Pour M. Mustapha Lounès, président de l’Union Française pour la Cohésion Nationale (UFCN), les institutions de l’Etat doivent traduire la réalité des citoyens. Sans cette condition, défend-il, la cohésion nationale est menacée. C’est fidèle à cette logique que ce jeune parti politique n’hésite pas à présenter des candidates portant le hijab. Une attitude qui dérange la donne politique dans certaines régions. A la veille de ces premières élections, M. Lounès a bien voulu se prêter à nos questions
Saphirnet.info : Vous êtes à votre première campagne, comment se présentent les choses la veille du 21 mars ?
Mustapha Lounès : Si pour l’UFCN il s’agit bien de la première participation à des élections politiques, en revanche ses dirigeants n’en sont pas à leur première expérience sur le champ politique. Ils ont déjà organisé de telles opérations électorales. Au travers d’un autre mouvement, toujours strictement indépendant, « Génération Républicaine », nous avons participé à des élections sénatoriales, législatives, régionales, municipales et cantonales depuis 1992. En revanche, pour 11 des 12 candidats, c’est une expérience nouvelle. Et ils apprennent beaucoup à tous les niveaux. Sur le terrain, cela se présente bien, beaucoup d’électeurs sont sensibles aux thèmes que nous défendons. Et ils se disent ravis de notre présence.
Tout jeune parti que vous êtes, vous avez pu présenter des listes dans diverses régions. Cela est en soit une victoire. Quelles autres victoires espérez-vous aujourd’hui ?
Mustapha Lounès : Engager 12 candidats à des élections cantonales sur plusieurs départements (34 – 54 – 67 – 77 – 90 – 92 – 93 – 94 - 95), avec toute la logistique matérielle que cela entraîne est déjà une démonstration aux yeux de l’administration et des autres formations politiques, de notre compétence électorale et organisationnelle. Nous avons livré les circulaires et bulletins de vote dès le mercredi 11 mars, avant presque tous les autres candidats. A ce titre, l’Ufcn est déjà « gagnante » et, bien entendu, tous ses électeurs qui ont trouvé dans cette nouvelle offre politique des raisons d’espérer.
Dès à présent, nous donnons un rendez-vous pour le 13 juin 2004, jour des élections européennes où l’Ufcn présentera des listes notamment en Ile de France.
En quoi les propositions des candidats de l’Ufcn sont-elles différentes des propositions des autres candidats ?
Mustapha Lounès : Nos propositions se distinguent en différents points. Je n’en citerai que quatre. D’abord et avant tout, nous sommes les seuls à formuler les thématiques essentielles qui se posent à notre société et qui sont fondamentales pour le devenir de notre communauté de destin. Nous disons que la lutte contre toutes les formes d’exclusion et de discrimination doit être politique et pas seulement associative. Ensuite, et c’est notre seconde différence, nous disons que la question de la mixité sociale est incontournable : toutes les catégories de français doivent être traitées avec égalité et l’appareil étatique, dans toutes ses composantes, doit refléter, dans sa composition humaine, l’image de la société. Chacun doit s’y reconnaître.
Troisièmement, le principe républicain de liberté religieuse, politique et philosophique doit être respecté et donc rétabli. La loi contre les jeunes filles musulmanes qui portent un foulard à l’école et au lycée est une anomalie et crée un dangereux précédent. Une loi peut-elle contrevenir à un principe constitutionnel tel que celui qui stipule que « la France respecte toutes les croyances » ? Enfin, nous sommes les seuls à proposer que le « non retour sur un acquis social » devienne un principe constitutionnel.
Les statistiques donnent un faible taux de participation à ces élections. Qu’avez-vous à dire aux concitoyens qui n’envisagent pas d’aller voter ?
Mustapha Lounès : Nous ne disposons d’aucun sondage sur les intentions de vote dans les cantons où nous avons des candidats. Pour les abstentionnistes, nous disons qu’il faut aller voter, même si c’est pour voter Blanc. Mais il faut absolument signer le registre des votants et voter Ufcn là où nous sommes présents.
Vous avez centré votre campagne sur l’idée de reconquête de la citoyenneté par les concitoyens de références non européenne. Ne craignez-vous pas d’encourager une vision à caractère communautariste de la société française ?
Mustapha Lounès : Le slogan de notre campagne est : « VIVRE ENSEMBLE !» donc à l’opposé du terme « communautarisme ». Et pourquoi ne pas employer ce mot pour désigner les listes composées uniquement de Français de référence européenne ? Le mot « communautarisme » est exclusivement utilisé quand il s’agit de Français de référence afro-maghrébine : aux indigènes en quelque sorte. Ce sont surtout ceux qui sont animés d’un sentiment raciste qui prononcent ce mot. Plaider pour la mixité sociale, politique, administrative et économique est justement la position qui refuse le communautarisme.
On a pu lire le slogan « Non à l’islamisation » sur certaines affiches électorales. Que vous inspire ce type de pensées aujourd’hui en France ?
Mustapha Lounès : Le MNR a comme thème de campagne : « Non à l’islamisation ». En fait, ce sont les éléments les plus intolérants du Front National qui ont fait scission, aveuglés par leur haine anti-Musulmans, qui ont créé le MNR. Il faut plutôt comprendre « Non aux Musulmans ». Je m’étonne d’ailleurs que personne ne condamne une telle incitation à la haine religieuse. Cela nous inspire du dégoût et nous conforte encore plus dans notre détermination à lutter contre la barbarie des penseurs et acteurs de la discrimination et cela d’une manière politique et électorale.
De plus, il faut bien prendre conscience que ce slogan du MNR est, d’une certaine manière, partagé par les autres formations politiques (PS, UMP, etc…) à l’exception du Parti Communistes, puisqu’ils ont élaboré et une loi anti-Musulmans, sous la dénomination de « loi sur la laïcité ».
Propos recueillis par Amara Bamba