Mohammed Moussaoui annonce une prochaine rencontre du CFCM avec le Premier ministre afin d'évoquer avec lui les voies possibles de lutte contre les actes anti-musulmans.
Le CFCM, instance représentative de l'islam de France dans sa richesse et sa pluralité, est au service de l'ensemble des musulmans de France. Il entend renforcer et consolider le dialogue avec les pouvoirs publics et l'ensemble des composantes de la société. Le CFCM est aujourd'hui une voix utile, nécessaire et reconnue.
Le CFCM a publié le 10 février dernier dans le journal Le Monde, une tribune intitulée : « Pour le droit du culte musulman en France à l'indifférence » Nous y avons fait un développement critique de l’emballement médiatique et politique autour de la place de l’islam et de sa capacité à s’intégrer dans la société française contemporaine. Les débats sur l’identité nationale, le voile intégral, la votation suisse sur l’interdiction des minarets, la présence d’une candidate voilée sur une liste régionale, la décision du groupe Quick d'expérimenter sur ses restaurants une offre halal, etc., ont pu nourrir une forme de crispation.
Au cours de ces débats, des sondages réalisés en France ont révélé que 41 % des Français seraient opposés à la construction de mosquées, 46 % seraient opposés à la construction des minarets et 40 % jugeraient la pratique de la religion musulmane incompatible avec la vie en société.
Ces chiffres, rappelons-le, sont les plus mauvais depuis vingt ans, même s'il y a lieu de les nuancer en analysant dans les détails et en tenant compte du contexte dans lequel ils ont été réalisés.
Notre propos n’est nullement d’entonner un quelconque refrain victimaire, mais force est de constater que l’islam, religion de paix, de modération et de juste milieu, promoteur d’une grande spiritualité, peut subir des formes d'instrumentalisation et de stigmatisation qui deviennent insupportables pour les musulmans de France comme pour tous nos concitoyens épris de paix et de justice.
Cette situation a suscité interrogations, incompréhensions et inquiétudes légitimes chez les musulmans de France, dont je salue le calme, la responsabilité face aux dérapages et aux actes xénophobes qui se sont, notamment, manifestés par de multiples profanations de lieux de culte et de sépultures musulmanes ou d'agressions physiques de personnes.
D'aucuns voudraient présenter la religion musulmane comme une menace pour la cohésion nationale et le vivre-ensemble.
En réalité, l'immense majorité des musulmans de France aspire à vivre sa spiritualité dans le strict respect des valeurs de la République et espère le faire dans la sérénité comme tous les citoyens des autres confessions. Les musulmans de France souhaitent que leur pratique religieuse soit perçue comme un élément de leur liberté individuelle, plutôt qu'une source permanente de débats publics.
Le fait de sortir l'islam de la sphère spirituelle pour en faire un sujet polémique intervient, paradoxalement, au moment où pouvoirs publics et représentants du culte musulman œuvrent, dans le respect de l'esprit de la loi de 1905, d'apporter ensemble des réponses concrètes aux problèmes liés au culte musulman en France, tels que la construction des mosquées, la création de cimetières confessionnels ou l’extension des carrés musulmans, l'abattage rituel, l'organisation du pèlerinage, la formation des cadres religieux et la mise en place des aumôneries.
Nous déplorons aussi le fait que, malgré une littérature abondante sur l'islam, nous constatons que l'histoire de cette religion est souvent réduite aux conflits. La contribution de la civilisation arabo-musulmane, à travers ses scientifiques, ses philosophes ou ses maîtres spirituels, à l'essor de l'Europe en général et de la France en particulier reste malheureusement sous-considérée.
Et que dire encore de l’Histoire des musulmans de France, de leurs sacrifices lors des Première et Seconde Guerres mondiales ainsi que de leur participation déterminante à la reconstruction de la France lors des Trente Glorieuses !
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) entend contribuer pleinement aux efforts de sensibilisation sur cette mémoire, sans sous-estimer la valeur d’autres mémoires, ni hiérarchiser les souffrances et les sacrifices. L’ignorance ou l’oubli de l’histoire de l’Autre n’amène rien de positif.
Je ne cesse de rappeler la profanation de 500 tombes de soldats musulmans dans le cimetière militaire Notre-Dame-de-Lorette, dans la nuit du 8 au 9 décembre 2008, la troisième en l'espace de dix-huit mois. L'indignation exprimée alors était en deçà de ce qu'aurait dû faire la République en réponse à cette insulte à sa mémoire.
