Des affrontements ont éclaté hier matin à Bassorah, dans le sud de l’Irak. D'un côté, les militaires britanniques, déployés dans la région, de l'autre, une petite centaine de manifestants. Des scènes d'intifada, où les pierres et les barres de fer volent en direction des soldats de la coalition. La scène a lieu devant les locaux de l''Organisation islamique de la vengeance divine'. Certains Irakiens soupçonnent ce groupe religieux chiite d'être impliqué dans des attaques contre la minorité sunnite mais aussi contre d'anciens membres du parti Baas au pouvoir sous Saddam Hussein. Il y a une semaine, la milice chiite a reçu l'ordre du gouvernement de Bassorah de quitter les lieux. Aujourd'hui quand les soldats britanniques ont tenté de les expulser, les membres de l'organisation ont opposé une vive résistance. 5 manifestants ont été blessés.
Tension entre chiites et sunnites à Bassorah
Cinq irakiens et deux soldats britanniques ont été blessés lundi à Bassorah (sud) et un soldat américain a été tué à Falloujah, alors que les dirigeants irakiens discutent avec des experts de l'Onu pour préparer le transfert de souveraineté prévu fin juin.
Les affrontements violents de Bassorah (sud) ont fait deux blessés parmi les soldats britanniques, selon un porte-parole de l'armée britannique qui n'a pas donné davantage de détails.
Cinq irakiens ont été aussi blessés quand les soldats sont venus les déloger d'un bâtiment qu'ils occupaient, a indiqué un responsable de Thaar Allah (Revanche de Dieu), une des nombreuses milices présentes à Bassorah, ville à majorité chiite située à 550 km au sud de Bagdad.
Le sud de l'Irak, majoritairement chiite et occupé par le contingent britannique, a été relativement épargné par les violences depuis la chute du régime de Saddam Hussein en avril 2003.
Violence dans tout le pays
Ces violences se sont poursuivies lundi dans tout le pays. Un soldat américain a péri dans l'explosion d'un engin artisanal au passage de son convoi près de la ville rebelle de Falloujah, à l'ouest de Bagdad, selon l'armée américaine.
En outre, trois membres des Forces de défense civile (auxiliaires de l'armée) ont été blessés par l'explosion d'une mine à Ghalibiyah, à l'ouest de Baaqouba (60 km au nord-est de Bagdad), a affirmé la police.
Les paramilitaires attendaient un taxi quand l'explosion s'est produite, selon un des rescapés, Haïdar Mohammad. 'L'explosion s'est produite alors qu'un convoi américain se trouvait à 20 mètres et je pense qu'il était la cible'.
Toujours au nord de Bagdad, deux Irakiennes ont été tuées, un officier de police et un enfant blessés dans une collision entre une voiture civile et un véhicule blindé américain sur une autoroute près de Tikrit, a indiqué un policier.
Selon le porte-parole de la police de Tikrit, un accident similaire entre un convoi américain et un minibus a eu lieu dimanche, causant la mort de sept personnes.
Transfert de souveraineté en discussion
Malgré ces violences qui compliquent le processus politique, les dirigeants irakiens ont discuté lundi avec une équipe d'experts de l'Onu qui doit les conseiller sur le processus de recouvrement de la souveraineté le 30 juin.
'Les réunions avec l'Onu ont commencé ce matin au siège du Conseil de gouvernement provisoire', a annoncé à l'AFP un porte-parole de l'exécutif irakien qui n'a pas voulu être identifié. 'Il y a sept ou huit membres (sur qui participent à la réunion).
L'équipe de l'Onu doit apporter des conseils en matière d'établissement de listes électorales, de loi électorale et de mise en place d'un gouvernement transitoire qui doit diriger le pays après le retour de la souveraineté.
L'équipe de l'Onu, arrivée vendredi en Irak, doit être rejointe cette semaine par Lakhdar Brahimi, émissaire du secrétaire général de l'Onu Kofi Annan.
Concernant la sécurité aux frontières de l'Irak avec l'Iran, M. Bremer a annoncé que les forces de la coalition avaient ramené les points de passage de 19 à 3, afin de restreindre les possibilités de traversées illégales.
Lundi, l'armée américaine a reconnu sa responsabilité dans la mort, le 18 mars, de deux journalistes irakiens employés par la chaîne de télévision Al-Arabiya, tués par balles alors qu'ils couvraient une attaque à la roquette antichar contre un hôtel à Bagdad.
Une enquête militaire a par ailleurs conclu à la responsabilité d'un contrôleur aérien américain dans la pire bavure intervenue pendant la guerre en Irak en mars 2003, qui a fait 18 morts parmi les Marines à Nassiriyah (sud).