmes qui mènent conjointement cette expérimentation, on nie cette volonté. Ce programme est avant tout présenté comme un moyen de lutter contre les préjugés et les inégalités. « Les inégalités de réussite scolaire et d'orientation déterminent trop souvent celles que l'on retrouve dans les carrières professionnelles des filles et des garçons », soulignent-ils. 2013 a d’ailleurs été choisie comme une année de mobilisation pour « l'égalité à l'école ».
Ce projet, qui devrait être généralisé dans toutes les écoles publiques (de la grande section de maternelle au CM2) dès la rentrée 2014, fait face aux foudres de parents d'élèves, qui y voient derrière une première étape pour l'enseignement de la théorie du genre. Si elle fait peur, c'est parce qu'elle repose sur une idée qui les fait bondir. Résumons-la ainsi : on ne naît pas fille ou garçon, on le devient. La distinction entre homme et femme ne dépendrait pas du sexe de naissance et donc du seul fait biologique mais de la société qui conditionnent les comportements et le choix de l'identité sexuelle.
Du côté des ministères de l’Education nationale et des droits des femmes qui mènent conjointement cette expérimentation, on nie cette volonté. Ce programme est avant tout présenté comme un moyen de lutter contre les préjugés et les inégalités. « Les inégalités de réussite scolaire et d'orientation déterminent trop souvent celles que l'on retrouve dans les carrières professionnelles des filles et des garçons », soulignent-ils. 2013 a d’ailleurs été choisie comme une année de mobilisation pour « l'égalité à l'école ».
600 classes expérimentées
Au total, 275 écoles et plus de 600 classes sont concernées par cette expérimentation. Les professeurs sont invités à se rendre sur le site et le blog de l’ABCD de l’égalité sur lesquels ils « trouveront des vidéos de chercheurs et chercheuses, de pédagogues, pour acquérir ou approfondir leurs connaissances et transmettre en classe une culture de l’égalité et du respect entre les sexes », lit-on dans le dossier de présentation du programme.
Des outils pédagogiques sont également proposés aux professeurs en partenariat avec le Centre national de documentation pédagogique (CNDP). Si la lutte contre les inégalités et les stéréotypes est présentée comme le premier objectif, on remarque étrangement que dans le domaine de la littérature de jeunesse, on encourage notamment les enseignants à « rechercher des livres où il y a doute sur l'identité sexuelle d'un personnage » ou « des personnages androgynes ».
Des outils pédagogiques sont également proposés aux professeurs en partenariat avec le Centre national de documentation pédagogique (CNDP). Si la lutte contre les inégalités et les stéréotypes est présentée comme le premier objectif, on remarque étrangement que dans le domaine de la littérature de jeunesse, on encourage notamment les enseignants à « rechercher des livres où il y a doute sur l'identité sexuelle d'un personnage » ou « des personnages androgynes ».
Une « suite » du mariage pour tous
C’est justement ce type d’enseignement pratique qui dérange des familles, notamment de confession musulmane et catholique. La thèse selon laquelle le gouvernement socialiste, qui a déjà fait voter une loi autorisant le mariage et l’adoption des couples gay en mai 2013, serait sur le point d'intégrer la théorie du genre à l’école en le cachant sous une lutte déguisée pour l’égalité, fait son chemin dans les esprits.
Une partie de la population, opposée aux évolutions sociétales portées par la gauche au pouvoir, est sur le qui-vive. Fin novembre 2013, une pétition en ligne a été lancée pour dénoncer la projection dans les écoles du film Tomboy (garçon manqué en anglais) de Cécile Sciamma, qui raconte l’histoire d’une petite fille qui se fait passer pour un garçon et va même jusqu’à embrasser une autre petite fille. Les auteurs de la pétition y voient « un prosélytisme en faveur de l’idéologie du genre ». Plus de 30 000 personnes avaient signé la pétition à ce jour.