Le Président de la République, M. Nicolas Sarkozy, s'est rendu le 26 janvier dernier sur les lieux de la profanation avec plusieurs ministres et hommes d'État et y a prononcé un discours solennel en souvenir de ces soldats morts pour la France dont les tombes ont été visées par cette profanation.
Sur le même registre, Le CFCM avait sollicité et obtenu le soutien moral du Président de la République pour la mise en place d'une mission d'information parlementaire sur l'islamophobie. Cette proposition, le CFCM l’avait formulée également devant la mission d’information parlementaire sur le port du voile intégral et elle faisait partie des recommandations du prérapport de la mission, soutenue par de nombreux députés de différentes familles politiques. Sa suppression du rapport final, quelques minutes avant la remise du dit rapport, fut décidée dans des conditions regrettables. Le CFCM déplore cet état de fait mais n’entend pas baisser les bras.
Le CFCM a publié le 10 février dernier dans le journal Le Monde, une tribune intitulée : « Pour le droit du culte musulman en France à l'indifférence » Nous y avons fait un développement critique de l’emballement médiatique et politique autour de la place de l’islam et de sa capacité à s’intégrer dans la société française contemporaine. Les débats sur l’identité nationale, le voile intégral, la votation suisse sur l’interdiction des minarets, la présence d’une candidate voilée sur une liste régionale, la décision du groupe Quick d'expérimenter sur ses restaurants une offre halal, etc., ont pu nourrir une forme de crispation.
Au cours de ces débats, des sondages réalisés en France ont révélé que 41 % des Français seraient opposés à la construction de mosquées, 46 % seraient opposés à la construction des minarets et 40 % jugeraient la pratique de la religion musulmane incompatible avec la vie en société.
Ces chiffres, rappelons-le, sont les plus mauvais depuis vingt ans, même s'il y a lieu de les nuancer en analysant dans les détails et en tenant compte du contexte dans lequel ils ont été réalisés.
Notre propos n’est nullement d’entonner un quelconque refrain victimaire, mais force est de constater que l’islam, religion de paix, de modération et de juste milieu, promoteur d’une grande spiritualité, peut subir des formes d'instrumentalisation et de stigmatisation qui deviennent insupportables pour les musulmans de France comme pour tous nos concitoyens épris de paix et de justice.
Cette situation a suscité interrogations, incompréhensions et inquiétudes légitimes chez les musulmans de France, dont je salue le calme, la responsabilité face aux dérapages et aux actes xénophobes qui se sont, notamment, manifestés par de multiples profanations de lieux de culte et de sépultures musulmanes ou d'agressions physiques de personnes.
D'aucuns voudraient présenter la religion musulmane comme une menace pour la cohésion nationale et le vivre-ensemble.
En réalité, l'immense majorité des musulmans de France aspire à vivre sa spiritualité dans le strict respect des valeurs de la République et espère le faire dans la sérénité comme tous les citoyens des autres confessions. Les musulmans de France souhaitent que leur pratique religieuse soit perçue comme un élément de leur liberté individuelle, plutôt qu'une source permanente de débats publics.
Le fait de sortir l'islam de la sphère spirituelle pour en faire un sujet polémique intervient, paradoxalement, au moment où pouvoirs publics et représentants du culte musulman œuvrent, dans le respect de l'esprit de la loi de 1905, d'apporter ensemble des réponses concrètes aux problèmes liés au culte musulman en France, tels que la construction des mosquées, la création de cimetières confessionnels ou l’extension des carrés musulmans, l'abattage rituel, l'organisation du pèlerinage, la formation des cadres religieux et la mise en place des aumôneries.
Nous déplorons aussi le fait que, malgré une littérature abondante sur l'islam, nous constatons que l'histoire de cette religion est souvent réduite aux conflits. La contribution de la civilisation arabo-musulmane, à travers ses scientifiques, ses philosophes ou ses maîtres spirituels, à l'essor de l'Europe en général et de la France en particulier reste malheureusement sous-considérée.
Et que dire encore de l’Histoire des musulmans de France, de leurs sacrifices lors des Première et Seconde Guerres mondiales ainsi que de leur participation déterminante à la reconstruction de la France lors des Trente Glorieuses !
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) entend contribuer pleinement aux efforts de sensibilisation sur cette mémoire, sans sous-estimer la valeur d’autres mémoires, ni hiérarchiser les souffrances et les sacrifices. L’ignorance ou l’oubli de l’histoire de l’Autre n’amène rien de positif.
Je ne cesse de rappeler la profanation de 500 tombes de soldats musulmans dans le cimetière militaire Notre-Dame-de-Lorette, dans la nuit du 8 au 9 décembre 2008, la troisième en l'espace de dix-huit mois. L'indignation exprimée alors était en deçà de ce qu'aurait dû faire la République en réponse à cette insulte à sa mémoire.
Le Président de la République, M. Nicolas Sarkozy, s'est rendu le 26 janvier dernier sur les lieux de la profanation avec plusieurs ministres et hommes d'État et y a prononcé un discours solennel en souvenir de ces soldats morts pour la France dont les tombes ont été visées par cette profanation.
Sur le même registre, Le CFCM avait sollicité et obtenu le soutien moral du Président de la République pour la mise en place d'une mission d'information parlementaire sur l'islamophobie. Cette proposition, le CFCM l’avait formulée également devant la mission d’information parlementaire sur le port du voile intégral et elle faisait partie des recommandations du prérapport de la mission, soutenue par de nombreux députés de différentes familles politiques. Sa suppression du rapport final, quelques minutes avant la remise du dit rapport, fut décidée dans des conditions regrettables. Le CFCM déplore cet état de fait mais n’entend pas baisser les bras.
Ces derniers mois, nous avons noté du côté des pouvoirs publics une volonté de mettre en œuvre plus de moyens pour faire aboutir les enquêtes sur les actes de racisme sous toutes ses formes. Cela a permis en particulier d’arrêter rapidement les auteurs des profanations des mosquées de Toul, de Saint-Priest ou de Saint-Etienne.
Le dialogue engagé avec les pouvoirs publics se traduira par la rencontre dans les semaines à venir d'une délégation du CFCM avec le Premier ministre. Elle sera l'occasion d'évoquer avec le chef du gouvernement les différents sujets liés au culte musulman et offrira également l'occasion d'évoquer avec lui les possibilités d'améliorer la lutte contre les actes anti-musulmans.
À charge au CFCM de faire participer dans ce dossier, et dans un véritable esprit de partenariat, les structures musulmanes qui luttent contre les actes anti-musulmans.
Sur un autre registre, le concept « halal » a déclenché malgré lui de nombreuses polémiques sur fond d’instrumentalisation politique, d’enjeux pécuniaires et d’affaires d’escroquerie.
Le CFCM, conscient de l’importance de ce dossier, a concentré son action sur la défense de l’abattage rituel, dont le respect des règles conditionne l’existence même du halal. Car, et je tiens à le dire aux musulmans de France, depuis juin 2008, nous menons avec le Consistoire central et avec l’aide des pouvoirs publics, de véritables batailles pour que nos rites respectifs soient respectés en France et en Europe.
Le vote du règlement européen sur le bien-être animal , en juin 2009, fut pour nous une réelle satisfaction puisqu’il a permis de sauver, pour le moment, l’abattage rituel en France.
En parallèle à ces batailles, le CFCM déploie également toute son énergie pour mettre en place une norme halal afin de régler le problème de certification, et responsabiliser ainsi les acteurs du marché halal et rassurer le consommateur.
L’action concertée entre le CFCM et le Consistoire central sur le dossier de l’abattage rituel m’amène à dire quelques mots sur les relations entre les juifs et les musulmans qui partagent beaucoup de préoccupations communes notamment sur le plan rituel. Ces préoccupations peuvent faire l’objet de concertation et de coopération à mener dans un esprit de solidarité et de respect mutuel.
Je dis également en toute simplicité que les musulmans de France comme les juifs de France, comme d’ailleurs les chrétiens de France, ont des attaches légitimes avec les lieux et les populations de la terre de Palestine.
Les citoyens musulmans, comme d’autres épris de paix et de justice, peuvent exprimer leur soutien au peuple palestinien et leur indignation face à sa souffrance qui dure depuis des décennies. Ce soutien légitime ne saurait être source de tension sous quelque forme que ce soit entre musulmans et juifs de France. Nous, musulmans de France, animés par les valeurs de justice et d’équité qui fondent notre morale sommes conscients de notre devoir de partager avec nos concitoyens de confession juive comme avec tous les autres citoyens un destin commun au sein de notre nation, espace de paix que nous devons tous protéger et préserver.