La lecture de livres aux titres évocateurs comme « Tango à deux papa, et pourquoi pas ? », « Papa porte une robe » ou « Jean à deux mamans » dans des écoles, mentionnée et encouragée par le SNUIPP, principal syndicat enseignant du premier degré, dans un rapport intitulé « Eduquer contre l’homophobie dès l’école primaire », en mai 2013, renforce les opinions des opposants de la théorie du genre.
Une partie de la population, opposée aux évolutions sociétales portées par la gauche au pouvoir, est sur le qui-vive. Fin novembre 2013, une pétition en ligne a été lancée pour dénoncer la projection dans les écoles du film Tomboy (garçon manqué en anglais) de Cécile Sciamma, qui raconte l’histoire d’une petite fille qui se fait passer pour un garçon et va même jusqu’à embrasser une autre petite fille. Les auteurs de la pétition y voient « un prosélytisme en faveur de l’idéologie du genre ». Plus de 30 000 personnes avaient signé la pétition à ce jour.
La lecture de livres aux titres évocateurs comme « Tango à deux papa, et pourquoi pas ? », « Papa porte une robe » ou « Jean à deux mamans » dans des écoles, mentionnée et encouragée par le SNUIPP, principal syndicat enseignant du premier degré, dans un rapport intitulé « Eduquer contre l’homophobie dès l’école primaire », en mai 2013, renforce les opinions des opposants de la théorie du genre.
Une Journée de retrait de l’école lancée
Farida Belghoul
Farida Belghoul est devenue la figure de proue du mouvement contre la théorie du genre. Pour l'écrivaine et cinéaste, l'influence du lobby LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transsexuels) auprès des décideurs n'est plus à démontrer.
Ancienne fondatrice de Convergence 84, le mouvement qui a succédé à la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983, elle affiche aujourd'hui sa proximité avec Egalité et Réconciliation, fondée par l’essayiste d’extrême droite Alain Soral. Pour autant, de nombreux parents d’élèves, inquiets du sort que peut leur réserver l'Education nationale à leurs enfants, sont séduits par la campagne de Farida Belghoul, marquée par le lancement de la « Journée de retrait de l'école » (JRE).
Par cette initiative, elle invite les parents à retirer leurs enfants de l'école une journée par mois à partir de janvier 2014, en justifiant cette absence par la phrase « journée de retrait de l'école pour l'interdiction de la théorie du genre dans tous les établissements scolaires ». En région lyonnaise, elle est fixée le 24 janvier ; en Ile-de-France, le 27 janvier comme à Nancy et Metz. Des comités se forment ailleurs en France pour fixer des JRE.
Touche pas à nos gosses, un collectif d’une soixantaine de personnes basé à Asnières-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine, est impliqué dans la lutte contre la théorie du genre. A la mi-décembre, le collectif avait procédé à une « opération de distribution de tracts » pour sensibiliser le public à une plus grande échelle, nous raconte un de ses membres, Zouhair Ech Chetouani. « La sexualité des adultes ne concerne pas les enfants », argue-t-il. « On ne veut pas laisser enseigner n’importe quoi à nos enfants », lance-t-il.
Ancienne fondatrice de Convergence 84, le mouvement qui a succédé à la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983, elle affiche aujourd'hui sa proximité avec Egalité et Réconciliation, fondée par l’essayiste d’extrême droite Alain Soral. Pour autant, de nombreux parents d’élèves, inquiets du sort que peut leur réserver l'Education nationale à leurs enfants, sont séduits par la campagne de Farida Belghoul, marquée par le lancement de la « Journée de retrait de l'école » (JRE).
Par cette initiative, elle invite les parents à retirer leurs enfants de l'école une journée par mois à partir de janvier 2014, en justifiant cette absence par la phrase « journée de retrait de l'école pour l'interdiction de la théorie du genre dans tous les établissements scolaires ». En région lyonnaise, elle est fixée le 24 janvier ; en Ile-de-France, le 27 janvier comme à Nancy et Metz. Des comités se forment ailleurs en France pour fixer des JRE.