Depuis bientôt dix mois, le débat sur le port du voile intégral ne cesse de faire la une des médias et le sujet de multiples déclarations. Se fondant sur l’avis de la grande majorité des théologiens musulmans, le CFCM considère, que le port du voile intégral n’est pas une obligation religieuse.
Il s’agit plutôt d’une pratique religieuse fondée sur un avis minoritaire.
Au-delà de ces considérations théologiques qui font état de la nature du port du voile intégral du point du vue strictement normatif au sein de la religion musulmane, il est important de réaffirmer que dans notre République laïque neutre entre les cultes, indépendante de tous les clergés, dégagée de toute conception théologique, la Loi de la République est la seule norme opposable à tous.
En rapport avec les débats actuels sur la visibilité des pratiques religieuses, il est essentiel de rappeler que les principes de la laïcité, valeur fondatrice de la République conciliant la liberté de conscience, le pluralisme religieux et la neutralité de l’État, font aujourd’hui l’objet de deux dérives. D’une part, certains tendent à réduire le principe de laïcité à un simple principe de tolérance, justifiant un repli communautariste. D’autre part, certains semble réclamer aujourd’hui un rejet de tout signe religieux dans l’espace public.
Au-delà de ces principes qui ont des déclinaisons juridiques claires, il est des valeurs qui sont essentielles à toute vie collective. La fraternité, la reconnaissance, la compréhension, le respect et la volonté de vivre ensemble font partie de ces valeurs.
Le CFCM considère également que, pour assurer dans l’espace public un meilleur vivre-ensemble, il est essentiel, au-delà des impératifs de l’ordre public, que chacun prenne en compte, dans l’exercice de sa pratique religieuse ou culturelle, la perception de cette pratique par le reste de la société. En même temps, il est admis que dans cet espace chacun doit reconnaître à l’autre le droit à la différence.
Concernant le cas particulier du port du voile intégral, le CFCM a clairement affiché sa volonté d’œuvrer pour que le port de ce vêtement ne se développe pas sur le territoire national et a fait savoir en même temps son opposition à la promulgation d'une loi qui viserait son interdiction d’une façon générale et absolue dans l'espace public. Cette position, partagée par la grande majorité de ceux qui se sont exprimés sur le sujet, a été motivée, en particulier, par la fragilité juridique d'une telle mesure, les difficultés liées à son application et son caractère stigmatisant pour l'islam et les musulmans de France.
La plus haute juridiction administrative, le Conseil d’État, appelé à étudier les bases juridiques qui permettraient de l’interdire, a écarté la possibilité d'une interdiction générale et absolue.
Mais nous ne devons pas sous-estimer l'incompréhension, voire le rejet, que peuvent susciter certaines pratiques, au demeurant, très marginales.
Au sein du CFCM, nous défendons la voie de la modération et du juste milieu et sommes convaincus qu’il est possible d’adopter une pratique cultuelle conforme aussi bien aux principes de l’islam qu’aux principes de la République, dont celui de la laïcité. Un principe qui n'est pas la négation des convictions religieuses mais celle qui garantit la liberté de croire comme celle de ne pas croire. Une laïcité qui permet à tous les citoyens de pratiquer le culte de leur choix dans le respect de l'ordre public.
On évoque ici et là les dangers d’un repli communautaire des musulmans. À regarder de près ce qui peut fonder ou donner existence à une « communauté », peut-on objectivement parler de « communauté musulmane », alors que celle-ci ne dispose d'aucun média confessionnel, de très peu d'établissements scolaires, de très peu d'instituts de formation de cadres religieux et d’aucune faculté théologique ?
Deuxième confession de France depuis près de deux siècles, la religion musulmane n'a jamais composé une entité monolithique. Ce manque d'organisation va d'ailleurs totalement à l'encontre du fantasme de domination. Et, comme le font remarquer bon nombre d'observateurs, « Si les communautés ne sont pas structurées, c'est justement parce qu'elles n'existent pas. Le plus terrible, c'est qu'on est en train de reprocher aux plus intégrés de ne pas l'être ! »
Enfin pour conclure, quelques mots sur le CFCM. Le CFCM est la plus récente des institutions représentatives des cultes présents en France. Gardons-nous de toute erreur de perspective historique. Les institutions, qu'elles soient politiques ou cultuelles, sont des œuvres de longue haleine. Une institution de six ou sept ans ne se juge pas comme une institution séculaire ou bi-séculaire. Ne négligeons pas la force des symboles et des institutions qui les portent, au-delà des critiques parfois légitimes. Félicitons-nous plutôt des résultats déjà obtenus par cette jeune institution et de la confiance dont elle bénéficie. Le CFCM a inscrit de manière définitive le fait musulman au cœur du paysage religieux de notre pays.
Ensuite, il ne faut pas perdre de vue que le CFCM agit aussi à travers ses conseils régionaux, ses fédérations et ses composantes. Et tout constat qui n'intègre pas les réalisations de ces différentes entités conduirait à des conclusions hâtives.
Le dialogue engagé avec les pouvoirs publics se traduira par la rencontre dans les semaines à venir d'une délégation du CFCM avec le Premier ministre. Elle sera l'occasion d'évoquer avec le chef du gouvernement les différents sujets liés au culte musulman et offrira également l'occasion d'évoquer avec lui les possibilités d'améliorer la lutte contre les actes anti-musulmans.
À charge au CFCM de faire participer dans ce dossier, et dans un véritable esprit de partenariat, les structures musulmanes qui luttent contre les actes anti-musulmans.
Sur un autre registre, le concept « halal » a déclenché malgré lui de nombreuses polémiques sur fond d’instrumentalisation politique, d’enjeux pécuniaires et d’affaires d’escroquerie.
Le CFCM, conscient de l’importance de ce dossier, a concentré son action sur la défense de l’abattage rituel, dont le respect des règles conditionne l’existence même du halal. Car, et je tiens à le dire aux musulmans de France, depuis juin 2008, nous menons avec le Consistoire central et avec l’aide des pouvoirs publics, de véritables batailles pour que nos rites respectifs soient respectés en France et en Europe.
Le vote du règlement européen sur le bien-être animal , en juin 2009, fut pour nous une réelle satisfaction puisqu’il a permis de sauver, pour le moment, l’abattage rituel en France.
En parallèle à ces batailles, le CFCM déploie également toute son énergie pour mettre en place une norme halal afin de régler le problème de certification, et responsabiliser ainsi les acteurs du marché halal et rassurer le consommateur.
L’action concertée entre le CFCM et le Consistoire central sur le dossier de l’abattage rituel m’amène à dire quelques mots sur les relations entre les juifs et les musulmans qui partagent beaucoup de préoccupations communes notamment sur le plan rituel. Ces préoccupations peuvent faire l’objet de concertation et de coopération à mener dans un esprit de solidarité et de respect mutuel.
Je dis également en toute simplicité que les musulmans de France comme les juifs de France, comme d’ailleurs les chrétiens de France, ont des attaches légitimes avec les lieux et les populations de la terre de Palestine.
Les citoyens musulmans, comme d’autres épris de paix et de justice, peuvent exprimer leur soutien au peuple palestinien et leur indignation face à sa souffrance qui dure depuis des décennies. Ce soutien légitime ne saurait être source de tension sous quelque forme que ce soit entre musulmans et juifs de France. Nous, musulmans de France, animés par les valeurs de justice et d’équité qui fondent notre morale sommes conscients de notre devoir de partager avec nos concitoyens de confession juive comme avec tous les autres citoyens un destin commun au sein de notre nation, espace de paix que nous devons tous protéger et préserver.
Depuis bientôt dix mois, le débat sur le port du voile intégral ne cesse de faire la une des médias et le sujet de multiples déclarations. Se fondant sur l’avis de la grande majorité des théologiens musulmans, le CFCM considère, que le port du voile intégral n’est pas une obligation religieuse.
Il s’agit plutôt d’une pratique religieuse fondée sur un avis minoritaire.
Au-delà de ces considérations théologiques qui font état de la nature du port du voile intégral du point du vue strictement normatif au sein de la religion musulmane, il est important de réaffirmer que dans notre République laïque neutre entre les cultes, indépendante de tous les clergés, dégagée de toute conception théologique, la Loi de la République est la seule norme opposable à tous.