Touche pas à nos gosses, un collectif d’une soixantaine de personnes basé à Asnières-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine, est impliqué dans la lutte contre la théorie du genre. A la mi-décembre, le collectif avait procédé à une « opération de distribution de tracts » pour sensibiliser le public à une plus grande échelle, nous raconte un de ses membres, Zouhair Ech Chetouani. « La sexualité des adultes ne concerne pas les enfants », argue-t-il. « On ne veut pas laisser enseigner n’importe quoi à nos enfants », lance-t-il.
La théorie du genre à l'école, simple « rumeur »
Pour l’heure, les pouvoirs publics démentent les intentions que leur prêtent les militants et ceux qui les avancent sont présentés comme appartenant aux milieux intégristes ou d’extrême droite. A Strasbourg, où la première JRE était fixée vendredi 24 janvier, la municipalité a tenu a indiqué que la théorie du genre n’existe pas, rapporte Les Dernières Nouvelles d’Alsace.
Seules « des actions de sensibilisation visant à lutter contre les stéréotypes filles-garçons dès le plus jeune âge, en leur permettant d’élargir les champs du possible dans leurs futurs choix d’orientation, de métiers, de centre d’intérêts » sont enseignées, ont expliqué l’adjointe au maire en charge des Affaires scolaires, Nicole Dreyer, dans un communiqué.
Le « mouvement d’inquiétude (lancé par les JRE, ndlr) n’est pas fondé et s’appuie sur une rumeur. L’Education nationale fait quotidiennement un travail d’éducation, d’information et de lutte contre toutes les formes de discrimination », a indiqué, pour sa part, l’académie de Strasbourg, qui assure que « les directeurs des écoles et les chefs d’établissement s’emploient à rassurer les familles et les invitent à ne pas donner suite à cet appel ».
Seules « des actions de sensibilisation visant à lutter contre les stéréotypes filles-garçons dès le plus jeune âge, en leur permettant d’élargir les champs du possible dans leurs futurs choix d’orientation, de métiers, de centre d’intérêts » sont enseignées, ont expliqué l’adjointe au maire en charge des Affaires scolaires, Nicole Dreyer, dans un communiqué.
Le « mouvement d’inquiétude (lancé par les JRE, ndlr) n’est pas fondé et s’appuie sur une rumeur. L’Education nationale fait quotidiennement un travail d’éducation, d’information et de lutte contre toutes les formes de discrimination », a indiqué, pour sa part, l’académie de Strasbourg, qui assure que « les directeurs des écoles et les chefs d’établissement s’emploient à rassurer les familles et les invitent à ne pas donner suite à cet appel ».
Un débat devenu incontournable
L'exagération des faits, voire la manipulation dont font assurément preuve des militants contre le gender pour convaincre toujours plus de parents à leur cause est bien réelle. Mais des éléments fondent les inquiétudes, qui ne vont pas s'envoler de sitôt. « Si cette théorie pourrait être abordée, dans le cadre de l’éducation sexuelle aux collèges et aux lycées, elle ne sera pas abordée en primaire où sont uniquement prévues des informations sur l’égalité des sexes », a fait savoir la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) qui, elle, se met au diapason du gouvernement, dénonçant la désinformation.
Les débats autour de la question n'en finissent pas de prendre de l'ampleur, aidés en cela des réseaux sociaux. D'aucuns reprochent la main mise des réseaux d'extrême droite sur le débat ou encore l'affiliation de Farida Belghoul avec Alain Soral. S'il faut s'en dissocier, la théorie du genre n'en reste pas moins un réel sujet de préoccupation, y compris parmi les musulmans qui donnent bien plus leur voix dessus que sur le mariage pour tous.
Les débats autour de la question n'en finissent pas de prendre de l'ampleur, aidés en cela des réseaux sociaux. D'aucuns reprochent la main mise des réseaux d'extrême droite sur le débat ou encore l'affiliation de Farida Belghoul avec Alain Soral. S'il faut s'en dissocier, la théorie du genre n'en reste pas moins un réel sujet de préoccupation, y compris parmi les musulmans qui donnent bien plus leur voix dessus que sur le mariage pour tous.
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