En rapport avec les débats actuels sur la visibilité des pratiques religieuses, il est essentiel de rappeler que les principes de la laïcité, valeur fondatrice de la République conciliant la liberté de conscience, le pluralisme religieux et la neutralité de l’État, font aujourd’hui l’objet de deux dérives. D’une part, certains tendent à réduire le principe de laïcité à un simple principe de tolérance, justifiant un repli communautariste. D’autre part, certains semble réclamer aujourd’hui un rejet de tout signe religieux dans l’espace public.
Au-delà de ces principes qui ont des déclinaisons juridiques claires, il est des valeurs qui sont essentielles à toute vie collective. La fraternité, la reconnaissance, la compréhension, le respect et la volonté de vivre ensemble font partie de ces valeurs.
Le CFCM considère également que, pour assurer dans l’espace public un meilleur vivre-ensemble, il est essentiel, au-delà des impératifs de l’ordre public, que chacun prenne en compte, dans l’exercice de sa pratique religieuse ou culturelle, la perception de cette pratique par le reste de la société. En même temps, il est admis que dans cet espace chacun doit reconnaître à l’autre le droit à la différence.
Concernant le cas particulier du port du voile intégral, le CFCM a clairement affiché sa volonté d’œuvrer pour que le port de ce vêtement ne se développe pas sur le territoire national et a fait savoir en même temps son opposition à la promulgation d'une loi qui viserait son interdiction d’une façon générale et absolue dans l'espace public. Cette position, partagée par la grande majorité de ceux qui se sont exprimés sur le sujet, a été motivée, en particulier, par la fragilité juridique d'une telle mesure, les difficultés liées à son application et son caractère stigmatisant pour l'islam et les musulmans de France.
La plus haute juridiction administrative, le Conseil d’État, appelé à étudier les bases juridiques qui permettraient de l’interdire, a écarté la possibilité d'une interdiction générale et absolue.
Mais nous ne devons pas sous-estimer l'incompréhension, voire le rejet, que peuvent susciter certaines pratiques, au demeurant, très marginales.
Au sein du CFCM, nous défendons la voie de la modération et du juste milieu et sommes convaincus qu’il est possible d’adopter une pratique cultuelle conforme aussi bien aux principes de l’islam qu’aux principes de la République, dont celui de la laïcité. Un principe qui n'est pas la négation des convictions religieuses mais celle qui garantit la liberté de croire comme celle de ne pas croire. Une laïcité qui permet à tous les citoyens de pratiquer le culte de leur choix dans le respect de l'ordre public.
On évoque ici et là les dangers d’un repli communautaire des musulmans. À regarder de près ce qui peut fonder ou donner existence à une « communauté », peut-on objectivement parler de « communauté musulmane », alors que celle-ci ne dispose d'aucun média confessionnel, de très peu d'établissements scolaires, de très peu d'instituts de formation de cadres religieux et d’aucune faculté théologique ?
Deuxième confession de France depuis près de deux siècles, la religion musulmane n'a jamais composé une entité monolithique. Ce manque d'organisation va d'ailleurs totalement à l'encontre du fantasme de domination. Et, comme le font remarquer bon nombre d'observateurs, « Si les communautés ne sont pas structurées, c'est justement parce qu'elles n'existent pas. Le plus terrible, c'est qu'on est en train de reprocher aux plus intégrés de ne pas l'être ! »
Enfin pour conclure, quelques mots sur le CFCM. Le CFCM est la plus récente des institutions représentatives des cultes présents en France. Gardons-nous de toute erreur de perspective historique. Les institutions, qu'elles soient politiques ou cultuelles, sont des œuvres de longue haleine. Une institution de six ou sept ans ne se juge pas comme une institution séculaire ou bi-séculaire. Ne négligeons pas la force des symboles et des institutions qui les portent, au-delà des critiques parfois légitimes. Félicitons-nous plutôt des résultats déjà obtenus par cette jeune institution et de la confiance dont elle bénéficie. Le CFCM a inscrit de manière définitive le fait musulman au cœur du paysage religieux de notre pays.
Ensuite, il ne faut pas perdre de vue que le CFCM agit aussi à travers ses conseils régionaux, ses fédérations et ses composantes. Et tout constat qui n'intègre pas les réalisations de ces différentes entités conduirait à des conclusions hâtives.
* Ce texte est tiré d'une intervention donnée par Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM), dans le cadre de la 27e Rencontre annuelle des musulmans de France, au Bourget, le 3 avril 2010.
Du même auteur :
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